Publié le 20 Octobre 2013

La loi du Talion de Françoise Michel
La loi du Talion de Françoise Michel

Je coule des jours heureux entre les rochers

Descendue de la montagne pleine de vivacité

Je me suis frottée à tous les cailloux de la contrée

Avec moi, le soleil vient se coucher

Dans mes eaux profondes, embrasé

Souvent, mon cours est contrarié

Pour de simples raisons de commodité

Vous me regardez avec placidité

Mais de l'eau qui dort, la sagesse dit de se méfier

En un terrible sursaut, je peux me réveiller

Et une nuit décider de vous noyer

Moi aussi, sans aucune arrière pensée

La loi du Talion de Françoise Michel
Françoise Michel

(texte et images)

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Muse de cristal

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Publié le 9 Octobre 2013

La nuit et pourtant de Roger Colombier

L’espace

Sans trace,

La peur.

Renaître,

Peut-être,

Ailleurs.

 

Une flamme

Comme une âme,

Un grelot.

Sur la grève,

Pour le rêve,

 D’autres flots.

 

Encore un geste,

Un peu qui reste,

Un fil d’argent,

Contre les ombres

De ces décombres

Intransigeants.

 

Une heure nouvelle

De plus en plus belle,

Fière et résolue,

A l’audace grande

Pour céder l’offrande

Et le vrai salut.

 

C’est l’essaim qui tourbillonne,

Palpite et puis aiguillonne

Les semailles de demain

Et l’existence prochaine

Plus forte que les grands chênes.

Amis, donnons-nous la main !

 

Quand l’homme dépasse son rêve

Et que d’autres tiennent le glaive

Pour crever l’éternel sommeil,

Dans les regards, tout ce que j’aime,

L’emportement et le blasphème

Pour ravir aux dieux leur soleil.

 

Un drapeau pour seule espérance,

Sortir l’humanité de son absence

Et verser à longs flots que du bonheur…

Mais se sont élargis des précipices

Qui mettent fin à tous les jours propices :

Les bourreaux sont d’ici et pas d’ailleurs.

 

Des fossoyeurs en quelque sorte,

Que les ténèbres les emportent,

Vampires et dragons à la fois.

Ce songe éclatant pour la terre

Ne connut pas la primevère

Et revint la mauvaise loi.

 

Étions-nous de faux complices

Du crime et des injustices

Où leurs bras se sont baignés ?

Pour avoir tu un carnage

Et idolâtré l’image,

Rien ne nous est épargné.

 

Un cœur cessa de battre,

De mille ils furent quatre,

 Tout perdre ou bien mourir.

Voilà le prix funeste

Pour le peu qu’il en reste

Dont on ne sait guérir.

 

Espérance morte

Que le vent emporte

De ses mains crochues.

Que le ciel en tremble,

Mais que vous en semble

De ce temps perdu ?

 

Va descendre

De la cendre

Parmi nous,

Quelques braises

Qui s’apaisent

Et c’est tout.

 

Jeunesse,

Promesse,

enfuies.

Vieillesse

Maîtresse :

la nuit.

 

Sans bruit.

 

Pourtant…

 

 

Roger Colombier

 

 

Retrouvez les deux autres textes du Genre humain de Roger Colombier :

 

- Banlieue ouvrière

- A grands cris brûlants

 

 

 

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Les chroniques de Roger

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Publié le 28 Septembre 2013

L'être humain de Françoise Michel

Pourquoi ne m'avez-vous pas dit qu'il serait rouge ?

Fils de la Terre et du ciel, je lui aurais prédit la prison pour qu'il ne bouge

Pourquoi ne m'avez-vous pas dit qu'il serait noir ?

Trop confiant, il ne lui resterait bientôt que l'espoir

Pourquoi ne m'avez-vous pas dit qu'il serait jaune ?

Multiple et travailleur, il sera un péril dans notre faune

Pourquoi ne m'avez-vous pas dit qu'il serait blanc ?

La peur de disparaitre dans les autres couleurs, le rendra inutilement violent

Pourquoi ne m'avez-vous pas dit qu'il serait aussi incertain

De pouvoir peindre un magnifique arc-en-ciel humain ?"

Françoise Michel
L'être humain de Françoise Michel

Sagesse hopi dédicace pour Françoise

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Muse de cristal

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Publié le 21 Septembre 2013

Quatre heures du matin et la rue dort tranquille ;

L’aube ne soulève pas les plis de la nuit,

Chacun est dans son lit comme dans un asile :

Sous cette sérénité, le songe clair luit.

