Moi, je ne veux écrire que pour ceux qui aiment lire la poésie.
Non pas que j’en oublie les autres
Et souvent ces autres sont nos plus proches
Il faut l’avoir le courage de donner un poème :
- Voir les gens gênés
- Voir les gens émus
- Voir les gens confus
- Ne pas savoir où se mettre les mains comme encombrées d’un colis volumineux
Car voilà ce qui se passe :
La poésie fait peur
La poésie gêne aux entournures
La poésie n’est pas populaire (selon moi).
Serait-elle connotée ?
Serait-elle démodée ?
Serait-elle improviste, improvisée, imprévue ?
Serait-elle d’un autre temps ?
Ou bien les poésies apprises à l’école restent-elles en travers de la gorge ?
Il faut entrer en poésie.
On n’y entre pas comme dans un roman
Avec ses gros souliers
Ou sa petite cuillère dorée.
C’est que la poésie nous y invite
Mais délicatement, sans brusquerie, sans violence.
Souvent on ne lit que les 1ers vers et l’on juge
Cela ne suffit pas.
Pourquoi donc donner au roman le temps de voir venir
Et non à la poésie ?
Elle est une affaire d’initiés
Voilà, j’ai compris.
Et moi qui voulais écrire pour le monde entier
Les animaux et les étoiles
La terre entière et l’univers
Les mots ne sont jamais perdus
Ils errent tournant comme une ceinture autour de la terre-mère
Mots-étoiles
Mots-valises
Mots-doux
Mots-morts et ressuscités
Mots-oubliés car trop gros
Mots-snobés car trop fins.
J’aimerais que pour populariser la poésie
Un élément soit banni : le jugement.
Juger c’est mal : juger.
Ce n’est pas si dur de lire, de comprendre, d’aimer ou non
On ne demande pas de tout aimer, non
Juste de donner un peu de son temps
Et comprendre
Ce qui se dit, pourquoi cela se dit et dans quel but.
La poésie est belle car elle est suggestive.
Parfois elle est bourrine et fonce dans le tas comme un taureau
Souvent, ça touche
Mais ça ne dure pas
La poésie qui fait mouche est celle accrochée à l’hameçon
Elle a en elle la patience, la connexion
Elle absorbe la beauté d’un rond sur l’eau
Elle digère chaque petite bulle
Elle entend chaque son subtil et confus
Elle hume la bonne odeur de menthe
Et cette odeur d’eau au réveil
Fraîche et si sincère si pure que la poésie en est émue.
Moi, je ne saurais jamais tant remercier ceux qui aiment se plonger dans ma poésie.
Car elle est longue et semble infinie
C’est comme si le réservoir de mots
Le silo de mots n’avait pas de fond
C’est une poésie de la vie rivée à ma chair comme une ride qui s’étend
M’accompagne
Veille sur moi
Me fait du pied
Je me réveille et elle est là
C’est comme si je ne pouvais l’oublier
Elle fait partie de moi.
C’est la plus belle chose que j’ai reçu de cette vie
Je ne sais pas si c’est un don
Si elle l’est c’est le don de survie
Je ne veux pas forcer qui que ce soit
Juste partager pourquoi pas faire rêver
Pourquoi pas, interroger
Pourquoi pas, apprendre et faire comprendre
Ce qui me porte est une force surnaturelle
Un appel, un contact, un moi profond
Que toutes ces paroles en l’air
Ces mots perdus encensent cette terre de leurs vertus
Que soient semées leurs graines
Qu’elles poussent en transparence.
Qui sait ai-je moi-même cueilli une de ses graines de poésie
Dans un champ de douleur
J’ai cru cueillir la fleur
C’est toi que j’ai cueilli, ma poésie.
Carole Radureau (19/04/2021)