Publié le 19 Octobre 2020

Le tadorne d’Australie

Je suis le vol patchwork

Qui klaxonne dans les airs :

Couahh !!

Tu ne m’as pas entendu ?

 

J’arrive là où nulle part

Est partout chez moi

Surtout si de la nue

L’eau s’invite avec émoi.

 

Ma parure est d’or

De chiné, le vert règne

Quand le blanc de mes ailes

Se déploie telle une voile

Au-dessus de la ville.

 

Je sais être original

Parfois je couds des pièces

De couleurs vives

Pour me détacher du lot.

 

Pour être beau, ça je le suis !

Foi de tadorne et ne me

Traitez pas de menteur !

L’art et la culture sont en moi

Comme un segment de pensée

Bien ancrés dans la profondeur

De mon patchwork crazy

Quasi spontané.

 

Carole Radureau (19/10/2020)

 

Tadorne d’Australie

Tadorna tadornoides

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Oiseaux muses

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Publié le 18 Octobre 2020

Et la colombe a dit :
Je suis heureuse. Sous l'immense ciel,
Sur l'arbre en fleurs, près de la pomme rose
Pleine de miel, à côté du doux rejeton
Et humide des gouttes de rosée,
J'ai mon foyer. Et je vole
Avec mon désir d'oiseau,
De mon arbre bien-aimé
Jusqu'à la lointaine forêt,
Quand, à l'hymne agréable
Au réveil de l'Oriente,
L'aube se lève nue et montre au monde
La pudeur de la lumière sur son front.
Mon aile est blanche et soyeuse ;
La lumière la dore et la baigne
Et zéphyr le peigne.
Ce sont mes pieds comme des pétales de rose.
Je suis la douce reine
Qui berce son pigeon dans la montagne.
Au fond de la forêt pittoresque
Voilà l'alerce dans lequel j'ai construit mon nid ;
Et j'ai là, sous le feuillage frais
Un poussin nouveau-né sans pareil.

Je suis la promesse ailée,
Le serment vivant ;
Je suis celle qui porte la mémoire de l'aimée
Pour l'amant pensif ;
Je suis la messagère
Des rêveurs tristes et brûlants,
Qui voltigeront en disant l'amour
A côté d'une chevelure parfumée.
Je suis le lis du vent.
Sous le bleu du ciel profond
Je montre de moi le trésor beau et riche
Les presses et les galas ;
Le roucoulement dans le bec,
La caresse dans les ailes.
Je réveille les oiseaux chanteurs
Et ils entonnent leurs chansons mélodiques ;
Je me pose sur les citronniers fleuris
Et je renverse une pluie de fleurs d'oranger.
Je suis tout innocence, toute pure.
J'éponge les envies du désir,
Et je frémis à la tendresse intime
D'un frôlement, d'une rumeur, d'une palpitation.

Oh immense bleu ! Je t'aime. Parce que pour Flora
Tu donnes toujours la pluie et le soleil ;
Pour avoir été le palais de l'aube,
Tu es aussi le toit de mon nid.
Oh immense bleu ! J'adore
Tes ouvertures souriantes,
Et ce subtil brouillard de poudre d'or
Là où vont les parfums et les rêves.

J'aime les voiles, faibles, vagabondes,
Des brumes flottantes,
qui tendent en des airs affectueux
Le siège en éventail de mes plumes.
Je suis heureuse ! Parce que la forêt est à moi
En elle se trouve le mystère des nids ;
Parce que l'aube est ma fête
Et j'aime mon exercice et ma bataille.
Heureuse, car  de doux désirs comblée
Réchauffer mes poussins, c'est ma fierté ;
Car dans les forêts vierges résonnent
La musique céleste de mon gazouillis ;
Car il n'y a pas une rose qui ne m'aime pas,
Ni de doux oiseau qui ne m'écoute pas,
Ni un seul chanteur qui ne m'appelle pas.
Oui ? dit alors un épervier infâme,
Et avec fureur il la met dans son gosier.
Puis le bon Dieu, là, sur son trône
( Alors que Satan, pour détourner sa colère
Applaudissait cet oiseau revêche)
A commencé à méditer.