 

A deux pas, dans l’emportement d’un autre monde,

L’enceinte franchie, derrière des murs griffus,

Tout un essaim, multiplié sous la rotonde,

Trépigne avant d’être lâché dans l’air diffus.

 

Bientôt seront croqués des ouvriers en nombre,

Plombés sur le quai, sans un regard ni un cri,

Silencieux dans le prolongement de leurs ombres,

Sans couleur aussi comme d’éternels proscrits.

 

Un souffle orageux prend ces âmes moribondes

Vers un limon impur dénommé « le chagrin ».

Cette vague arrachée, la lune encore ronde,

Sur le quai, une fournée du même pétrin.

 

Roger Colombier

 

Banlieue ouvrière de Roger Colombier

Le poète

ou le technicien

qui mène les gens vers les biens matériels ?

Tous les deux.

Les cœurs sont comme des moteurs,

l’âme, un subtil moteur à explosion.

Vladimir Maïakovski (Le poète est un ouvrier)

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Rédigé par caro et hobo

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Publié le 13 Septembre 2013

Canto humano
Il entre dans la forêt. Celle-ci balbutie d’étonnement…..

Des mots cambrure de lyre transpirent des fougères

M’emmènent par la main voir ma première aube

Je gravirai la verticalité de ces rimes pour qu’ils m’ouvrent les yeux

Leurs regards apaisant déposeront mon désir au creux d’un nuage

Et mon cœur sur la mousse d’un sous bois

Mes mains écorchées saisiront l’originelle obsidienne

Pour transcrire dans mon sang cette mélopée indienne

J’irai crier aux hommes ce message éternel

La terre mouillée d’orage exhale une courbe amoureuse

Comme un secret avenir qui s’enrichit d’humus

Et lorsque son doux regard initiatique s'est posé sur moi

Je regardai Pablo comme on regarde un père

Elle pose le pied au Chili. La terre ne tremble pas……
Canto humano

Au cœur de l’Araucanie une rose trempée

Transpire le cuir, la sueur et le sang d’une petite patrie

Au cœur de la sombre forêt, enfoui dans une niche humifère

Je trouvai le caillou aux mots universels gravés

Croquant dans la matière je pris à jamais en moi une tranche de Chili

D’un coup les rimes fleurirent sous le lait du copihue, la farine et le miel

Je mordais à pleines dents l’écume de son océan

Et d’un pas hésitant j’abordais les pentes rocailleuses de la Cordillère

La germination fut lente telle la sève qui grimpe à l’assaut de l’araucaria

Pourtant un jour comme une évidence le cristal jaillit sous mes pas

C’était écrit dans la pierre partageuse de la poésie :

Pablo, mon ami, tu m’as tout appris

Canto humano
Hobo et Caro

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Aragonite

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Publié le 7 Septembre 2013

Et si la fin était le début de Françoise Michel

Image : naissance d'une étoile ici

Un trompe l’œil gigantesque

La nature, elle même, en est forgée

A l'image de l'iceberg titanesque

Dont l'immensité est immergée

Un grand pan de notre longue vie

Ne servirait-il qu'à nous mettre en appétit ?

Une approche de plusieurs dizaines d'années

Avant d'oser aborder le vif du sujet

Que savons-nous du moment présent

Nous nous pensons infiniment grands

Et nous ne vivons que le ridiculement petit

Notre regard n'absorbant d'un tout qu'une partie

Nos yeux ont exploré le fini

Il nous reste à vivre l'infini.....

Françoise Michel

Merci beaucoup Françoise pour ta participation.

Un poète doit laisser des traces de son passage, non des preuves. Seules les traces font rêver .

( René Char, La Parole en archipel)

