A l’encre de nénuphar j’écris
C’est comme qui dirait un pari
De saisir
Au cœur de la fleur
La vie qui s’étend
Dans une coupe de nacre tiède.
Il faut changer parfois l’encre
Dans l’encrier de la poésie
Comme il faut parfois changer de plume
Pour donner au cours du poème
Un chant nouveau.
Le nénuphar est un phare qui s’oublie
Là
Au beau milieu de l’eau
Entre des poissons rouges à la bouche bée
Entre des libellules aux ailes toujours déployées
Entre des insectes attendant d’être gobés
Il s’oublie là comme posé
Fleur de papier crépon pour une kermesse scolaire
Tout simplement
Il se laisse guider par le flux de l’eau
Elle est si verte elle est si opaque
Elle abrite un mystère l’eau qui lève le nénuphar
A bout de bras
Elle est très peuplée elle est très populaire
Dans son ventre se trouvent les éphémères
Dans son ventre prennent naissance les bras invisibles
Du nénuphar.
Et lui se laisse balloter…..
El lui se laisse admirer…..
Et lui se laisse croquer interminablement…..
On en fait des tryptiques de sa beauté de porcelaine chinoise
On en fait des tableaux de maîtres
Des élucubrations
Des méditations
Des chansons douces
De petites sensations de bien-être
Là
Toutes nichées
Dans le cœur du nénuphar
Comme un phare qui clignote son message
Mais sans en avoir l’air.
Et le poète est subjugué
Et le poète se laisse guider
Il prend le la il prend le fa il prend toute la portée
Et la clé de sol il la dessine des pages entières
Comme pour se dérouiller le poignet.
L’oiseau attend son croquis.
Le nénuphar attend son déjeuner.
Le soleil attend de pouvoir entrer
Nus pieds
Dans la caverne du nénuphar
Avec son diamant de soleil prêt à consommer
Et son cœur de liqueur
Prêt à être brûlé en encens.
C’est la magie du nénuphar.
L’as-tu déjà ressentie ?
Quand la petite mare frissonne
Quand elle envoie de gauche et de droite
Le nénuphar se promener
Qu’il se déride le pied
Qu’il dérive au gré de l’onde très capricieuse
Qu’il devienne HLM à canards
Abri de fortune pour le nid d’un artiste au long cours
Qu’il devienne multiple recouvrant l’eau verte
La vie joyeuse la vie grouillante la canopée à l’envers.
Il est tout ceci que je dis
Et bien plus encore.
Rose de cristal avec une nuance de nacre des salares envahis
Jaune mimosa tout juste tiédi par le mistral
Blanc du lait de coco quand le fruit est tombé de lui-même
Vert du feuillage luisant comme le diamant amazonien
Avant qu’il ne périsse dans les flammes
Voilà ce que nous dit le nénuphar à travers sa médiation de marigot obscur et trouble comme le regard parfois de l’homme
Sur ce qui l’entoure.
Carole Radureau (19/11/2019)