Publié le 19 Mars 2024

Le faisan de Colchide

« Merci pour ce faisan, Madre Tierra ».

 

Il va son chemin

Là, dans notre ligne de mire

Quelques mètres nous séparent

Il va son chemin

Joues rouges tête bleue plumes mordorées

Comme mordant le vert hésitant du sous-bois clair-semé.

 

Nous sommes restés coi.

Il avait été effrayé par notre intrusion

Vite,

Il avait compris que ces deux humains-là

Ils étaient inoffensifs

Son 6e sens avait parlé.

 

Et nous restions coi

Admirant ce spectacle comme un véritable spectacle

De ceux où jamais il ne faut payer

Car spectacle de la vie

Gratuit sans façon libre de droit

Juste un privilège

Privilège que tant transforment en saccage

Car tuer est leur unique mot d’ordre

« J’ai vu un faisan, il aurait fait un bon repas » disent-ils

Alors qu’ici nous remercions la Terre-Mère

Pas pour un repas possible

Nous ne sommes pas des indigènes en autosubsistance apparemment

Nous remercions pour le bonheur de la vie

Nous remercions pour la poésie de l’oiseau

Qui va son chemin

Tranquillement

Lui, le maître des bois

Qui a subi, pauvret

Une énième intrusion

Et qui,

Digne,

Ne s’en est nullement offusqué.

 

Carole Radureau (19/03/2024)

 

 

 

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Oiseaux muses

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Publié le 18 Mars 2024

 

Chercher au fond de soi

La véritable force

La promesse bleue de l’aube

Tôt levée sur des perles.

 

La poésie a enfoui son trésor

Son bagage de mots,

Sa joliesse,

Sa petite tendresse si fine

Qui pleurait, pleuvait, bruinait

Sur le poème comme un brouillard

Prisonnier.

 

Par où est passé le petit cheval bleu

Courant, crinière déployée

A travers la steppe aux tons brûlés

Par le soleil conquis ?

 

La poésie s’est tapie.

Tout au fond d’une douleur persistante.

Nul dégât !

Il faut aller la chercher, cette petite

Seulette, tristette, grisette

Petite chatte perdue au milieu de la jungle

Du foin.

 

Apprendre à se reconnaître.

Se reconnaître : force. Au cœur de la poésie.

Se reconnaître : beauté. Au milieu du chaos.

S’apprécier : force. Comme seul capitaine du bateau.

S’apprécier : beauté. Avec la rose pure au cœur.

S’identifier : force. Une et indivisible.

S’identifier : beauté. Passion et floraison.

 

La rose de nacre n’a pas dit son dernier mot.

 

L’obsidienne a rugit dans le tiroir des amertumes.

 

L’opale des Andes récite les vers de Neruda les plus doux.

 

Nul dégât !

 

Régénère-toi petite fleur de steppe

Quand la promesse est celle du moment présent

Quand la qualité du moi profond

Est un incontournable remède :

 

Il y a un domaine sombre

Où se terre la vérité :

Ton regard sur le monde

Avec son voile opaque

Sa cape d’invisibilité

Qu’il faut lever coûte que coûte, fardeau.

La poésie le demande.

Le cœur est un marron chaud

Tiré des ténèbres par les forceps de la détermination.

La naissance est prochaine.

Ecoutez-moi.

 

Carole Radureau (18/03/2024/2024)

 

La promesse bleue de l’aube

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Agate mousse

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Publié le 15 Mars 2024

Le vautour fauve

Dans la perspective des airs déplumés

Quand la charogne est un mets délicieux

On ne peut s’empêcher de voir

La poésie

En jupon

Danser la gigue au-dessus des os.

 

Blanchir les os, c’est sa vocation

Afin de laisser à l’air libre

Une jolie petite carcasse toute proprette

Comme un défilé de vie-qui-fut.

 

C’est ainsi qu’ils les détestent

Ces vilains qui se battent pour de vilains restes

Alors que nous, nous les aimons

Nous savons

Ce que nous leur devons.

 

Et dans ces danseurs de mort lente

Voici mon chouchou, mon petit préféré

De ceux qui ont la gorge libre de plumes

Pour mieux se rendre au cœur des choses :

Le vautour fauve !

 

Y a-t-il oiseau plus majestueux

Au regard si digne

A la pensée si fière ?

Imaginons-le au-dessus du grand canyon du Verdon

Se mirant dans les eaux vertes

En planant comme un dieu .

 

Carole Radureau (15/03/2024)

 

Vautour fauve (gyps fulvus

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Oiseaux muses

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Publié le 12 Mars 2024

Le pygargue de Pallas

Je suis le pygargue profilé

La flèche indienne habillée en fusée

Je fends l’air sans en avoir l’air,

Obstinément.

