Publié le 10 Novembre 2020

 

Eléphants déracinés

Transportés, voyageurs de là-bas

Par les Alpes et l’au-delà

Porteurs des paquets

De l’exotisme

Et de la guerre

La conquête dans leurs pas

Bien lointaine

Dépassée…..

 

Ici ils reposent

Ils ont trouvé la force et l’énergie

La poussière féconde et dans l’inertie

Le lâcher-prise de la question :

Que vois-tu ?

Que sais-tu ?

Que penses-tu ?

Devant l’apparente souche qui en ses

Milles couches

Couche la physionomie

De sa bouche ?

 

Où est-elle sa trompe qui trompa

Détrompa et trempa jusqu’à l’os

Quand l’averse sur la troupe

Déforma leurs propos ?

 

Ce ne sont sans doute que des lamelles de fesses

Ces fesses qui ne savaient pas s’assoir car s’assoir

C’est se reposer et se reposer que nenni !

Eléphant de charge, sur pied, aux pieds !

En avant ! Marche !

 

Pourtant dans le cimetière des éléphants

En Vivarais

Se couchent pour toujours

Les multiples couches de vie

Comme un dictionnaire

De bois

De matière

Aux multiples lectures

Aux sons à écouter car vibre le bois

Aux multiples vies qui se démultiplient sans cesse

Qui circulent dans les veines/chemins vicinaux

En des circonstances vives et vivaces et vivifiantes

Non, la mort n’est pas ici

Dans ce cimetière

Non, la chair du bois, à la terre,

Ne veut retourner :

Elle a tant de messages à porter

Et toi, petit chemineau, chemine, cheminant

Ce message-là, tu l’as lu, déchiffré, parcouru

Donné un sens, trouvé un nom, suggéré

Prêté, flashé, vie et direction,

Directement de la forêt-mère à la poésie

de la minéralité.

 

Carole Radureau (10/11/2020)

 

Sur une photo et une idée de Serge

 

Le cimetière des éléphants

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Bois-mère

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Publié le 7 Novembre 2020

 

Ce n’est qu’un regard

Au hasard d’une photo

Surgie tout-à-coup

Ce regard qui te dit tout et qui

Ne dit rien

Cette impression de nouveauté

Non pas de souvenir, non

De fraîcheur, de gaieté

Pour un peu tu ne l’aurais pas reconnu

C’est lui, pourtant, ton grand-père

Il a quand même un petit air de son fils

Tu sais bien que c’est lui mais

Comment dire ce sentiment

Cette hésitation

Dans ce regard il y a une éternité

Ce n’est pas l’éternité ressurgie de son tiroir

C’est l’éternité du pouvoir

Figé

Sur une photo

Peut-être la seule

Qui est là et qui te dit :

« Regarde-moi bien, regarde »

Je te vois tu me vois

Avec mes deux yeux.

 

J’ai réalisé cela :

C’est la première fois

Que je vois mon grand-père

Avec ses deux yeux !!

 

Et ma mère après moi me dit :

« Moi aussi, je crois bien que c’est la première fois. »

 

Toute une vie près des siens

Les voyant par un seul côté

Comme le temps a dû être long

De ce handicap

Si jeune,

Cette brutale incursion dans la face :

Blessure interminable, éternelle

Que chacun de nous dans son sang

Porte encore en lui et en elle.

 

Si violente fut cette vie

Des racines arrachées, un œil

Une dentition

Blessures

Gratuites

De la vie

Comme autant d’épreuves dont, lui

Surgit,

Grandi et fort

Malgré la petite taille

Et longue fut-elle

Cette vie

Malgré tout :

Exemple !!

 

Mon grand-père qui nous regarde avec

Ses deux yeux bleus

Héritage transmis et encore transmis

Comme un message pérenne :

Ton arrière-arrière petite-fille Kessy

Porte à nouveau ton regard bleu de Bretagne

Le bleu de la mer et le ciel qui ne dit

Pas

Son nom.

 

Carole Radureau (07/11/2020)

 

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Agate mousse

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Publié le 5 Novembre 2020

 

Sur le fil de l’automne

Couleurs chaudes, couleurs tièdes

Filet rutilant masse de froid

Sera ou ne sera pas

L’hiver accompli

L’été indien

La promesse de froid ?

 

Mon peuple croît

Non, il ne croit pas

Il est cartésien et sa fibre

Vient d’une profondeur que seuls

Connaissent les lombrics

Une histoire de contes telluriques

A eux seuls connue

Comme un conte de fées

A l’envers.

 

Il ne viendra pas notre petit cueilleur indigène

Nous allons pousser rapidement

Comme nous savons le faire

Tendre nos regards vers le pas

Qui

Essaie de se faire silence

Mais qui brise une brindille

Camouflée

Sous une large feuille.

 

Le monde des hommes est en retraite

Une retraite certainement prolongée

Répétée

Il y a un message clair pourtant dans leur crise

Nous autres les âmes des bois le comprenons

Mais eux ne semblent pas encore

Dans leur mémoire dans leur sagesse dans leur intelligence

L’avoir fixé dans un marbre définitif.

 

Ici et maintenant, tout va bien disons-nous

Le calme n’est pas trompeur

Le repos adéquat

Nécessaire

Période à réflexion

C’est toujours dans le calme que se construisent

Les chemins de vie

Non dans les bagarres

Il y a un air qui dit :

Prends le temps de vivre de regarder d’écouter

De vibrer aussi de ressentir d’admirer :

Ton quotidien est rempli de richesse

Peu importe où tu te trouves

Ton environnement est un coffre au trésor

Ignoré

Là tu as le son

Là tu as la fibre

Là tu as la lumière

Là tu as l’essentiel

Là tu as, oui tu as

La sublime connexion.