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Muse de cristal

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Publié le 4 Septembre 2013

A grands cris brûlants de Roger Colombier

Le rêve turbulent a refermé sa porte

Laissant son cœur dehors aux serres des gerfauts

Sur l’horizon rien ne s’éveille de la sorte

Comme le jour tranché au pied de l’échafaud

Depuis un soleil noir picore nos étoiles

Défaufilant jusqu’au sang de notre drapeau

Recouvrant notre lilas sous un épais voile

Et murant l’avenir comme on scelle un tombeau

Pourtant hier encore nous marchions tous ensemble

Dans le verbe dans les usines dans la rue

Des vents inverses empêchaient qu’on se rassemble

Mais nous allions comme le soc de la charrue

Alors pourquoi avoir égaré la bonne heure

Attaché notre feu pour qu’il ne brille plus

Le songe ébauché par nos anciens gît et pleure

Combien des nôtres à cela se sont complus

Hardi repartons tisser les fils d’or du fleuve

A grands cris brûlants demain encore et toujours

Reprenons notre vie à ceux qui s’en abreuvent

Comme la source qui fait se lever le jour

Roger Colombier

Si tu vois la cigale sur l'arbre de l'amitié

Écoute sa chanson, elle est humanité

Si tu comprends l'occitan qui guide son sifflet

Tu saisiras la prose du poète Roger.

Carole Radureau

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Les chroniques de Roger

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Publié le 31 Août 2013

......Nos poèmes doivent distinguer avant tout le monde l'ennemi qui approche.......
Sur les traces du géant aux yeux bleus

Mes frères,
couplés au bœuf décharné, nos poèmes
doivent pouvoir labourer la terre,
pénétrer jusqu’au genou
dans les marais des rizières,
poser toutes les questions,
rassembler toutes les lumières.
Telles des bornes kilométriques, nos poèmes
doivent distinguer avant tout le monde
l’ennemi qui approche,
battre le tam-tam dans la jungle.
Et jusqu’à ce qu’il ne reste plus sur terre
un seul pays captif, un seul prisonnier,
ni dans le ciel, un seul nuage atomisé,
tout ce qu’ils possèdent,
leur intelligence et leur pensée, toute leur vie,
pour la grande liberté, nos poèmes.

Nazim Hikmet

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NAZIM
Sur les traces du géant aux yeux bleus

Quand le géant reviendra-t-il ?

L’amour des hommes est en exil

Toi Nazim, le frère des hommes

Quand reviendras tu embrasser

Cet arbre qui même à l’automne

Porte les fruits de cette terre

Que tu n’as jamais retrouvé

Lorsque nos pleurs furent mis en perce

Par les bâtisseurs de prison

Il suffisait d’une simple averse

Pour que la nuit devienne tendresse

Par la blancheur d’un doux flocon

Les soutes de l’Anatolie

Grondent d’un chant de pionnier

Donnant des yeux de renoncule

A des milliers de prisonniers

Afin d’ étoiler leurs cellules

Après l’angoisse des soirs pendus

L’aube renait comme une évidence

la naïveté se fait vaillance

L’enfance devient une vertu

Pour remordre tout ces fruits perdus

Bien des questions philosophiques

Résonnent dans le creux de tes mots

Scorpion qui tue, mouton qu’abdique

Mais dans le miroir d’un ruisseau

L’homme redeviendra-t-il beau ?

Les bombes seront toujours immondes

Elles donnent la patte aux idées courtes

Toi tu offres aux enfants du monde

une terre ronde comme une yourte

Tes fils ont les amours fécondes

Ton sourire est invitation

A planer sur l’immensité

Et effleurer du bout des ailes

Les épis de la liberté

De ces grands champs en floraison

Tes yeux bleus se rouvriront-ils ?

L’humanité est en exil

Hobo-Lullaby

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La rose ottomane

Les mots du poète

Raison d’être

Fusent

Projectiles rimés

Des prisons d’acier

Sur les traces du géant aux yeux bleus

La rose ottomane

Aux pétales diaphanes

Argumente

Les pensées aimantes

De Nazim à l’âme pure

Qui jamais n’épure

Son cœur généreux

Les mains qui caressent

Volonté d’ivresse

La bouche décidée

A ne mots garder

Les liens qui se tissent

Solides et complices

Baume d’amitié

Contre maux glacés

Le rubis de son cœur

Émouvante rougeur

Ardente ferveur

Dans les vers

De la pierre

Grave la poésie

De l’homme averti

Le sable du désert

Le sang qui se perd

L’injustice criée

Du poète enfermé

Jamais ne vaincrons

L’aigle volontaire

Qui tient dans ses serres

La clé

Lovée

Camouflée

Bien au chaud gardée :

Matrice de l’humanité.

Carole Radureau (16/08/2013)
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........Oui, Nazim était un grand jour doré.......
Sur les traces du géant aux yeux bleus

Qu’avons-nous perdu vous et moi,

quand Nazim Hikmet est tombé comme une tour,

comme une tour bleue qui s’écroule ?