 

J’ai la feinte en acier inoxydé

La ruse en perle de murmure

La patience en dentition de faïence,

Une certaine noblesse.

 

Je n’ai pas la rage au cœur

Même si cela vous étonne

Je ne sais pas lire les alertes de l’UICN

Je ne me sais pas menacé.

 

Evidemment Carpe Diem c’est ma doctrine

Si vous vous voulez vivre heureux comme moi

Malgré les menaces, Carpe Diem :

Je ne sais pas lire les alertes de l’UICN…

 

Je sais juste constater

Quand proies

Et

Eau

Viennent à manquer.

 

Carole Radureau (12/03/2024)

 

Pygargue de Pallas

Halieetus leucoryphus

En danger !

 

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Oiseaux muses

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Publié le 11 Mars 2024

Charão


Dans l’antichambre des menacés
Je glisse mon front rouge
Je glisse ma robe verte
En compagnie du coquelicot.

Mon fruit est plus que défendu.

Nul dégât !

Quand le pin du Paraña
Ne sera plus pin
Le pignon aura écrit les derniers mots de ce poème.

Il en est qui sont vulnérables
On ne sait trop pourquoi ☹
On le sait très bien :
Dans la famille des menacés
J’ai misé sur le duo :
Psittacidés et araucariacées.

La terre est un monde qui ne tourne pas rond
Quand il laisse détruire amazones et pignons
La terre humaine est un monde qui ne tourne pas rond
Ecoutez-moi !

Carole Radureau (11/03/2024)

Amazone de Prêtre (amazona pretrei)
Vulnérable
Pin du Paranã
Araucaria angustifolia
En danger critique d’extinction


Pin du Paranã Par User:FML — Picture taken by FML, CC BY-SA 2.5, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=541303

Pin du Paranã Par User:FML — Picture taken by FML, CC BY-SA 2.5, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=541303

pignons du pin du Paranã Par Rodrigomorante — Travail personnel, CC BY 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=6369443

pignons du pin du Paranã Par Rodrigomorante — Travail personnel, CC BY 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=6369443

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Oiseaux muses

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Publié le 10 Mars 2024

Le Triplet du Lion

Plongée tête nue dans la chaleur des galaxies

Dans lesquelles l’œil nu peut se perdre

Il y a eu des heurts

Il y a eu de la souffrance

De toute évidence

Il y a eu des pleurs

Qui coulent encore

Abondamment

La nuit éternelle a enveloppé leurs chairs

Elle a fait briller comme des étincelles

Leurs volutes féériques

Juste pour faire venir à elles

Les photographes

Elles reposent dans l’espace cet espace

Où flottent des objets

Qui semblent inanimés qui pourtant

Vivent

Et

Rêvent.

 

Carole Radureau (10/03/2024)

 

Inspirée par cette photo de Serge du Triplet du Lion ou groupe M66 composé de :

►M65 (pas de petit nom, je la baptise Léona),

►M66 (pas de petit nom, je la baptise Caracol 66, fille du Lion démesuré)

►NGC 3628 (Galaxie du Hamburger ou de Sarah)

 

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #La tête dans les étoiles

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Publié le 9 Mars 2024

oie des neiges Par DickDaniels (http://theworldbirds.org/) — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=18228083

oie des neiges Par DickDaniels (http://theworldbirds.org/) — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=18228083

 

Une fois j’ai fait le vœu

d’écrire une poésie sur l’Os à vœux.

 

Dans le ciel printanier de Winnipeg

Une oie des neiges, toute seulette apparut

Elle volait, seule, vraiment seule et se posa

Seule, toujours seule sur le lac,

Nagea

Jusqu’au rivage.

 

Mais le lynx guettait, là-bas, tout au loin

Mais pourtant, si près :

Le vent lui avait envoyé un message :

Celui de la nature-même de l’oie.

Le lynx se léchait par avance les vibrisses

Ces vibrisses-là qui vibraient et lui chatouillaient le museau

Toutes heureuses de la suite.

 

L’oie eut un moment de doute

Son 6e sens n’était pas trop défaillant

Seulement,

Elle n’eut pas le temps de s’envoler, le lynx

Avec ses vibrisses telluriques était déjà sur elle

Il la croquait, la broyait, ne voulant rien laisser :

Il avait une faim de lynx !

Les plumes, les os,

Tout y passa !

Et quand il s’apprêtait à briser un os

Pour en aspirer la moelle comme par une paille

Un homme poussa un cri !

Vite le lynx !

D’un bond le lynx

était tout en haut de l’arbre.

