Publié le 7 Janvier 2023
A l’entrée du petit bois
Il y a un portier
Qui tambourine sur le tronc
A la saison du tambour.
A l’entrée du petit bois
Parfois, on l’aperçoit
Furtif,
Silhouette rapide dans l’air
Tranchant,
Devinette.
Qui suis-je, qui suis-je ?
Devenez expert en oiseau
Ramassez les plumettes
Cherchez à qui elles sont
Vous saurez vite qui je suis.
Je ne suis pas l’oiseau rare.
Je ne suis pas oiseau de conquête
Juste un habitant de ce bois
Auquel j’apporte mon air de fête.
Je glisse dans les feuillages
Le rouge vif de ma parure
Je creuse inlassablement les troncs
Pour créer un paysage troglodytique :
C’est ma vocation.
Je suis charpentier, écologiste
Oiseau futuriste
Un peu le Niemeyer de la forêt,
…..sans le fer, sans le verre
Sinon le vers dans le bec.
Admirez-moi, on a pu me flasher
Pris en flag’ un matin où je baissais ma garde
Les feuilles libèrent la vue sur nos
Allers et venues, à nous, oiseaux
Toujours bien dissimulés.
Quand tu te promènes dans le bois
Non, tu n’es pas seul,
Je suis là, moi, le gardien
Moi, le veilleur, moi, le grand constructeur.
Je ne suis pas policier
Je ne suis pas balance
Parfois, j’aimerais bien demander justice
Que les gens respectent mon chez moi,
Ne le souillent pas,
Le respectent
Car ils le savent pourtant, ici,
Ils n’ont plus que ça comme espace naturel.
Ils ont de la chance
D’autres n’ont plus rien
L’année dernière des jeunes gens
Ont ramassé les déchets
Comme un acte volontaire et écolo,
Geste rare (inhabituel ici).
Pendant quelque temps
Le bois était propre
Du moins le couloir de mon entrée
Les jeunes gens se demandaient
Si les gens respecteraient cette propreté nouvelle
Se disant :
Comme il est agréable de se promener
Dans notre bois propre !
Qu’à cela ne tienne
Tout a recommencé
Les cacas derrière les troncs
Les bouchons en plastique, les papiers gras
Les sapins de noël morts entreposés comme dans une décharge !
Ma forêt n’est pas une poubelle !
Parfois, je me demande
Si c’est un hasard que je vive
Perché,
Si haut !
Le rouge de ma parure se rue,
En colère,
Mais qu’importe, ils n’auront
Pour toute nature, la morte
Dessinée comme une relique
Sur le mur de leurs salons.
Moi, je serais toujours, là, le pic
Avec mon tambour sacré
Répétant la chanson
Qui vibre, dans certaines âmes
A l’unisson.
Carole Radureau (07/01/2023)
Inspirée par ces photos de mon fils Gianni