Il me semble parfois

que le soleil s’en est allé avec lui qui était le jour,

oui, Nazim était un grand jour doré

qui remplit son devoir de renaître à chaque aube

malgré les chaînes et les châtiments :

Adieu, lumineux compagnon !

Délicieux Savitch entre Saint-Basile

et les maisons nouvelles de l’Aéroport,

ou dans le quartier d’Arbat, mystérieux encore,

transvasant mon vin chilien, le versant

dans la peau de tambour de son langage.

Savitch, avec toi s’est perdue

l’abeille d’or

qui créa le miel de ma ruche !

Mon doux ami, limpide camarade !

Pablo Neruda (La rose détachée)
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........Vos mains qui cachent sous leur peau rude l’affection et l’amitié.......

Vos mains graves comme les pierres,

tristes comme les airs chantés dans les prisons,

lourdes, massives comme des bêtes de somme,

vos mains qui ressemblent au visage chagrin des

gosses affamés !

Sur les traces du géant aux yeux bleus

Vos mains légères, habiles comme les abeilles,

chargées comme les mamelles de lait,

courageuses comme la nature,

vos mains qui cachent sous leur peau rude l’affection

et l’amitié.

Notre planète ne tient pas entre les cornes d’un bœuf,

elle tient entre vos mains.

Ah les hommes, nos hommes à nous,

on vous nourrit de mensonges,

alors qu’affamés

il vous faut du pain, de la viande.

Vous quittez ce monde aux branches lourdes de

fruits

sans avoir mangé une seule fois une nappe blanche.

Ah les hommes, nos hommes à nous,

surtout ceux d’Asie, d’Afrique,

du Moyen et du Proche-Orient,

des îles du Pacifique,

et ceux de mon pays,

c’est-à-dire plus de soixante-dix pour cent des

hommes,

vous êtes indifférents, vous êtes vieux comme vos

mains,

vous êtes curieux, admiratifs, vous êtes jeunes comme

vos mains…..

Ah les hommes, nos hommes à nous,

mon frère d’Espagne ou d’Amérique,

tu es alerte, tu es audacieux,

et tu oublies vite, comme tes mains,

tu te laisses abuser, comme tes mains

tu te laisses vite avoir….

Ah les hommes, nos hommes à nous,

si elles mentent les antennes,

si elles mentent, les rotatives,

s’ils mentent, les livres,

s’ils mentent, l’affiche, l’avis sur la colonne,

si elles mentent sur l’écran,

les jambes nues des filles,

si la prière ment,

si elle ment, la berceuse,

s’il ment, le rêve,

s’il ment, le violoniste dans le cabaret,

s’il ment le clair de lune

dans les nuits de nos jours désespérés,

si elle ment, la voix,

si elle ment la parole,

si tout le monde et toutes les choses mentent

à l’exception de vos mains,

c’est pour qu’elles soient dociles comme l’argile

aveugles comme les ténèbres,

idiotes comme le chien du berger,

et pour que ne se révoltent pas vos mains,

et pour que ne finisse pas cette tyrannie,

ce règne du trafiquant,

en ce monde où la mort nous attend,

en ce monde où il ferait si bon vivre…..

Sur les traces du géant aux yeux bleus
Nazim Hikmet 1949

( Il neige dans la nuit et autres poèmes, traduction Munevver Andaç et Guzine Dino)

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Rédigé par caro et hobo

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Publié le 27 Juillet 2013

     Creative Commons (BY-NC)  Auteur     Dominique Chanut

Creative Commons (BY-NC) Auteur Dominique Chanut

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Dans le feuillage du matin

Ils ont repris leurs fers

Et leurs places sous le joug.

Ils auraient pu s’envoler ailleurs

Mais ils étaient de cette glèbe qui devrait s’ouvrir au bonheur pour tous.

 

A les voir revenir

Les bergers ont entrebâillé la crèche.

Ils rient

Sûrs de leur temps

Et ont remisé

Leurs fouets acérés

Sous les arbres décharnés de leur vie.

Ils ont rouverts sur les gens d’en-dessous

Les nuages qui charrient la boue

Et marbrent

Le regard du cœur.

Alors

Comme toujours

Le soleil

Suspendu aux lèvres de l’aurore

Tremble

Avant de gravir l’escalier

Vers le dais des maîtres.

 

Dans leur Olympe éternel

De leur balcon

Les maîtres

Plus bas que l’espérance

Contemplent

 Ce troupeau d’innocents

Regroupés à nouveau

Dans leurs basses fosses

Sans idée et sans tain

Mais

Qui font leur richesse

Depuis le premier cri du temps.

