Publié le 27 Décembre 2019

Le cassenoix moucheté

 

L’écureuil n’a qu’à bien se tenir

Surtout bien cacher ses noisettes

Je suis celui qui collectionne les fruits secs

Qui les comptabilise qui les subtilise

Qui les enterre et qui sait les retrouver.

 

Je suis le roi de la noisette

Le prince des gouttes d’eau en pur cristal

Qui sur ma robe

Glissent

Sur le métal chaud et froid du plumage.

 

Je vole et brillent mes gouttelettes

Reluit l’éclat de zinc de mon bec

Clapote dans ma glotte

Ma collection de noisettes :

Je suis original vous ne trouvez pas ?

 

Carole Radureau (27/12/2019)

 

Cassenoix moucheté

Nucifraga caryocatactes

 

 

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Publié le 27 Décembre 2019

L’avocette élégante

 

Marcher dans l’eau pour moi,

Limicole élégant et gracile

C’est une danse connectée à l’estomac

Quand il gargouille

Qu’il est aux abois

Mes longues pattes s’activent

Mes orteils trifouillent

Mon bec devient sécateur tranchant

Ma glotte s’éveille :

Le ventre a faim.

 

Dans l’épuisette de ma vie

Tombent

Un à un les petits crustacés.

 

Mon ventre mais c’est une marmite

Dans laquelle bout la bouillabaisse

De la reconnaissance

Avec le petit parfum safrané

D’une rouille à en tomber par terre.

 

Carole Radureau (27/12/2019)

 

Avocette élégante

Recurvirostra avosetta

 

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Publié le 27 Décembre 2019

Manchot

Manchot

Ni bête, ni enfant, ni noir
ni blanc mais vertical
et une innocence interrogative
vêtue de nuit et de neige.

La mère se moque du marin,
du pêcheur à l'astronaute,
mais l'enfant ne rit pas
quand il regarde l'enfant oiseau
et l'océan en désordre
passager immaculé
émerger d'un deuil enneigé.

Je fus, moi, certainement l'enfant oiseau
de retour dans les archipels froids :
quand il me regardait avec ses yeux,
avec les vieux yeux de la mer :
ce n'étaient pas des bras et ce n'étaient pas des ailes
c'étaient des petites rames dures
celles qu'il avait à son côté :
il avait l'âge du sel,
l'âge de l'eau en mouvement
et il me regardait de son âge :
depuis lors, je sais que je n'existe pas,
que je suis un ver dans le sable.

Les raisons de mon respect
ont été gardées dans le sable :
cet oiseau religieux
n'avait pas besoin de voler,
n'avait pas besoin de chanter
et bien que sa forme était visible
saignait le sel de son âme sauvage
comme s'ils avaient coupé
une veine du clan amer.

Manchot, voyageur statique,
prêtre lent du froid :
je salue ton sel vertical
et j'envie ton orgueil emplumé.

Pablo Neruda (Arte de pájaros) traduction carolita

Texte original

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Publié le 26 Décembre 2019

 

(ébauche)

 

Moi la beauté je la vois dans les airs

C’est un dessin unissant cent dessins

Des lignes des signes des volutes

Des défilés aériens

Moi la beauté je la vois dans ce regard

Qui scrute l’horizon

Dans ce vol plane dans cet équilibre.

 

Il y a comme ça de petits vaisseaux

Dans le ciel de nos vies

Des dessins particuliers que l’on aimerait

Désigner de leur nom

La buse avec sa queue rousse son éventail

Reconnaissable qui

Entre deux nuages dicte sa vérité :

C’est une pomme de soleil un éventail de soleil

C’est un gouvernail profond

Celui très efficace d’une

Diseuse de bonne aventure.

 

Carole Radureau (26/12/2019)

 

Buse à queue rousse

Buteo jamaicensis

 

La buse à queue rousse

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Publié le 26 Décembre 2019

L’élanion à queue blanche

De son regard de parchemin
Sa cavité profonde prend un air de demain
Quand le ciel a dit non et que la lune n’a pas compris.