 

Se sentir un avec la terre-mère

Partout

Peut se faire

Foi de champignon

Qui n’est même pas bon d’après

Mais qu’importe

Je suis un fruit de cette terre-mère et comme un fruit

Je me comporte

Je nais, je grandis, à cette étape on me trouve joli

Je fusionne avec mon microcosme

Je me reproduis

Puis vient le temps de la sagesse

Mon bonnet s’affaisse sous mes tempes grisonnantes

Sous ce bonnet tant de pensées tant de connaissances

A transmettre avant de prendre,

Tranquille,

Le chemin du retour à la terre.

 

Mission accomplie.

 

Que faire d’autre que d’admirer et comprendre ?

Que faire si ce n’est entendre ?

Il y a entre ici et le cœur des étoiles

Des messages qui disent :

Coupe-le son des informations

Ecoute le ventre de la terre

Réciter un poème tellurique

Dans lequel

Le champignon est un troubadour.

 

Carole Radureau (05/11/2020)

 

Inspiré par cette photo de Serge et par le moment présent

Réflexions de champignon

La musique qui réchauffe le coeur et l'âme

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #2e vague la dernière, #Terre-mère

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Publié le 3 Novembre 2020

Le kakapo

…..Chronique de l’oiseau rare……

 

Je vais bien finir comme un cousin

Dans un musée

Empaillé ! le kakapo ! Naturalisé

Certes, ça rend bien mais voilà

J’ai une longue espérance de vie, moi

J’aimerais la mettre à profit

Pour découvrir le monde

Mon petit monde, je ne suis pas un explorateur

Juste un citoyen de ce pays.

Ici avant les hommes

C’était le paradis des oiseaux :

Nul prédateur

Imaginez un peu cela !!

Pas besoin de voler, les ailes sont devenues petites

Pas besoin de courir

D’où ma démarche débonnaire

Pas besoin d’avoir faim

Les fruits poussaient partout comme sur une île paradisiaque

Pas besoin d’avoir peur

Ici nous sommes des oiseaux sympas

Accueillants, gentils et certains nous disent

Cons !

Imaginez cela !

Que du jugement keujvoudis !!

Il n’empêche qu’on en est là !

Les hommes maintenant nous considèrent comme des

Précieux

Des objets à préserver si possible

En dehors des musées

En attendant….

Moi, j’vous dis que ça va finir comme ça :

Un bel emplumé !

Bel empaillé !

Bel empapaouté !

Keujvoudis

Moi qui suis con d’après.

Carole Radureau (03/11/2020)

Strigops kakapo

Strigops habroptila

Perroquet kakapo ou perroquet-hibou

! En danger critique d’extinction (moins de 200 individus)

kākāpō (perroquet de nuit) en maori

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Oiseaux muses

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Publié le 2 Novembre 2020

Le loriot d’Europe

 

Luôlio (Fidelio)

Là, m’entendez-vous ?

Cette onomatopée qui rime avec mon nom

Dans la forêt sans elle

Nul ne devine ma présence.

 

Pourtant j’ai la nature citron

La fibre poussinesque

Je suis le sosie d’un soleil dans l’œuf

Un mimosa en habit de saison.

 

Ne rêvez pas trop

Il faut avoir l’œil aiguisé

Et le tympan perçant

Pour imaginer un peu mon aura.

 

Vous me rêverez, vous m’idéaliserez

Au pire m’admirerez sur les timbres très nombreux

A mon effigie

Mon auréole sacrée là, transparaît

Sans mon chant

Pour diffuser partout dans le monde

Ma douce et chaude physionomie.

 

Carole Radureau (02/11/2020)

 

Loriot d’Europe

Oriolus oriolus

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Oiseaux muses

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Publié le 1 Novembre 2020

Le plectrophane à ventre noir

J’aime la prairie

Les grandes plaines américaines

Ici c’est ma maison, mon habitat

Comme ils disent

Mais voilà que ces prairies ne sont presque plus

Ils ont tout bouffé

Avec leurs champs et leurs tracteurs

Leurs moissonneuses et leurs intrants

Cela fait un joli décor un paysage humain

Comme ils disent et pour un peu

Ils auraient envie de le classer au patrimoine de l’humanité :

Des couleurs bigarrées, des champs circulaires, en

Carrés, en losange, ah c’est bôô mais moi, mais moi

Dans tout cela ? :

Où je vais aller nicher ?

Parce qu’ici autrefois je pouvais le faire

A ma manière

Dans un nid au sol

Bien caché

Au milieu des hautes herbes

Si vous saviez comme c’était diversifié ici

Toutes les couleurs des fleurs du monde

Emplissaient les plaines de leurs palettes étincelantes

Il y avait des bisons à perte de vue

Ils étaient les maîtres de cet espace

De belles et imposantes figures

Avec parfois des bagarres

Des roulés boulés dans la poussière

Il ne fallait pas se trouver sur leur passage

Mais moi j’étais heureux

Je trouvais dans les traces tout plein de laine de bison

Soyeuse et chaude

Pour y faire mon nid

Mes poussins s’épanouissaient dans ce chaud duvet

Moelleux, bien protégés

Nous étions encore nombreux alors

Maintenant il faut nous reconstruire

Maintenant il faut repeupler cet habitat d’espèces diverses

Autrefois si nombreuses

Ils détruisent ils pillent ils polluent ils empiètent, les hommes

Et nous les oiseaux : que pouvons-nous faire

A part s’adapter si c’est possible

A ce monde infernal qui n’est pas le nôtre ?

 

Carole Radureau (31/10/2020)

 

Plectrophane à ventre noir

Calcarius ornatus

vulnérable

VIDEO

https://macaulaylibrary.org/asset/476875

 

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Oiseaux muses

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