Mets sur tes mots le miel
Ou plutôt La miel comme on dit en castillan
La miel de dorycnium qui fait couler son suc
Tout comme coule encore le rio qui n’a pas la gorge sèche.
Que ta parole s’enfonce
Dans les oreilles
Avec la force de sa miel :
La miellitude associée.
Le poète est un barde mi-miel, mi-fée
Et son chant fuse comme une lave de miel
Dans toutes les directions :
Le levant de miel de châtaignier
Celui qui a pour mission la révélation du piquant
Le sud à la miel de lavande au goût forcément prononcé
Du terroir à la face brûlée
Le couchant se pare de la délicatesse
De la puissance de la miel des pinèdes
A l’accent corsé, aux rimes embrassées
Le nord a pris la force du temps à bras le corps
Pour y glisser sur sa parole la miel de salicorne.
Le correcteur me glisse à l’oreille que La miel le gêne aux entournures
Son conformisme le confond mais de ça il n’en a pas conscience
Il est formé et éduqué pour diffuser une pensée, une règle précise
Sans prendre de chemins détournés
Tout comme l’homme à son tour le fait
Oubliant le chemin de traverse sur lequel les miels de poésie se trouvent
Forcément cachés.
Trouver la miel de la poésie dans le buisson ardent
Se fait hors des sentiers battus
Trouver la miel de minéralité ne peut exister dans la ville altière
Fière de sa puissante croissance pourtant si flexible au demeurant.
Je porte en mes mots toutes les substances les nuances les tonalités les sens
De la terre
Je vous les porte à vos oreilles avec cette robe de velours
Celle que dame abeille nous offre avec son don du cœur
Le cœur est bourdonnant quand le sucre est la question
La parole est bourdonnante quand la miel la propulse
L’arc tendu de l’amour projette autour de la terre
La poésie mielleuse à souhait, mellifère à souhait, minérale à souhait
Pour esgourdir correctement, directement ce qui va du pavillon joyeux
Au centre de traitement des mots
Pour en faire un plan sur la comète
Qui se réalisera bientôt
Quand tous vos mots seront de miel
Votre langue chargée d’espoir
Pour écrire enfin une histoire poétique
Dans laquelle la destruction n’a plus son mot à dire.
Carole Radureau (01/08/2020)