….accomplir….

Petit jardinier
Pourvoyeur de vie
Magicien des carrés
Roi de l’alignement
Rien de ce qui pousse ne t’est inconnu
Tu cultives l’abondance quand d’autres
Cultivent tant de haine
Tu maîtrises le calendrier
Fils de la lune et de l’équerre
Simulateur de soupes nocturnes.

Quand dans tes mains
Le chou
Naquit
Fier de son armure feuillée
De son gros cœur compacté
Quand sur la table
Le fruit de ton labeur
Dépose
Lourde
Son empreinte
La cuisinière entre en jeu
Avec ses performances à elle
Toi et elle êtes un duo transformateur
Un duo édificateur de sagesse
De tendresse et de conte de fées
A table !
Et la soupe sent bon la terre
Sent bon la mère
Sent bon la vie.

Bouillon de réconfort
Récompense après l’effort
Il est temps de remercier la terre-mère
Et son alchimiste préféré :
Le petit jardinier.

Carole Radureau (31/03/2019)

Le jardinier de Camille Pissarro (1830/1903)

…..accomplir……

Là où le moment fuse
Comme une évidence
Devant une telle présence
Devant tant de grandeur
Garder l’œil alerte
L’esprit vif
Tout en songeant à quoi que ce soit.

Mais pourquoi penser ?
Ne suffit-il pas de regarder
Un rayon de soleil amoureux du reflet de l’eau
Sur l’oie
Qui l’envoie balader comme une mouche et pourtant
Une goutte est plus tendre que les autres
Elle arrive tout doucement
Prend sa bouche de gourmande et se fige dans le cou.
Rougit. Timide.

La danse des oies qui se baignent
C’est une histoire d’amour
Qui règne
Bien au-delà du temps
Sur toutes les pensées
Sur tous les tourments.

Carole Radureau (29/03/2019)

Gardeuse d’oies, 1888 de Camille Pissarro
Et Gardeuse d’oies 1890 de Camille Pissarro

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Sous le grand châle infusé
De poussière d’étoiles-vie et de sucre candi
Un lien plus profond que tout
Une vision sacrée
Ce qui se partage c’est bien plus qu’un aliment :
Au petit
L’estomac bien rempli
Sustentation
Au petit
La peau qui se love sur la peau aimée
Sustentation
Au petit
Le regard qui se fait soleil
Lumineux, lumineusement gai et chaud
Sustentation
Au petit
Les bras collants du miel de l’amour
Les bras chauds de la résine de tendresse
Les bras sécurité les bras aimants
Des barrières contre la peur de vivre
Barrières qui s’ouvrent quand la vie le réclame
Barrières qui ne sont jamais fermées totalement
Quand la soif quand la faim quand la peur quand le noir
Quand le froid quand le chaud quand l’insécurité quand la haine
Quand la misère quand le chagrin quand le désœuvrement quand l’injustice
Quand la maladie quand les blessures
Les barrières rouvrent leurs portes extensibles
Et le regard, le nourrir, le tendre, l’aimer, le soin, la chaleur
S’ouvrent à nouveau, nourriture du corps, de l’âme, de l’esprit
A tout âge. C’est cela être mère, être parent.

Carole Radureau (27/03/2019)

Enfant tétant sa mère de Camille Pissarro

Ils chantent
Ils nous enchantent
Ils ont tant de messages
A faire passer
Ce n’est pas un adagio
Ni même le Nabucco
C’est un chant inachevé
Riche de mots ailés
Mystérieux.

Ils fêtent de leur chant
L’amour
A venir
Ils arrosent l’exploit
De la reproduction
Leurs roucoulades
Sont des sérénades
N’ayant rien à envier
Aux guitaristes
Parfois même la pluie
Est reine d’un chant.

Révélateurs de la première aurore
Fa dièse du réveil de la canopée
Un métronome semble donner le ton
Alors que le chef d’orchestre n’a même pas de baguette
Ils ont sorti leurs capes de plumes des grands soirs
Leurs nœuds papillons au lait de rubis
Ils ont hissé leurs voix au plus haut du microsillon
Cherchant à les imiter
On ne rend qu’une pâle copie.

Ecoutez la pureté
Ecoutez la noblesse
Ecoutez la tendresse
Ecoutez la profondeur.

Il n’y a qu’une adresse pour se faire inviter :
Devant ta porte.
Sort,
Ouvre tes oreilles,
Souris
Et vis en paix.

Carole Radureau (02/04/2019)

Inspiré par l’œuvre de Christian Delacoux, la chorale et par les oiseaux du jardin.

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Eau
Portée
Telle une reine
Sur la nuque des naïades
Eau
Sirène
Si pure si essentielle
Unie à la ligne pure et féminine
Celle élancée par la nécessité
Portée en un geste de cygne
Avec grâce et volupté.

Carole Radureau (28/03/2019)

La Guaira de Camille Pissarro (Venezuela)

…..accomplir…..


Sarcler c’est choisir ce qui doit rester
Arracher le reste
Faire de l’air, y voir plus clair
Un jour on a décidé que cela était mauvais comme l’herbe peut l’être.

Tâche en direct avec la substance-même de la terre
Embrassant son humide intimité
Genoux pliés
Avec leur douleur
Comme un mouchoir en 4 pour entrer dans la poche
La poche de la douleur.

Y voir plus clair
Ne pas se tromper
Ne pas oublier les racines blanches
Les plus vilaines, celles du liseron qui se cassent et font des petits qui poussent encore et encore
Gare à toi si un morceau de racine blanche ressort du rang.

Le chiendent non plus
Il n’est pas l’ami du sarcleur
Il aime les labyrinthes et se perd dans les profondeurs
Jamais tu n’obtiens d’un seul coup
Son entièreté.

Tranchant de la main entraîné par le karaté du chiendent
Nulle brique pour cela
Juste l’habitude du sarclage quotidien
La main est une serpette ne nécessitant pas d’affûtage
Pratique et proprette
Elle fait son usage sans rien dire.

La main le soir s’unit au genou
Les deux se croisent
Comme deux yeux éperdus par la dureté du labeur
Tiède réconfort que le sommeil seul
Répare
Partiellement.

Demain on y retourne
Les rangs sont interminables
Et les intruses toujours prêtes à recommencer.

Carole Radureau (26/03/2019)


Les sarcleurs de Camille Pissarro