Renaîtra-t-il le bleu de notre porcelaine

Sous le reflet bleu du ciel ?

Voleront-elles nos ailes figées par le temps

Dans cet espace ancestral cette caatinga d’antan ?

Je ne sais pas ce que c’est, moi

La liberté

Je ne sais pas ce que c’est, moi

De me nourrir dans les bois

Je ne sais pas si mes gènes auront la force

Du retour

Si la mémoire ancienne y est inscrite

Toujours

Je ne sais pas si j’aimerais goûter aux pignons

Du pin du Pará

Comme moi il est très menacé, non éteint mais ça viendra

Je ne sais pas si à nouveau la convoitise

Portée comme une main funeste sur notre condition

De nouveau nous raptera nous mettra de nouveau en cage

Je ne sais pas si l’ombre curieuse

Interrogatrice de mon coloris dilué

Aura la force nécessaire pour saisir à bout d’ailes

De toute ses forces

La liberté qui nous est à nouveau offerte.

Carole Radureau (06/03/2020)

Ara de Spix

Cyanopsitta spixii

Eteint à l’état sauvage

Programme de réintroduction

Fleur comme toi

Aujourd’hui épanouie

Fanée

Demain

Je prends conscience de mon état de mortelle :

Je l’accepte.

Fleur qui me dit, qui m’enseigne

Par son exemple-clé

Comme il est doux de grandir

De s’épanouir

De donner la vie

Puis de s’éteindre peu à peu

Naturellement.

Un jour tu es là, fleur

Le lendemain, tu n’es plus

Et nous reste de toi

Comme un parfum ambiant

Toutes les histoires, pensées

Du moment présent vécues

Près de toi.

Aussi bien que la fleur renouvelle en une autre

Son propos

Je suis et ne suis plus et pourtant je suis encore

Dans chaque graine dans chaque fibre dans chaque être

Eternelle

Chair d’univers en moi

Mais aussi en toi

Toujours renouvelée.

Un jour refleurit la nouvelle fleur

Un jour naît le pinson nouveau

Un jour s’éveille un chant neuf

C’est la vie qui à travers nous répand

Son éternité.

Carole Radureau (06/03/2020)

Méditant, faisant un travail sur soi pour accepter sa condition de mortelle.

…….l’oiseau qui vole n’a pas de maître….

Elle a regardé la feuille

Son regard enjambé par une arche blanche

Elle me disait d’écrire et moi je l’entendais

Sa lyre était perchée

Bien au-delà du temps

Sur l’arche îlienne des Salomon

Dans son écrin de verdure.

Les mots venaient et

Coulaient

Des mots-clés des sans rimes des mots

Simples juste

Déchiffrés comme de son apparence

Comme des mots-calme, des mots-sérénité, des mots-

Paix, des mots-repos

Qui tombaient

Un à un

Sans un bruit

Comme des feuilles

Dans l’escarcelle du papier amate destiné

Au songe des poètes.

L’oiseau était une muse et la muse toujours

Un oiseau

Comment pourrait-il en être autrement que dans la selva

Dans la forêt tropicale niche

Celui ou celle qui porte en son cœur toutes les notes

De musique embaumées de soleil

Qui viennent,

Comme des évidences écrire les mots des poètes.

Carole Radureau (07/03/2020)

Ninoxe de Jacquinot

Ninox jacquinoti

Famille : strigidés

Localisation : îles Salomon occidentales

Habitat : forêt humide tropicale et sub-tropicale

Régime : arthropodes, vertébrés

Couvée : 2/3 œufs

Menacée ? non

Nicher au cœur d’un arbre

Entendre chaque jour battre

Son cœur

Circuler sa sève

Dessiner sa mémoire dans chaque fibre

Se sentir protégé par sa hauteur

Par sa force

Par son âge

Par sa douceur

Elever de petits oiseaux

Blottis dans la chair de l’arbre

Avec au-dessus d’eux un toit

Avec en- dessous d’eux un espace

Avec en ligne de mire un hublot vers

La vie qui se prend

A tire d’ailes

Plus jamais on ne se sent faible

Quand on a grandi dans la force de l’arbre

On passe une vie avec sa cape d’invisibilité

Qui crée un espace de douceur sans cesse

Renouvelé.

Carole Radureau (06/03/2020)

Pic noir

Dryocopus martius

Gentiment avance la tourterelle

Dans le jardin

Comme le souffle d’un ange déposé sur l’herbe

D’un petit pas tranquille

Avec assurance mais aussi méfiance.

Elle est calme elle est pacifique

Rarement on la voit s’emballer

Avec sa compagne elle vit sa vie

Complice

Et parfois dans l’arbre

Je les vois se bécoter.

L’environnement est un petit havre

Où l’oiseau est le maître des lieux

Il se fond au milieu

De la bande à Bonnot

Marche de son pas débonnaire

Entre mésanges et pinsons

Si le merle noir est là

Pas de problème on déjeune côte à côte

Mais quand les petits sont cachés dans un nid

Où ? Ça, jamais je ne le sais,

Parfois,

Bibendum se montre agacé envers les bisets

Les envahissants.