Il a froncé les sourcils,

Et il pensait, en se rappelant ses vastes projets,
Et passant en revue ses points et ses virgules,
Que lorsqu'il a créé les colombes
Il n'aurait pas dû créer des éperviers.

Rubén Darío , Azul 1887, traduction carolita

Le TEXTE original

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Aragonite

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Publié le 18 Octobre 2020

Mont Mézenc vu du Gerbier

Mont Mézenc vu du Gerbier

Mézenc,

Puisant

Dans la veine de ta minéralité

Au plus près

Au plus pressé

Tu as le temps pour toi

Jamais le temps ne presse,

Mézenc

Mont des paresses où la fibre au plus profond de toi

Sans doute se tire aux forceps

D’autrefois.

 

Toi, mi hermana, tu es retournée à tes racines

Un cœur t’y attendait

Entre les bras

Gris et latents

De la pierre du firmament

De la suie couleur de froid

Du charbon

Tu as laissé derrière toi

Le port autonome,

Les pommiers et Vallourec

Pour chercher au tranchant des forceps

La voie des ancêtres.

 

Je me dis que de mon côté

Je ne sens pas mes racines

Mon sang est un nomade

Qui erre entre Andes et Amazonie

Même si

De fortes vibrations un jour je ressentis

Au sommet breton

Des monts d’Arrée.

 

Pourtant, je vois, je vibre

J’écris

Je te vois, Mézenc et je me souviens

De toi et du Gerbier de Joncs

Dans ma remembrance,

Un sang encore chaud

Bout dans mes tempes

Et dans la chaîne des Sucs

Le rire des genêts il y a quelques ans

A réveillé quelque chose de sacré.

 

Mézenc,

Vieux mont brigand

Serais-tu cette matrice ?

Ce fil conducteur qui mène au tramway

Qui déroule à l’envers

Les années ?

 

J’ai vu la photo des cousins

Le sang a parlé !!

Les sourires sont là dans le creux de ma main

Comme une saveur d’autrefois

Ce sont des inconnus, Mézenc ;

Pourtant le forceps a tiré malgré moi

Un air connu qui ne trompe pas.

 

La vie prend pour chacun ses tournants

Envoie tant de tentacules

Eparpillées, âmes

Esseulées

Autour de cette terre

La pierre a ce grand pouvoir

Réunificateur, celui

Qui te dis :

Prends !

Je suis ta sœur

En moi repose la veine-mère

La myrtille coiffée par le peigne en famille

La découverte du Mézenc et du Gerbier de Joncs

Et un endroit où reposaient des momies

A St Bonnet le château,

Les moissons, la canicule de 76,

Une vipère sous un arbre,

Une gamelle à moto,

Le père Bonhomme et ses vaches,

La tatan Philo et le tonton Eugène

Tout ceci a construit une citadelle

Qui ne s’oublie pas.

 

Mézenc,

Fils de la grande épopée rebelle

Là où sans doute les volcans

Etaient rois

Je vois qu’ici aussi les gens

Ont besoin de construire des édifices

Partout sur les sommets poussent les cairns

Non appropriés

Comme des traces de pas qui veulent se démarquer

Identifier leur présence

L’empilement de pierre pourtant

S’édifie dans le cœur, dans le sang

Le cairn à mes yeux est évocateur

De ses couches-ci de lasagnes que la souffrance

Erige en chaque être

Qui, lorsque tu les identifies

Doivent un jour être démontées

Pour repartir au zéro des racines

Là où, dans l’utérus précieux

La terre-mère bat la chamade,

Intemporelle,

Eternelle,

Te disant :

La vie mais qu’est ce que c’est ?

Si ce n’est ce grand tout

Qui résonne, qui vrombit

Dans chaque brin d’herbe

Dans chaque pétale

Dans chaque pierre

Dans chaque tronc

Dans chaque rivière

Dans chaque petite espèce si infime soit-elle

Qui te rappelle

Que l’éternité est ta maison

Que la terre est ton véritable réceptacle.