 

Pourtant

En dessous

Le rêve

Va devenir plus vaste que tout.

Il se vêt dans la lampe de l’esprit

Au chevet d’un bourdonnement

Dans le vol d’un oiseau libre

Comme dans le lilas fleuri.

Bientôt

Dans les rues noires

La vie immobile

Tombée et emmurée sans parler

Chante avec son voisin

Et s’éparpille

Comme une nuée de comètes dans une nuit d’été.

Ils vont être

Mille bouches

Et mille cerisiers

Soudain

Plus nombreux que le plus grand nombre

Pour faire éclore partout

La bonne idée.

 

La bonne idée de Roger Colombier
La foudre des maîtres

 

Mais jour après jour

A picorer les astres

Dont se ceignent

Les maîtres

A défaire

Nuit après nuit

Le licol du songe réel

A reproduire

Le fil printanier

Dans les impasses monocordes

Du Labyrinthe

A retirer

L’œil du vouloir

Du fond de son puits

Les vieux démons

Suspendus dans notre air

De leurs doigts effilés

Ordonnent

D’abolir l’envie

De la bonne idée.

 

L’orage est dit

Et suscite le crime et la foudre

Comme une nuit sans étoile ni lune

Qui s’ouvre

Et puis se multiplie à l’infini.

L’hiver jusqu’à la nuit

Qui referme les fenêtres

Autant qu’il en peut.

La rue redevient silence

Et les semailles s’éteignent

Devant les échafauds

Trempés jusqu’aux cieux

Dans le sang.

 

Dormez bien

Gens de misères

Il est minuit

Et il le restera.

Les bourreaux

Tranchent

Les mains fragiles accrochées à la bonne idée

Comme le rêve débroche son tain

Et se perd

Dans le vide du miroir.

Les champs froids retournent à la nuit

Et des cœurs atones

Jettent l’ancre

Et se chargent de désespoir

Pour s’y noyer.

 

Lorsque toute la terre

Enfin

 A repris son long profil de pierre

Que plus aucun frisson ne se forge

Sur l’enclume du soleil

Le tunnel obturé à ses deux bouts

Les maîtres

Se sont rendormis dans leur arc-en-ciel.

Ils ne sont rien.

Pourtant

Depuis le commencement de l’azur

Ils s’y trouvent

Eux et eux seuls

Et continuent

A rançonner

Notre force

Notre intelligence

Et notre écorce nouvelle

Pour exister dans leur sphère

Comme se repaît

L’araignée grosse de venin

La bonne idée de Roger Colombier
La forge cardinale

 

Alors

Ils auraient pu mentir indéfiniment

Et dire que la nuit était la lumière

Ils auraient pu taire

Sous les baillons

Le chœur de leurs espoirs.

Mais ils se sont levés

Encore une fois

Une fois de plus

Oubliant le givre sur leurs écailles

Le plomb sur leurs ailes

Et comprenne qui veut

Ils sont repartis

Forger la bonne idée à la vie.

 

Offrir l’idée comme on boit à une fontaine

Et défroisser l’esprit de ses feuilles jaunies

Les âmes enflammées ouvrirent tous leurs pênes

Comme l’arabesque décatie dans son nid.

 

Ce ne serait plus l’hiver ni même l’automne

Une jeune envolée a quitté sa portée

Les gardiens avachis sur leur seuil monotone

En ont cependant mesuré l’immensité.

 

Un vol puis un autre remplaçant les nuages

Et au portail défait une étoile à cent yeux

Blondissent d’embellie la rue et les visages

Le silence se déblaie jusqu’au bout des cieux.

 

Le jour

Ouvre alors un œil

Et dénoue le soleil timide.

Mais

Qui peut se plaindre

De ce premier sourire

Frêle et déjà fécond.

 

Les grandes ombres se sont enfuies sur l’autre rive

Enserrant ceux qui le voulaient bien.

Qu’importe

Le jeune écolier a déjà écrit demain.

 

Oui

La nuit vient de s’écrouler derrière la montagne

L’heure est encore dépeuplée

Mais déjà on devine

Le temps carminé

Des baisers.

Des pas vont et s’allongent

Sur le sentier neuf

Pour faire trébucher

L’air infertile à tout jamais.

Peuple

Formez vos rangs

Pour étendre la bonne idée.