J’aime voir les tourterelles

Deviner le message qui circule dans leurs yeux

Elles tournent la tête

De droite et de gauche

Comme s’interrogeant

Elles semblent toujours en réflexion

Ce qui m’interroge moi-même

J’anthropomorphise des pensées qu’elles n’ont certes pas

Je leur donne une identité qu’elles méconnaissent parfaitement

Je me les attache comme des personnes précieuses

De mon petit environnement

Elles sont, mais c’est vrai ça

Mes animaux familiers,

Sauvages,

Et ça c’est ce que j’aime mais

Pourtant, pour autant

Familiers.

Carole Radureau (04/03/2020)

Tourterelle turque

Streptopelia decaocto

Le mur est à nouveau tout triste

Il est ce qu’il est le mur

Ce qu’on en a fait

(peinture, affiches, amulettes, fils électriques qui pendent

en vrac)

Je le regarde :

Il me paraît différent à présent que je sais

Comme sur lui

A l’aube

Se dessinent les oiseaux :

Pochoirs naturels comme un clin d’œil du soleil

Celui qui permet tout

Celui qui fait des blagues dès le réveil

Celui qui illumine le jour

En fait un gâteau joyeux

Prêt à être dégusté.

Les oiseaux se sont invités

Ils ont volé de la fenêtre au mur

Comme pour me dire :

Ne nous oublie pas

Ne faiblit pas

Continue le travail le document le conte le verbe le coup de crayon parfois difficile la rime la prose l’imagination la verve les histoires le contexte la vérité la dénonciation le reflet la magie le rêve l’intemporel

Nous sommes là, nous les oiseaux

Partie intégrante de ta vie

Comme une clé qui tout à coup

A trouvé sa serrure alors qu’elle la cherchait depuis si longtemps

Nous sommes là et vois comme nous sommes une clé positive dans ta vie

Comme un tournant nécessaire une révélation une humeur non changeante une adéquation une multiplication une décision une remise en question une complémentarité.

Quelques pochoirs m’ont mis le soleil à l’œil

Le verbe au cœur et l’image à n’en plus finir.

C’est ainsi que j’avance à pas feutrés

C’est ainsi qu’avec eux je vole

A ailes déployées

C’est ainsi qu’à travers eux je navigue

Sans boussole

Sans bouée

C’est ainsi qu’avec eux je cours sans cesse pour nourrir des becs

C’est ainsi qu’avec eux je médite et prends de la graine

C’est ainsi qu’avec eux je partage à n’en plus finir.

Ils sont là car il y avait ce vide ce grand vide

A combler

Ils étaient là depuis toujours mais comme au second plan

Dans ma vie ils ont débarqué physiquement et verbalement

Comme une évidence

Et sur le mur de mon petit matin tout frais et lumineux

J’ai vu leur clin d’œil

Mon cœur comme un phare a clignoté mais non un SOS

Il a clignoté un Je vous aime.

Carole Radureau (03/03/2020)

C’est pratique la cuillère insérée dans mon bec

Cet outil adéquat qui met l’eau

A la bouche et avec

Tous les petits délices aquatiques.

Moi je vis une vie de canard

Tranquille

Se baladant à la surface de l’eau

Parfois j’ai une petite querelle de voisinage

Je fais coin coin puis bat des ailes

Pour libérer toute l’énergie négative

Ensuite dans le moment présent

Je me plonge

Moi, le grand maître zen de la pleine conscience.

Vous ne me croyez pas, je le vois, je le sens :

Alors

Regardez-moi

Prenez le temps la seconde la minute

De bien regarder mon attitude comme posée

Sur l’onde

Tel un lotus bien concentré.

Enseignement vous en tirerez

Et canard vous deviendrez vous-mêmes

Chaque fois que le moment présent semblera éloigné

Chaque fois qu’il sera nécessaire

D’être

Parfaitement conscient.

Carole Radureau (03/03/2020)

Canard spatule

Spatula platalea

Sur l’estampe vive de mon jardin

Sur le blanc cassant et

Le profil subtil de l’érable japonais

Se dessine

En ombre chinoise

Un petit oiseau vivant.

Il a la rapidité au corps

La malice dans son regard

Et sur son cou, intemporelle

La mare

Aux reflets cuivrés comme

Un jus d’orange rebelle.

Il arrive le petit curieux

Il s’approche chaque jour un peu plus

Il aime quand là-haut du présentoir

Les moineaux trient le bon grain de l’ivraie.

Lui au sol il peut manger choisissant

Ce qu’il aime

Sa petite gorge étincèle quand le jour oublie de se lever

Sa petite gorge est une touche de vitamine

Quand la pluie grisaille l’ambiance

Quand le vent balance l’ivraie de travers

Les rameaux trop tendres de l’érable

Avec sa promesse de pucerons.

Georges le rouge-gorge

Rayon de soleil du jardin

Va et vient

Se cache et réapparaît

Il aime trifouiller dans la jardinière de pensées :

Georges est un jardinier-poète qui

Dans la graine, dans l’ivraie, dans le fruit de la vie

Puise des mots-clés.

Carole Radureau (01/03/2020)

Rouge-gorge familier

Erithacus rubecula