 

Mézenc,

Jeune mont mimétique

Au-delà de ta grande puissance

De ta profonde minéralité

Je vois des visages qui s’inscrivent

Qui me sont chers et bien au-delà

Y aurait-il malgré tout

Une goutte de sang restée coincée

Entre la mine et les apparences

Cette goutte de sang

Que ma sœur

M’envoie

Avec puissance

Comme pour me rappeler

Que dans la solitude

Il y a au-delà

Des pierres qui se rappellent de nous ?

 

Carole Radureau (18/10/2020)

Photos de ma soeur Catherine

Ferme où la Loire prend sa source

Ferme où la Loire prend sa source

Mézenc, mont des racines

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Tempe minérale

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Publié le 17 Octobre 2020

La paruline à cimier jaune

Je suis la gardienne

Du déjeuner citron

La révérence du kaki

La figue qui espère la maturité

Je suis la ferveur de topaze

Le chauffé au jaune d’une opale

Qui espère la maturité

Je suis la chanteuse

A la voix flûtée aussi citronnée

Que le grog dans vos pays froids

Je suis la beauté rapide et curieuse

Qui sautille dans des bois encore vierges

Sur des branches non encore vues

Qui déguste des insectes non encore découverts

Qui se trémousse sur un air de paradis

Mais non, je rêve et mon rêve est de couleur jaune

Comme mon petit chapeau doré à l’or fin des circonstances

Ils cherchaient l’Eldorado

Ils auront trouvé la paruline

Moi ce grand trésor d’Abya Yala

Je ne me laisse pas, rabaissée dans les souterrains

De l’ignorance et des espèces en voie d’extinction

Mon cri est aussi celui du soufre

Il émet à distance la vapeur

Qui sert à protéger mon aura.

 

Carole Radureau (17/10/2020)

 

Paruline à cimier jaune

Myoborus flavivertex

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Oiseaux muses

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Publié le 16 Octobre 2020

L’engoulevent d’Europe

En pierre je voudrais me transformer

Me fondre cœur de silex

Me diluer sueur de granite

Jusqu’à ne plus être que minéralité.

 

En bois je voudrais me transformer

En veine odorante et résineuse

En nœud de bois riche et célèbre

En petite branche toute simple :

Adéquate.

 

Roi de l’homotypie, c’est vrai

Vous ne me connaissez pas

Je suis le magicien de la fonte de ma matière

Propre

Je vis si bien caché le jour

Si bien présent mais la nuit, suie sur mon apparence cryptique

Vous passez

Ne me voyez pas : pierre, bois, nuit, moi.

 

Malgré tout, dommage que l’on me connaisse peu

Je suis et resterai oiseau mystérieux

Celui qui seul dans les airs se découpe

Sur le bleu de la nuit qui tombe tel un fruit mûr

Je me découperais

Ombre chinoise et retentira mon chant

Comme pour signifier : engoulevent : presente !

 

Carole Radureau (16/10/2020)

 

Engoulevent d’Europe

Caprimulgus europaeus

 

L’engoulevent d’Europe

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Oiseaux muses

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Publié le 15 Octobre 2020

D’un vieux tronc

Dégingandé

Abandonné

Tout filandreux

Tout caverneux

Il en a fait son coffre-fort

Un vrai trésor y est caché, oui :

Des centaines de glands.

 

C’est un réservoir calorique

Une niche à glands

Un tronc percé

Un labyrinthe à trésor

Une bourse pleine.

 

Avec sa bande de pics

Il veille et surveille

Attention au trésor !!

Attention au coffre-fort !!

Nul ne peut l’emporter, non

Mais on peut le piller

De ça, pas question foi de pic

Il n’est pas né l’écureuil malin

Qui se frottera à la caverne d’Ali Baba.

 

J’ai parlé trop vite ?

L’écureuil est trop futé

Mais le pic un guerrier

Va, lui vole dans les plumes,

Va, le poursuit,

Lui pique le cul.

 

Ce ne sera que partie remise

Monsieur Ecureuil n’est pas peureux

et le vieux tronc si précieux

Maintenant que monsieur pic

Y a plongé son trésor.

 

Carole Radureau (15/10/2020)

 

Pic glandivore

Melanerpes formicivorus

 

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Oiseaux muses

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Publié le 15 Octobre 2020

C’est la fête ma fauvette

L’arbre de vie : l’as-tu vu ?