 

L’homme fouilla parmi les débris de la malheureuse oie dévorée

Il trouva un os qui lui disait « je ne suis pas comme les autres ».

Cet os protège le cœur

C’est un os à vœux.

L’homme le contempla

Comme on contemple un objet merveilleux

Cet os était un objet merveilleux

Il avait le pouvoir de métamorphose

Celui de « jouer des tours »

On pouvait faire apparaître des choses

C’était simple :

Il suffisait de les invoquer

D’en faire le vœu

On pouvait changer son apparence

On pouvait encore grâce à l’os à vœux

Créer toutes sortes de situations

Dont je ne vous conterais pas la suite :

Elle est écrite dans un livre merveilleux comme l’os

Qui fait plonger l’adulte dans le monde merveilleux de l’enfance

En lisant les contes et les poèmes en langue des bois

En langue-nature, en langue-vraie

De ceux qui font corps avec la forêt

Avec l’arbre, la neige, l’oiseau, le caribou

De ceux qui savent écouter, voir, entendre le silence entre les sons

De ceux qui savent se poser pour réfléchir

Pister, traquer et se nourrir sans pour autant affaiblir quoi que ce soit.

Ce sont les Crees, peuple originaire à la langue belle et soyeuse

Comme la petite oie des neiges

Qui, un jour, se sacrifia

Pour que l’on puisse, nous autres,

Faire un jour, un vœu.

 

Carole Radureau (09/03/2024)

 

Poésie librement inspirée du récit L’os à vœux, du livre du même nom d’Howard A.Norman, « Récits et paroles des indiens Crees, traduction française par Lauret S. Munnich, La mémoire des sources, Editions du Seuil

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Rédigé par caro et hobo

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Publié le 8 Mars 2024

La mésange lapone

Laissez-moi me réveiller

La nuit ma température a chuté

Je suis entrée dans un profond sommeil

Dans lequel

Le froid jamais n’entrera

Je suis tout ébouriffée !

L’air pur et frais est mon gant de toilette

Je lisse mes plumes café, toutes proprettes

Je passe mon bec-peigne sur ma chevelure obscure

Je plisse les yeux en les relevant sur les côtés

Vous savez : j’imite ma cousine Tite Bleue

Quand elle prend son air super-déterminé

Me voici :

Tite Lapone avec sa bouille de café au lait

Tout odorant et réveillant

Quoi : c’est moi la dame des pinèdes

Je creuse des tranchées au cœur des épines

Je ne suis pas une princesse plutôt une reine

Digne fille de la gent mésange

Même si je n’ai rien d’un ange

Certaines pensent que je m’en approche.

Carole Radureau (08/03/2024)

 

Mésange lapone (poecilus cinctus)

 

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Oiseaux muses

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Publié le 5 Mars 2024

 

Ven aquí bajo mi sombrero plano…..

 

Viens ici sous mon chapeau plat

Tu vois

Il n’y a pas que les têtes d’en bas qui craignent

Comme un diable fourchu le dardant rayon de Dame Soleil !

 

Le chapeau plat entouré des bras aimants

D’une poussière galactique

Peut-être composée de diamants

Pour illuminer, gratis

La physionomie triste

Du mexicain basané.

 

Viens ici dans la Galaxie perdue

Où tourne le chapeau merveilleux

Soucoupe volante interstellaire

Qui se prend pour une planète de la Guerre des étoiles

Il y a tout près le grand trou noir

Qui absorbe comme un entonnoir

Tous les chapeaux imprudents !

 

Ici il ne faut pas avoir froid aux dents

La nuit est un univers

Où les milliards d’étoiles dardent leurs regards, tristes

Ou gais

En chantant, dansant, pleurant

Sur des rythmes latinos.

 

Jouez-nous les mariachis, vous,

Etoiles aux castagnettes

Bien proprettes et brillerettes

Qui fusez comme des cocottes en papier !

 

La musique est dans vos cœurs

Par rebond elle est dans les nôtres

Qui vous cherchent chaque soir

A défaut de Nounours

Tout en scrutant le bal des 400 Lapins ivres.

 

La nuit de l’univers est à la fête.

 

Viens ici sous mon chapeau plat !

Entends-tu ce cœur qui bat ?

Il a un désir de chamamé

Un tango comme un hoquet

Un son(e) qui yoyote et bégaie, un son(e) un peu coincé

Qui lorsqu’il surgira

Enverra sur la terre une aurore boréale

Toute chapeautée made in Mexico !

 

Carole Radureau (05/03/2024)

 

Inspirée par cette photo de Serge de la Galaxie du Sombrero, M 104

La Galaxie du Sombrero, le couvre-chef des étoiles

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #La tête dans les étoiles

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