Publié le 27 Mars 2019

Je suis, maintenant

Avant,
J’étais.

C’était un moi qui n’était pas « je »
Une autre personnalité
Une identité forgée par l’ego et les gens, l’identification à la forme ou toute autre identification :
Une personne naviguant sur un vaisseau de nuages.

Aujourd’hui, ici et maintenant
Je suis.

Qu’est-ce que ça veut dire « je suis » ?
Vous aussi pouvez-le dire :
« Je suis »
Une personne désidentifiée de son identité
L’observateur derrière la pensée
Quelqu’un qui sait qu’il n’est pas ce qu’il pense mais
Une lumière qui est la source de la vie
Retrouvée enfin à juste titre.

C’est difficile à dire
C’est difficile à transmettre
Mais pas difficile à vivre, à adopter, à se réapproprier (je dis réapproprier car je pense que cet état est celui du tout petit enfant non encore intoxiqué par la société, les règles et le conformisme)

Je suis, maintenant
Je vis en ce moment-même
Je n’attends rien de demain ni même de tout à l’heure
Mon passé est une histoire qui ne pèse pas plus que le poids de son histoire.

Je suis, ici
Et non là-bas
Et non dans un endroit rêvé, sensé être mieux que celui-ci.

Je suis
Reconnaissante en la vie qui déroule sa substance sous mes pas
En la vie qui déroule son tableau vivant sous mes yeux
En la vie qui se fait odeurs, senteurs, ambiances
Dont je profite ici et maintenant
Cette vie lumineuse
Sans peur d’un lendemain
Sans peine d’un passé
Un moment jamais vécu et riche pour cela.

C’est difficile à écrire
Il faut être philosophe ou bien phoque-moine sur la banquise
Ou encore manakin dansant sa parade nuptiale
J’ai trouvé une clé de vérité
Et cette vérité j’aimerais la partager
Mais chacun est libre de la découvrir le moment voulu
Ou de passer à côté à jamais.

Je suis qui je suis
Je suis ce que je suis
Je suis, maintenant
Non pas une étiquette
Mais un être comme des milliards d’autres
Non étiquetés
De toute espèce de tout genre de tout nom
Quelqu’un qui vit et sait ce que cela veut dire.

Sans haine, sans dogme, sans idéologie, sans jugement, sans étiquetage, sans chercher à comprendre
Je pose un regard sur les choses qui m’entourent
Je sais ce que je vois
Je n’ai pas de réponse en dehors de la vérité du moment présent
Je ne serai pas celle qui change le monde d’avoir vécu
Je ne serai pas celle qui a fait ce que l’on attendait d’elle
Je ne serai pas celle qui s’est établi une feuille de route
Veut la mener à terme
Je serai celle qui prend la lumière par la main
La remercie de l’accompagner
Il n’y a pas de spiritualité, de religion, de réponse autre que celle-ci
Le dépouillement a mis en lumière la beauté de la vie
Je la bois avec une paille rustique
Je profite de chaque goutte
Tel le moineau je me préoccupe d’énergiser ma fortune
De vibrer de l’air du temps
De vaquer à de petites occupations
Heureuse de les accomplir
Tel le chat je capte chaque rayon de soleil
J’en fais une chape de solidarité
Bien emmitouflée dans la plume profonde de ma vie
Elle m’est utile
J’en profite dès maintenant.

Je ne suis pas blasée
Je me sens forte sous mon apparente faiblesse
Je ne suis pas sans rêves
J’ai des rêves de maintenant bien plus riches encore
Je ne suis pas en train d’abandonner des idéaux
Je les renforce avec cette force vive
Cette compréhension différente
Cette feuille de lecture inédite.

Je suis, maintenant
Ce que je sais est un trésor partagé par des millions
Une conscience révélée
Un trésor qui mérite d’être connu
Si forte est cette vérité qu’elle n’a pas besoin de transmettre
Cherchez au fond de vous
Ouvrez la bonne porte
Avec la bonne clé
Oubliant la petite voix qui parle en permanence dans votre tête
Bienvenue dans un monde de silence où la paix est lovée
Une paix que chacun mérite
Une paix non, la paix
Celle dont chaque être rêve
Mais sans le savoir vraiment.

Carole Radureau (26/03/2019)

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #La pierre qui philosophe

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Publié le 26 Mars 2019

……accomplir…..

Ouvrir la terre comme
Ouvrir une veine
Se saigner
Perdre un peu de soit
Pour revenir à la vie.

L’ouvrir mais la refermer
Avec un trésor.

Donnant, donnant.

Griffer
Profondément
Entailler
Vigoureusement
Tâche virile dans laquelle l’animal est complice
Partenaire
Compagnon
La charrue est une fin en soit
Le soc un scalpel à motte, aiguisé au silex du jour présent.

Donnant, donnant.

La terre souple respire
La graine peut y dormir
La terre souple réchauffe
Nourrit
La graine peut y grandir.
Le fruit devient beau et grand
La terre-la mère
Elle, elle est contente.

Donnant, donnant.