 

Peut-être

Que chez nous

Encore

La rue est interminable

Que les ruches sont pauvres

Les matins froids

Et les maîtres impérieux

Pour sceller nos yeux.

Mais

Un jour

Clair comme une fontaine

Le marteau chantera sur l’enclume

Et la bonne idée renaîtra.

 

Cela est de tous les temps.

 

Roger Colombier

 

 

 

 

Pour ne pas perdre le fil de la bonne idée :

 

Les gens du dessous

Nos maîtres

 

 

 

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Les chroniques de Roger

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Publié le 22 Juillet 2013

Palestine ton nom résonne à jamais
.......Les défricheurs d’amour exécutent leur besogne, arrachant l’olivier à la terre, comme on enlève un enfant à sa mère...........

Le peuple a drapé le désert d’une larme

Qui cristallise chaque grain de sable

Des souffrances ancestrales …

Résistant à la furie des vents

Les dunes dessinent un keffieh

Qui imprègne la terre d’un esprit de lutte

Les défricheurs d’amour exécutent leur besogne

Arrachant l’olivier à la terre

Comme on enlève un enfant à sa mère

Mais le cri monte des pierres

Gronde comme jaillit la lave

La liberté sortira de tes entrailles

Palestine ton nom résonne à jamais

Comme un enfant qui hurle à la vie

Comme une patrie à sa terre unie

Tu chantes à la face du monde ta berceuse

Qui protège tes enfants des chars

Qui assouvit leur faim et étanche leur soif

Les figuiers n’offrent plus leurs fruits à tes martyrs

Victimes d’une chambre à gaz alimentée par la communauté

De ceux qui se prétendent humains

Que tu sois terre promise, terre sainte ou terre sacrée

Ton ventre engendrera la paix et la liberté

L’inéluctable victoire des peuples sur les dieux

Hobo Lullaby ( Palestine)

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........Tes cheveux ont la couleur de l’olive, A laquelle nous n’avons plus le droit de toucher............
Palestine ton nom résonne à jamais

Dans tes yeux,
Mon enfant,
J’ai lu l’exil.
Toi, qui es né
Loin du pays,
Tes cheveux ont la couleur de l’olive
A laquelle nous n’avons plus
Le droit de toucher.
Dans l’éclat de tes dents serrées,
Mon enfant,
Je regarde
Des milliers d’étoiles calcinées,
Nos terres volées,
Nos maisons bombardées,
Des bouquets de poings
Tombant sous les orangers.
Dans le mercure de tes larmes,
Mon enfant,
J’ai lu l’exil,
L’exil d’un peuple.

© Mokhtar El Amraoui (Exil in "Arpèges sur les ailes de mes ans")

Retrouver EXIL sur le site de Mokhtar El Amraoui ICI

Le site de Mokhtar ICI

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Palestine ton nom résonne à jamais
........Ni patrie ni exil que les mots, mais passion du blanc pour la description des fleurs d'amandier.........

Pour décrire les fleurs d'amandier,
l'encyclopédie des fleurs et le dictionnaire
ne me sont d'aucune aide...
Les mots m'emporteront
vers les ficelles de la rhétorique
et la rhétorique blesse le sens
puis flatte sa blessure,
comme le mâle dictant à la femelle ses sentiments.
Comment les fleurs d'amandier resplendiraient-elles
dans ma langue, moi l'écho ?
Transparentes comme un rire aquatique,
elles perlent de la pudeur de la rosée
sur les branches...
Légères, telle une phrase blanche mélodieuse...
Fragiles, telle une pensée fugace
ouverte sur nos doigts
et que nous consignons pour rien...
Denses, tel un vers
que les lettres ne peuvent transcrire.
Pour décrire les fleurs d'amandier,
j'ai besoin de visites
à l'inconscient qui me guident aux noms
d'un sentiment suspendu aux arbres.
Comment s'appellent-elles ?
Quel est le nom de cette chose
dans la poétique du rien ?
Pour ressentir la légèreté des mots,
j'ai besoin de traverser la pesanteur et les mots
lorsqu'ils deviennent ombre murmurante,
que je deviens eux et que, transparents blancs,
ils deviennent moi.
Ni patrie ni exil que les mots,
mais passion du blanc
pour la description des fleurs d'amandier.
Ni neige ni coton. Qui sont-elles donc
dans leur dédain des choses et des noms ?
Si
quelqu'un parvenait
à une brève description des fleurs d'amandier,
la brume se rétracterait des collines
et un peuple dirait à l'unisson :
Les voici,
les paroles de notre hymne national !

