Le venturon corse
Je vais sortir des sentiers battus
De tous les descriptifs ornithologiques
Voler au-dessus des monts corses
Quand les pins cessent enfin et que l’air
Raréfié me glisse un sifflet particulier.
Dans le maquis le ciste me parfume les bronches
L’olivier glisse un cil couleur vert d’orezza
Sur mon œil qui se ferme
Sur l’au-delà bleu de Méditerranée.
Moi ce que j’aime surtout c’est l’œil de Ste Lucie
Parce qu’il porte chance
Parce qu’il aime regarder le présent comme un
Présent
Et le présent c’est mon quotidien à moi
Je suis un oiseau à la grande sagesse.
Je suis aussi l’oiseau du minéral
Je survole la force tellurique de l’île
J’en fais un conte riche en matière
Par exemple dans la rhyolite de l’Argentella
Je rêve que je suis un cheval ailé couleur châtaigne
Qui parcours à tire d’ailes
Le territoire sans jamais se fatiguer.
Je me confie au corail rouge car le sort
Il sait repousser
Moi le sort je n’y crois guère car je suis un oiseau
Fort et fier qui ne craint ni la buse ni la méduse :
Pourtant je respecte la tradition.
Quand je crèche dans les calanches
Au granite de Porto je me confie
Il est rouge comme le sang d’un écorché
En lui dorment des milliers d’yeux qui ont crié
A la lune
Leurs rêves et leurs espoirs.
Quand je prends mes quartiers d’été
Dans les îles Sanguinaires
Chaque soir où le soleil
Semble
Se perdre dans une effusion de sang
Je ris de toutes ces métaphores qui riment
Avec la mer
Pour m’endormir sans façon
Dans un petit nid sculpté en dorite noire.
A la veillée de noël on me trouve au Cap Corse.
Ici veille ma tendre compagne
Je lui confie mes carnets de voyages
Mes notes et mes dessins
Mon amour est une serpentine étoilée
Du nom de Verde Stella.
Vous me croyez n’est-ce pas ?
Carole Radureau (11/12/2019)
Venturon corse
Carduelis corsicana