Carole Radureau (21/03/2019)

La charrue de Camille Pissarro 1901

Par Camille Pissarro — Travail personnel (photo or scan: Ji-Elle), Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=14949729

Par Camille Pissarro — Travail personnel (photo or scan: Ji-Elle), Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=14949729

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Terre-mère, #Tout doit être fait

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Publié le 25 Mars 2019

Les toits rouges
Rouge-à-lèvres
Tuiles embrassées
Imbriquées couleur brique
Infusées de poudre de roucou
Les toits rouges
Flambées au soleil couchant
Fruits rouges au-delà des arbres
Chaleur du foyer ?

Les toits rouges
Pastel tendre
Rubis en poudre d’occasion
Gorge de Georges écarlate sous le frimas
Sensation exotique ou pudeur révélée
Les toits rouges
Quelle idée exubérante voyante excentrique !
Que c’est beau !!

Carole Radureau (20/03/2019)

Les toits rouges, coin d’un village, hiver (Côte de St Denis, Pontoise) de Camille Pissarro

Par Camille Pissarro — The Yorck Project (2002) 10.000 Meisterwerke der Malerei (DVD-ROM), distributed by DIRECTMEDIA Publishing GmbH. ISBN : 3936122202., Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=156444

Par Camille Pissarro — The Yorck Project (2002) 10.000 Meisterwerke der Malerei (DVD-ROM), distributed by DIRECTMEDIA Publishing GmbH. ISBN : 3936122202., Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=156444

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Perle de brique

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Publié le 24 Mars 2019

Saisir son cœur
Sa plume son antériorité
Ses petites rues parfois malfamées
La rue des Bons Enfants, coupe-gorge moyenâgeux
La rue Eau-de-Robec, la rue Malpalu, la rue du Champ des Oiseaux (quand j’étais enfant entendre ce nom me faisait rêver)
La rue de l’Epicerie (peinture).

Autour de la cathédrale
Une ambiance règne
C’est sombre
C’est humide
Et pourtant lumineux
Il y a toute cette sombritude liée au religieux
Au gothique, ce moyenâgeux retranscrit par les pavés par les murs
Les façades les ornements les gargouilles
Il y a cet environnement de curés, de sœurs, de moines
…..(toutes ces soutanes de mon enfance)…..
Tous ces clochers, la ville aux cent clochers
St Maclou, St Romain, le Sacré Cœur, St Vivien …..

Le peintre a saisi la lumière dans l’ombre
La couleur qui sait se faire fleur en automne
Une qui puise dans le cours du fleuve
Une auréole, un soupçon de vie
Le gris des pavés fait trébucher l’aurore
On se prend à lever la tête
Et là merveille :
Le Gros-Horloge et sa petite vie tintinnabulante.

Rouen où je suis née
Où aimait à se rendre mes grand-parents bienaimés
Le clos, sorte de puces rouennaises
Le parvis de la cathédrale et la rue piétonne
Toujours noire de monde
Le vieux marché (place Jeanne d’Arc)
La ville de Maupassant, de Flaubert
De Jeanne d’Arc au bûcher
Au son des cloches la vieille ville vibre
Elle sort doucement de sa torpeur
Ses maisons à colombage craquent quand la chaleur est reine
Mais l’humidité est malgré tout présente
Cette grisaille au cœur
Pissarro la révèle sous des couleurs chaudes pour l’époque
Pissarro a peint un Rouen chaud.

Rouen ma ville de naissance
Non ma ville de cœur
Je ne me sens pas normande il y a
Juste ma famille mais je n’y sens pas de racines
Juste une mémoire que je ne souhaite pas cultiver
La ville est un héritage de l’ancien temps
Tout en elle est fixé sur « autrefois »
Pour autant la ville est belle
Il faut la regarder avec des yeux d’aujourd’hui
Ne rien voir d’autre que son cœur pur
Son histoire ses traces de pas ses luttes ses querelles
Tout ce qui fait d’une ville ancienne
Le siège d’une culture, d’une civilisation.

Carole Radureau (21/03/2019)

Rouen, rue de épicerie, 1898 de Camille Pissarro

Par Camille Pissarro — The Yorck Project (2002) 10.000 Meisterwerke der Malerei (DVD-ROM), distributed by DIRECTMEDIA Publishing GmbH. ISBN : 3936122202., Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=156473

Par Camille Pissarro — The Yorck Project (2002) 10.000 Meisterwerke der Malerei (DVD-ROM), distributed by DIRECTMEDIA Publishing GmbH. ISBN : 3936122202., Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=156473

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Pierre d'antan

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Publié le 24 Mars 2019

Par Beatrix Potter — Linda Lear, Beatrix Potter: A Life in Nature, St. Martin's Griffin, 2007, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=11717095

Par Beatrix Potter — Linda Lear, Beatrix Potter: A Life in Nature, St. Martin's Griffin, 2007, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=11717095

Où sont mes chaussons ?
Demande Calisson
J’ai bien mal aux pieds
J’ai beaucoup marché.

