Prenez-moi sous votre aile

Emmenez-moi dans les pinèdes grasses

Où dorment bien au chaud des pignons équitables

Où viennent parfois des tordeuses

Pour nourrir mes petits.

Oubliez surtout de me garder près de vous

J’en ai soupé moi, l’errant

Des arrangements dans les cages

Des captures et des privations de liberté.

Déposé dans le lieu où la vie s’exprime

Mon canari profond, mon kaki ardent

La délicatesse de mon propos

S’exprimeront enfin comme cela devrait être

Depuis toujours.

Carole Radureau (24/01/2020)

Grosbec errant

Hesperiphona vespertina

vulnérable

Cherchez-moi entre Bío-Bío et Aysen

Mais surtout

Respectez-moi

Je suis fils des bois et

Entend le rester.

Picotant picotant

Cette surface adorée

Qui cache

O merveille !

Tant de vie !

J’y fais mon nid y élève mes petits

Je tambourine sans cesse

Ma vie est un tambourin sur lequel

S’inscrivent en lettre de bois

Les sculptures délicates de ma destinée.

Carole Radureau (24/01/2020)

Pic bûcheron

Veniliornis lignarius

Oiseau de tous les transports

De la danse rythmée

Un duo a élaboré son dessin

Sur l’eau

La beauté d’un coup a porté

Un nom

Oiseau qui porte sur son dos

Tel un bateau

Sa marmaille

De délicates et trop mignonnes têtes

En arlequins déguisées

Avec des mines curieuses

Délurées

Pourtant se cachant dans le plumage :

Comme cela doit être tendre et doux

Naviguer sur le dos d’une maman

Voir l’onde réciter 3 vers en alexandrins

L’eau se rouler de rire par terre

L’eau qui invite et fait peur

La maman qui navigue sur sa poésie

Est une ode qui a troqué la rime pour le son

C’est une onomatopée puisée dans une glotte douloureuse

Une beauté en culotte de plongée.

Carole Radureau (23/01/2020)

Grèbe huppé

Podiceps cristatus

Viens avec moi tester ce nid

Comme un matelas

Regarde s’il est moelleux

Ce site convient-il

y-a-t-il a proximité le boire

Et le manger

Une petite aire de repos confortable

Pas trop de prédateurs ?

Chantons l’accomplissement de notre amour

La tendresse a niché dans ton ventre

Des perles coquillées à nulle autres pareilles

Déposées avec soin sur le matelas tissé

Elles écloront

Nous serons heureux mais très

Vite

Occupés.

Carole Radureau (23/01/2020)

Cardinal à poitrine rose

Pheucticus ludovicianus

Son* du tocororo

Bleu, blanc, rouge sont mes couleurs

De cuba je suis l’oiseau symbole

Est-ce courant, si

Est-ce courant, no

De porter ainsi les couleurs du drapeau ?

Je chante et je chante

Mes quelques mots sont : toco- toco

Tocoro- tocoro !

Tocoro-tocoro, si !

Tocoro-tocoro, no !

C’est mon chant de Cuba

Un chant qui crie bien haut :

Vive la liberté !

La liberté, c’est ma femelle à moi !

Je la vois où qu’elle soit

C’est ma plus belle garantie

La femme de ma vie.

On m’enferme dans une cage ?

Tocoro-tocoro, no !

Je meurs tristement

Tristement je meurs, oui je meurs

Comme un oiseau privé d’ailes.

Je meurs, tristement, je meurs

Comme un oiseau à qui l’on coupe l’air :

Tocoro-tocoro-no !

Tocoro-tocoro, si !

Aimez-moi !

Tocoro-tocoro, si !

Regardez-moi oiseau libre !

Entendez ma chanson tocororo !

Admirez l’expression de la bandera

tocoro, si  !

Aimez-moi, si !

Aimez-moi, si !

Carole Radureau (22/01/2020)

Trogon de Cuba

Priotelus temnurus

*Le son est un genre musical cubain

L’arlequin a mis son habit de Commedia dell’Arte

C’est une combinaison de plongée

Bleu pétrole sur lequel la neige

A inscrit 3 nids

La rouille s’y est mise

Et le feu a pris.

Il n’est pas un arlequin de la série

Qui traite à l’eau de rose la vie

Les sentiments

Lui il serait plutôt un arlequin de conquête

Son tumulte rime avec celui des torrents

Dans la révolte des eaux il vivote

Gentiment.

Comme un arlequin sa vie est une alliance

De couleurs épanouies qui dictent au soleil

Sa leçon

Qui dictent à la lune la comptine des chaussons fourrés.

Carole Radureau (21/01/20)

Arlequin plongeur

Histrionicus histrionicus

Si petit que l’air se sent trahit

Par la promesse des fées des buissons

Si mignon que le nuage en pâlit de jalousie

Son habit chic et choc

Constitué de chevrons

De déchiffrés cryptiques

De rimes en glyphes dévoilés

Sa petite queue particulièrement

Dressée

Tout ceci fait dire aux gens :

Qu’il est mignon !

Et c’est vrai qu’il l’est

Un jour je le rencontrais dans mon jardin

Seul au milieu de la bande à Bonnot

Je l’ai reconnu car sa petite queue dressée

M’a compté un message

Je lui ai dit bonjour et lui

Il m’a répondu.

Carole Radureau (21/01/2020)

Troglodyte mignon

Troglodytes troglodytes

Voyez-moi

Ecoutez-moi

Aimez-moi

Quand sur les aires de pique-nique

Des Rocheuses

Mon électricité bleue ma tête

Noire comme le jais

Vous fixent alors que d’un coup sec

Mon bec dévoile le gland sous la feuille

Admirez-moi ne suis-je pas extrêmement

Beau

Extrêmement élégant

Très esthétique noir de jais bleu de méthylène

Bleu de porcelaine

Bleu comme le sang

Bleu comme une petite jacinthe des bois

Une airelle ou un bleuet comme on dit par chez nous

Bleu et noir en opposition au rouge et noir

Mais non moindre

Avec dans le sang une pointe de pigment minéral

Comme pour dire aux hommes de ce monde :

Quand la huppe du geai se dresse

C’est signe qu’il faut y aller !!

Carole Radureau (20/01/20)

Geai de Steller

Cyanocitta stelleri

Dans son nid flottant

Joncs sifflants, végétaux par la grâce

Recourbés

La mouette trône comme une grande dame

Assise sur le trésor royal.

C’est elle la maîtresse de la pérennité

La donneuse d’ordre

L’ordonnatrice de naissance :

A vos marques ! Prêts ? Naissez.

Cassez-moi cette foutue coquille

Cette membrane protectrice

Qui a chauffé sous des fesses aimantes

Sa grande détermination.

Sortez vos petits becs de mouettes

Vos physionomies liées aux conditions extrêmes

Agitez-vous, réchauffez-vous

Mes si tendres rejetons !

Je serais celle qui envoie dans le ciel patagon

Un message ailé se souvenant des peuples originaires

Yaghans, Onas, Selknam, Tehuelche

Que mes aïeux côtoyaient autrefois

Eux qui périrent par le fer et par le sang

Enchaînés comme des bêtes

Exhibés dans des zoos.

Moi, la mouette jamais on ne me capturera

Je suis celle qui joue à cache-cache avec les nuages

Qui tire le fil de l’invisibilité

Je suis celle qui surfe même sur les vagues du ciel

Avec mon regard effilé

Mon air de ne pas y toucher.

Carole Radureau (20/01/2020)

Mouette de Patagonie

Chroicocephalus maculipennis

"Gaviota cahuil"