Mahmoud Darwich (Pour décrire les fleurs d'amandier)

Extrait du recueil : « Comme des fleurs d’amandier ou plus loin »

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Palestine ton nom résonne à jamais
.......Je vois le leader victorieux de la révolution, me saluant d’une main de fer, l’autre main lance des éclairs............

Oui, il se peut que nous mourions, mais nous arracherons la mort de notre terre
Oui, il se peut que nous mourions, mais nous arracherons la répression de notre terre

Là-bas, au loin, si loin, ô camarade, les soldats me mèneront
Ils me jetteront dans le noir affreux, dans l’enfer des menottes

Oui, il se peut que nous mourions, mais nous arracherons la mort de notre terre
Oui, il se peut que nous mourions, mais nous arracherons la répression de notre terre

Ô camarade ! Ils ont fouillé ma chambre
Ils n’ont trouvé que des livres
Des amas d’os – mes frères qui gémissent entre père et mère
Ils les ont réveillés par des coups de pied
Ils ont embrassé la colère dans les yeux

Je suis maintenant entre les soldats de l’oppression
Je suis halé au pénitencier
Le visage de mon père m’est toujours présent, m’armant d’espoir
Ma mère gémit longuement et mes frères crient
Quelques voisins sont autour, chacun ayant un fils dans les prisons
Mais malgré l’oppression des soldats, j’ai levé une main alourdie de chaînes et j’ai crié :
Je reviendrai avec une armée de camarades, de tonnerres
Je vois là-bas un ouvrier dans la rue
Je vois le leader victorieux de la révolution
Me saluant d’une main de fer, l’autre main lance des éclairs
Je suis maintenant entre des centaines de camarades
Je serre mes mains aux leurs
Je me sens fort, je vaincrai ma cellule
Où nous ne mourrons pas, nous vivrons même si les menottes brisent nos os
Même si les fouets nous déchirent
Même s’ils jettent nos corps au feu

Oui, il se peut que nous mourions, mais nous arracherons la mort de notre terre
Oui, il se peut que nous mourions, mais nous arracherons la répression de notre terre

Palestine ton nom résonne à jamais
Mo’in Bsesso (Oui, il se peut que nous mourions)

Source : « Palestine et Palestiniens. »
Groupe de tourisme alternatif.
Ramallah, 2003.

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Palestine ton nom résonne à jamais
........Ils se rappelleront alors les matinées de la rosée, l’odeur de l’eau et les fumées de l’aube sur la lune............

La paix, je la demande à ceux qui peuvent la donner
Comme si elle était leur propriété, leur chose
Elle qui n’est pas colombe, qui n’est pas tourterelle à nous ravir,
Mais simple objet du cœur régulier,
Mots partagés et partageables entre
les hommes
Pour dire la faim, la soif, le pain, la poésie
La pluie dans le regard de ceux qui s’aiment

La haine. La haine.
Ceux qui sont les maîtres de la paix sont aussi
les maîtres de la haine
Petits seigneurs, grands seigneurs, grandes haines toujours.
L’acier est là qui est le métal gris-bleu
L’atome est là dont on fait mieux que ces compotes
Qu’on mange au petit déjeuner
Avec du beurre et des croissants

Les maîtres de la guerre et de la paix
Habitent au-dessus des nuages dans des himalayas,
des tours bancaires
Quelquefois ils nous voient, mais le
plus souvent
c’est leur haine qui regarde :
Elle a les lunettes noires que l’on sait

Que veulent-ils ? Laisser leur nom dans l’Histoire
À côté des Alexandre, des Cyrus, des Napoléon,
Hitler ne leur est pas étranger quoi qu’ils en disent :
Après tout, les hommes c’est fait pour mourir
Ou, à défaut, pour qu’on les tue

Eux, à leur façon, qui est la bonne, sont les serviteurs d’un ordre
Le désordre, c’est l’affaire des chiens – les hommes, c’est civilisé
Alors à coups de bottes, à coups de canons et de bombes,
Remettons l’ordre parto
ut où la vie
A failli, à coups de marguerites, le détraquer

À coups de marguerites et de doigts enlacés, de saveur de lumière,
Ce long silence qui s’installe sur les choses, sur chaque objet,
sur la peau heureuse des lèvres,
Quand tout semble couler de source comme rivière
Dans un monde qui n’est pas bloqué, qui est même un peu ivre,
qui va et vient, et qui respire…

