A l’heure du korrigan
A l’heure du sourire secret du chat
Je t’écrirais car je n’ai pas envie d’écrire
Je te dirais mi pachamama
Comme ils sont beaux tes fruits
Comme elle est belle ta chair
Comme ils sont frais les jours que tu nous offres
Chaque jour
Il n’y a pas de peur il n’y a que le fruit tendu
Dans une coupe vierge
La fleur de la vertu
Il n’y a qu’un temps pour manger
Un autre pour boire
Un pour respirer
Un pour admirer
Que de souffrances s’infligent les hommes
Comme ils sont fiers de leurs pensées
Qui les illusionnent les inquiètent les propulsent
Vers un futur néfaste
Les ramènent au passé triste
Il n’est que de vivre ce que l’on doit vivre
Il n’est que de se tourner vers son souffle
Sa seule vérité
La connexion avec toi mi pachamama
La seule chose qui soit
J’aimerais me plonger dans ton enfer encore vert
Entendre ce vacarme que font les oiseaux dans la forêt encore vierge
J’aimerais rire de toutes ces trombines que tu as données aux animaux
J’aimerais connaître toutes les cartes du ciel et les légendes
Qui vont avec les
Formes voluptueuses des forces de la nuit
J’aimerais être un ver pour me glisser dans les souterrains de ta chair
Tisser les racines de tes arbres en faire des sacs en bandoulière
Dans lesquels je diffuserais ton message
Je n’ai pas peur de demain car je sais que demain passe par ce moment-même
Je n’ai plus mal au passé car je sais que ce passé est passé par ce moment-même
Je me contente de vivre de te suivre et d’aimer
D’être heureuse d’être là
De te remercier
Comme c’est riche ce que tu m’as offert
Ce que tu m’offres à chaque instant
Je lève la tête je vois la lune pleine comme un œuf
Brillante comme des écailles de poisson
Instruite comme dame Hildegarde de Bingen
Coquine comme une à qui on ne le fait pas
Patiente comme moi car je suis sa fille sage et respectueuse
Je lève les yeux je vois
Des nuées d’oiseaux
Chaque jour ils dictent leurs messages avec force mouvement
Force couleurs
Force vie
Je les regarde je te vois toi
Je me vois entourée d’oiseaux
Je suis heureuse
Je lève les yeux que vois-je ô miracle
De tendres pousses vertes vêtent mes rosiers
Même des fleurs viennent déjà perdues dans l’égarement d’hiver
Trop précoces trop confuses trop de trop
Elles sont là car le climat leur est favorable
Elles périront si le froid devient vif
C’est ainsi que les choses se passent
Pour elles comme pour nous
Il n’y a qu’une vérité c’est la tienne
Il n’y a qu’un message c’est le tien
Peu de choses sont importantes en dehors de ta main
Sur le battement de nos cœurs
De ton souffle sur la buée de nos souffles
De ton regard confiant dans nos yeux parfois égarés
De ton rire éclatant quand se brisent les mâchoires
Sur des os quotidiens
De ta confiance réitérée même si ton message est ignoré
De ta compassion même si on se demande si certains la méritent
Il y a une chose de sûre c’est que l’inconscience dirige le monde
Elle roule à contresens
Qui va lui dire qu’elle est inconsciente l’inconscience ?
Aurons-nous le temps d’irriguer la pleine conscience
Aurons-nous une chance encore de tout recommencer
Un jour dans mille ans dans dix mille ans
Quelque chose de beau
Un sourire
Illuminera le monde
Ce ne sera sans doute pas le sourire d’un humain
Ce sera un sourire
L’énergie alors sera pleine et comblée
Les choses iront bien
Mi pachamama
Pourra alors
Se reposer.
Carole Radureau (12/01/2020)