Il me regarde droit dans les yeux
Mon sang bouillonne face à tant de beauté
Tant d’énigme
Tant de passion
Sur la blancheur pure de son lait
Son œil est une opale irradiant son velours.

Il a accroché ses serres à d’autres serres
Partagé la nourriture dans les airs
Réalisé les voltiges de l’amour
Pour accomplir son devoir.

Dans le dortoir dans la colonie
Tant de paires de ces yeux comme des pierres
Semi précieuses
Se ferment sur le fil tendu de la nuit
Quand les étoiles viennent
Prendre la relève.

Carole Radureau (26/12/2019)

Elanion à queue blanche
Elanus leucurus
 

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Publié le 26 Décembre 2019

Colibri I

Colibri I

Le feu s'est échappé et il a été pris
par un mouvement d'or
qui l'a maintenu suspendu,
fugace, immobile, tremblant :
vibration érectile, métal :
pétale des météorites.
Il a continué volant sans voler
en concentrant le petit soleil
dans un hélicoptère de miel,
dans la syllabe émeraude
qui de fleur en fleur dissémine
l'identité de l'arc-en-ciel.
Le soleil secoue le tournesol
la soie somptueuse
des deux ailes invisibles
et le plus minuscule éclair
brûle dans son incandescence pure,
statique et vertigineux.

Pablo Neruda (Arte de pájaros) traduction carolita

Texte original

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Publié le 25 Décembre 2019

 

Loin bien loin des festivités

En invité ou plutôt en témoin

Participant de l’œil participant

A moitié

Ceux qui souffrent quand l’heure est à la joie

Souffrent en silence.

 

C’est l’heure de mettre un mouchoir sur

Le quotidien

C’est l’heure de sourire à la vie même si

C’est l’heure d’offrir dans du cristal

La compassion

Comme un présent inégalé

Comme un cadeau inestimable.

 

Compassion pour ceux qui souffrent

Quoi qu’il en soit

Compassion pour ceux qui n’en ont pas

Compassion y compris pour soit même

C’est important

Car accepter sa condition d’être humain

Accepter sa condition de mortel

C’est une évidence pas si évidente

La souffrance interroge sur cela

Pourtant chaque jour de la vie

Au-delà de la souffrance doit nous y interroger.

 

La compassion n’est pas de la pitié

Elle habille d’humanité la question

La compassion c’est un travail fait sur soit

Un aboutissement

Une sœur de l’empathie.

 

Je souffre pour toi car

Je sais que moi-même peut souffrir

C’est aussi simple que cela

Cette solidarité cette compréhension

De l’égalité de l’être dans la souffrance

Cette petite souris fragile qui est en toi qui est en moi

Et que j’entends battre parfois en catimini ou en rappel.

 

La rose de noël sourit aujourd’hui à ceux

Qui

Dans la solitude de leurs maux

Souffrent en silence

Qui

Dans le vide de leur regard

Souffrent en silence

Qui

Dans le vide de leur sourire

Souffrent en silence

Qui

Dans leur simple humilité

Suivent

Coûte que coûte le cours des choses

Dans un courant de conformisme

Alors que leur silence

Alors que leur regard

Alors que leur sourire

Cherchent une lumière dans la promesse

De l’aube.

 

Carole Radureau (25/12/2019)

 

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Publié le 24 Décembre 2019

Buse de Harris

Buse de Harris


J'ai vu un faucon blanc suspendu
au ciel comme par un fil
mais il n'y avait aucun fil :
le faucon blanc palpitait,
il neigeait le mouvement,
ses grandes ailes battaient,
à l'intérieur de lui, le feu grandissait
comme un foyer qui le brûlait :
la faim a aiguisé l'acier,
le cyclone noir de ses griffes :
il a préparé le sang aveugle
pour tomber comme une pierre :
terreur terreur sa lumière de neige,
terreur sa paix dévorante.

Pablo Neruda (Arte de pájaros) traduction carolita

Texte original

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Publié le 24 Décembre 2019

Par Preus museum — Flickr: NMFF_002541_3, CC BY 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=20256855

Par Preus museum — Flickr: NMFF_002541_3, CC BY 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=20256855

 

Sur la glace à peine ébauchée

En un courant de verglas

Où le lichen peine à s’assurer

Vibre en toi la puissance du temps.