Ô monde… Avec la beauté de tes mers,
Tes latitudes, tes longitudes, tes continents
Tes hommes noirs, tes hommes blancs, tes hommes rouges,
tes hommes jaunes, tes hommes bleus
Et la splendeur vivace de tes femmes pleines d’yeux et de seins,
d’ombres délicieuses et de jambes
Ô monde, avec tant de neige à tes sommets et tant de fruits
dans tes vallées et dans tes plaines
Tant de blé, tant de riz précieux, si seulement on voulait
laisser faire Gaïa la généreuse
Tant d’enfants, tant d’enfants et, pour
des millions
d’entre eux, tant de mouches
Ô monde, si tu voulais seulement épouiller le crâne chauve
de ces pouilleux, ces dépouilleurs
Et leur glisser à l’oreille, comme dictée de li
bellule,
un peu de ta si vieille sagesse

La paix, je la demande à tous ceux qui peuvent la donner
Ils ne sont pas nombreux après tout, les hommes
violents et froids
Malgré les apparences, peut-être même ont-ils encore
des souvenirs d’enfance, une mère aimée,
un très vieux disque qu’ils ont écouté jadis
longtemps, longtemps

Oh, que tous ces moments de mémoire viennent à eux
avec un bouquet de violettes !
Ils se rappelleront alors les matinées de la rosée
L’odeur de l’eau et les fumées
de l’aube sur la lune

Palestine ton nom résonne à jamais
Salah Stétié ( L'odeur de l'eau)

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Palestine ton nom résonne à jamais
.......Un jour, un mur poussa dans mon jardin, il portait en lui le germe de la violence, il s’appelait exclusion........

J’avais une maison autrefois.

Fraîche, sobre

toute de simple facture,

il y faisait bon vivre

et chacun

aimait y passer son pas.

J’aimais le fruit du grenadier,

quand dans ma bouche les graines

acidulées, de leur jus tendre

laissaient croquer le suc de l’espérance.

Un jour, un mur poussa dans mon jardin

Il portait en lui le germe de la violence

Il s’appelait exclusion

Il était plus laid que de raison

Il cacha pour toujours mon horizon

Ainsi que celui de mon peuple.

Où sont passés les orangers ?

Les champs remplis de leurs jolies silhouettes

dont les fleurs embaumaient alentour ?

Où sont passés les fruits de l’amour ?

Ceux pour lesquels la vie

méritait son détour.

Un jour la terre dans nos mains

filait, sèche comme dans un sablier.

L’eau manquait

Le mur la coupait

D’un côté les champs fleurissaient, fertiles,

du nôtre, le désert installa sa minérale carapace.

Un jour, la terre fut rouge.

Oui, rouge du sang de nos morts.

Elle absorbait, tel un buvard

ce sang si pur de l’injustice.

Mais elle saturait, la terre.

Ce n’était pas de sang dont elle rêvait.

C’était d’eau.

D’eau et de justice.

J’aimais fabriquer une couronne

avec les blanches fleurs du jasmin,

enfiler ses petites étoiles

sur le fil du lendemain,

puis sur la tête de mon adorée

la coucher comme si une reine

alors aux yeux de tous elle devenait.

Parfum de jasmin,

larmes aux yeux de ma biche :

mes mots vous recouvrez

d’une couronne fétiche.

Le soir, le ciel bleu nuit s’illumine,

on se croirait en plein jour.

Est-ce le dessin de la galaxie qui s’imprime

sur l’écran du décompte de nos jours ?

Non. Ce sont les tirs des roquettes

de notre quotidien.

Les éclats parfois sur nos sols

telles des pierres brillent d’un horrible constat :

demain, combien de morts inutiles

au sein du peuple opprimé ?

Combien d’enfants arrachés à la vie ?

Assez de sang a coulé

irriguant nos générations

de sa rouge couleur faisant jaillir des tisons

dans nos cœurs perdus.

L’apartheid tue depuis 60 ans.

Le savez-vous, amis ?

Le tunnel est sans fin,

jamais nous n’avons vu la lumière

au bout de notre chemin de misère.

Palestine ton nom résonne à jamais

Palestine, mon amour

Entends-tu mon sang au loin

Qui tape dans son cœur lourd

Contre le mur du destin ?

Carole Radureau (Sur le pas de ma maison 24/06/2013)

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Lance-pierre

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