Il est rempli de figuettes :

Figuettes à perte de vue.

 

L’air embaume de ce parfum

C’est naturel, un indicateur

La fauvette sur la piste, un entrain

Bec et bec, elle pique en plein cœur.

 

C’est la fête, c’est la fête de la figuette

Dame fauvette c’est une reine

Sans couronne sur la tête

De vitamines et d’arômes : sereine.

 

Carole Radureau (15/10/2020)

 

Inspirée par cette vidéo de Serge

 

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Oiseaux muses

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Publié le 14 Octobre 2020

Le canard à oreilles roses

Laissez-moi barboter

Je suis un canard tranquille

Qui aime par-dessus tout

La compagnie

La compagnie des congénères et

De l’eau.

 

Vous voyez je ne demande pas grand-chose

De mes petites oreilles roses

J’entends les bruits du monde

Mais je les maintiens

Au loin.

 

Vous vous moquez de mon bec ?

Il semble vraiment très gros

Disproportionné disent-ils les spécialistes

Pourtant c’est un bec spécifique

Aux fonctions filtrantes :

C’est votre carafe britta, votre grille filtrante

Du robinet, votre charbon actif, votre passoire que sais-je

Mon bec à moi c’est mon couteau suisse

Je suis paré pour la vie

Sur l’eau, la vie flottante

Nénuphar aux oreilles rappelant son destin.

 

Carole Radureau (14/10/2020)

 

Canard à oreilles roses

Malacorhynchus membranaceus

 

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Rédigé par caro et hobo

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Publié le 13 Octobre 2020

Le miro boodang

 

Quand le petit anarchiste

Part

Sur le sentier de la collecte

C’est pour y dénicher

Des insectes

Là où ils se trouvent, même cachés

Le miro les débusque et pas de

Quartier.

 

Il hume l’air puissant

De l’eucalyptaie

Sait faire des inhalations à la joie

De vivre

Avec tant de principes actifs

Présents dans les airs.

 

Le petit anarchiste a une petite femme

Plus atténuée

Elle retranscrit avec douceur la violence

Profonde du rouge de l’espérance

Mais ne renonce pas à la liberté.

 

Carole Radureau (13/10/2020)

 

Miro boodang

Petroica boodang

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Oiseaux muses

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Publié le 13 Octobre 2020

C'est si beau ce qu'écrit Dario dans ces vers très bien construits. Petit essai pour vous donner un aperçu en français de cette beauté, mais c'est clair que c'est toujours mieux à lire en version originale. Contente d'avoir pu me procurer un vieux livre de Rubén Dario (en espagnol), il manquait à ma bibliothèque poétique en langue castillane. Si cela vous plaît, je traduirais un extrait des autres saisons.....

 

Primaveral

Mois des roses. Mes rimes vont

En ronde, dans la vaste selva,

Chercher du miel et des arômes

Dans les fleurs entrouvertes.

Viens, aimée. La grande forêt

C’est notre temple, là-bas ondule

Et flotte un parfum saint

D’amour. L’oiseau vole

D’un arbre à l’autre et salue

Ton front rosé et beau

Comme une aube ; et les chênes

Robustes, hauts, orgueilleux,

Quand tu passes agitent

Leurs feuilles vertes et tremblantes,

Et froncent leurs rameaux comme

Pour le passage d’une reine.

Oh ! Mon aimée ! Il est doux

Le temps du printemps.

******

Mes de rosas. Van mis rimas
En ronda, a la vasta selva,
A recoger miel y aromas
En las flores entreabiertas.
Amada, ven. El gran bosque
Es nuestro templo, allí ondea
Y flota un santo perfume
De amor. El pájaro vuela
De un árbol a otro y saluda
Tu frente rosada y bella
Como a un alba; y las encinas
Robustas, altas, soberbias,
Cuando tú pasas agitan
Sus hojas verdes y trémulas,
Y enarcan sus ramas como
Para que pase una reina.
¡Oh, amada mía! Es el dulce
Tiempo de la primavera.

Rubén Dario traduction carolita

Le poème original

 

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Aragonite

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