 

Dans un origami de couleurs fuyantes

Le lointain se pare d’une palette en fuite

Où le vert est un lait puissant d’été

Où le rose s’évade par la porte du bonheur

Où l’oranger est un fruit mû par le désir de plaire.

 

Là où tu vis la nuit n’en finit plus

Le ciel est une télévision à ciel ouvert

Le froid est un maître qui ne souffre aucune

Contradiction

La vie s’étend comme un linge

Sur un fil trop tendu

Le renne a soif d’inconnu

Il a coiffé sa parure

Et toi Fleur-de-Lichen tu chantes

Innocemment.

 

Tu chantes l’arrivée du bonhomme tiré

Par tes frères

Avec son lot de présents

La carotte qui attend le renne au pied du sapin

Et les sourires d’enfants.

 

Ah ! Les sourires d’enfants

N’est-il pas plus beau cadeau fait à l’homme

Par le chant de l’aurore boréale :

C’est un cygne qui se lève et sort de son bain

Avec une fleur d’oranger au bec.

 

Sous la tente les Samis ont chaud

Le froid ils l’ont apprivoisé il y a des milliers d’années

Ils surfent sur lui, ils glissent sur lui

Ils en ont fait une force inégalée

Leur créativité en a pris trois grains d’astuce

Et dans le joik résonnent des perles glacées.

 

Quand la voix porte le chant aux oreilles du monde

Mari Boine est la fleur du micro profond

Le petit renne aussi sourit car le chant est pour lui

C’est de lui qu’il parle

Sa promesse de fibres est un roman d’espoir

Où la perle de vie court sur le pelage.

 

Je boirais l’eau glacée dans ton sabot offert

Je tresserais mes cheveux avec ton sang de lichen

Je réciterais mes poèmes à la flamme du feu de camp

L’aurore qui essore les pleurs du monde

Pour moi

N’aura plus de secret.

Je te conterais petit renne la magie des mots

Ce qu’en eux il faut happer comme une règle de vérité

Je te narrerais comment la muse accomplie a bu le thé

De l’harmonie en comptant une à une les étoiles d’opale claire

Je te ferais ressentir en toi le fluide chaud et véritable qui relie

L’être que tu es au grand tout

Je te ferais entrer en transe quand je réciterais la parole du chaman

Qui a unifié le monde en un collier de perles vivantes

Mots qui s’enfilent, paroles qui se gravent, pensées uniques du moment présent.

 

La force est dans la faiblesse de l’aube

Qui a conscience d’en faire une source chaude

Et sûre

L’amour est dans la corolle transparente du perce-neige

Quand la petite fée y a décalqué sa main de cristal

La tendresse est dans cette tasse qui réchauffe tes mains

Avant de réchauffer tes lèvres

Avant de réchauffer ton corps

Avant de réchauffer ton cœur par la bonté de la satiété.

 

Comme il est bon de sentir la chaleur

Quand le froid a dicté sa dictature de l’hiver

Quand il semble impénétrable quand il semble éternel.

 

Le soir de noël les marrons éclatent de joie dans l’âtre

Les chaussettes sont remplies d’étincelles

Le petit renne a fait sa première livraison

Le chocolat est fumant et la carotte tiède

Couchée dans son lit de paille

Comme un petit jésus pour le renne

Le petit travailleur de la nuit dédiée

Au sourire des enfants.

 

Carole Radureau (05/12/2019)

 

 

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Publié le 23 Décembre 2019

L’oriole à ailes blanches

 

Sur sa livrée du dimanche

Cornaline et jaune d’œuf

A poussé au-delà de la branche

Une auréole de couleur blanche.

 

Il vole. Le nuage s’efface

Il s’élance et nulle trace

Seule une traînée d’argent

Déposée par l’aile de diamant.

 

Sur son look de tous les jours

Le lait de manioc pris d’amour

A glissé son compromis

Sur la mandarine de l’aurore.

 

Carole Radureau (23/12/2019)

 

Oriole à ailes blanches

Icterus bullockii

 

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Publié dans #Oiseaux muses

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