Dans mon petit chez-moi
Il fait bon et chaud
Je rêve de m’endormir
Sur un oreiller de salades.

Où sont mes petits-enfants ?
Je rêve de les embrasser
Une bise qui claque, smack
Une bise tendre, smouche
Avant de se coucher.

Carole Radureau (22/03/2019)

Hérisson commun

Erinaceus europeus

Famille : erinacéidés

Continent : Eurasie

Régime : insectes, vers, escargots, limaces, fruits, baies

Portée : 4 à 7 petits

Menacé ? non, globalement mais des menaces commencent sérieusement à peser sur lui : trafic routier, modification du milieu de vie, pesticides, prédation, parasites, maladies, accidents divers,

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Oeil de faucon, #Collier d'ambre

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Publié le 23 Mars 2019

Donne-moi ton bleu de lin
Une fleur entre les seins
Et l’eau coule sincère
Entre chaque rangée.

Donne-moi ton rose de dragée
Ta tulipe encore vierge
Tes joues de poupées
Et l’eau qui illumine chaque pensée.

Donne-moi ton jaune de genêt
Ton poussin encore dans l’œuf
Un soupçon de mimosa avec l’œuf
C’est pour faire plus vrai.

Donne-moi ton vert amande
Un qui frise la Provence sincère
Un qui n’a que faire d’une rivière calme
Le vert des sensations fortes.

Donne-moi l’or de tes blés
Une richesse sous la dent
Un froment pur a cassé la tirelire de la reine
Pour s’évader dans le tiers-monde.

Donne-moi ton dégradé chaud et froid
Ton assaisonnement de saison
Ton dessert fraises des bois
Ton lait de frisson.

Donne-moi encore ton coup de pinceau
Ton talent de couturière
Ton art de tricoteuse
Ton imagination.

Carole Radureau (20/03/2019)

La plaine de Gennevilliers de Caillebotte 1888

Par Gustave Caillebotte — Inconnu, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=2680339

Par Gustave Caillebotte — Inconnu, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=2680339

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Caillou de l'arc en ciel

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Publié le 23 Mars 2019

Par Jairmoreirafotografia — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=48717285

Par Jairmoreirafotografia — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=48717285

….l’oiseau qui vole n’a pas de maître….

Persée, c’est le roi de la savane
Il la transperce d’un vol lourd
Qui ne fait pas de pitié à la petite faune.

Il érige ses grandes aigrettes en couronne
Roi oblige
De ses yeux marron d’Inde il voit tout à l’horizon.

On dirait un professeur
Un des pas commodes
Avec la règle en fer sur le bout des doigts :
Mais c’est une apparence.

On dirait un grand Maître
Sage et riche en enseignements profonds
Il a décrété la loi du temps présent
En a fait sa philosophie. Regardez :
L’oiseau
A fond dans ce qu’il fait
N’a ni passé ni futur
L’oiseau est à ce moment-même, ici, maintenant :
Il vit intensément.
Un point c’est tout.

Carole Radureau (21/03/2019)

Hibou strié

Asio clamator

Famille : strigidés

Continent : Amérique centrale et du sud

Régime : petits mammifères, reptiles, oiseaux

Couvée : 2 à 4 œufs

Menacé ? Non, il profiterait même une fois n’est pas coutume, des espaces de savanes laissés par la déforestation.

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Oeil de faucon

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Publié le 22 Mars 2019

…….accomplir……

Hâte-toi le soir venu
De rentrer tes douces laines
Les tendres brebis et de leur gaine une fleur
En épingle à cheveux

Noble tâche quotidienne
Par jour froid par jour chaud
Ne pas oublier le troupeau
Le soin des bêtes
L’attention
Même quand la fatigue règne
Chaque jour suffit à sa peine.

Carole Radureau (19/03/2019)

Bergère rentrant des moutons 1886 Camille Pissarro

Par Camille Pissarro — Fred Jones Jr. Museum of Art, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=7433252

Par Camille Pissarro — Fred Jones Jr. Museum of Art, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=7433252

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Agate-mère, #Tout doit être fait

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Publié le 21 Mars 2019

Le 21 mars a été décrété par des organismes, entre autre :

La journée internationale des forêts (en 1970)

La journée mondiale de la poésie (en 1999)

Je rebondis sur l'une en me servant de l'autre ce qui est très pratique et vous livre ce petit abécédaire très simplissime dans son ébauche, très positif dans son approche, rien de négatif ne s'en échappe réellement, c'est parce que j'avais entrepris à la suite d'écrire un abécédaire plus négatif de l'état de la forêt mais j'ai abandonné en cours d'écriture. Chacun qui aime le bois, les arbres connaît la situation. La poésie c'est la parole qui porte toutes les luttes, qui porte tous les rêves, qui unit et qui relie chaque être à une cause commune. En fin d'article quelques peintures de la forêt de peintres célèbres que j'aime bien et des peintures qui représentent pour la plupart 2 forêts qui m'ont marquées (pour l'ambiance, pour la minéralité), la forêt de Fontaibebleau et la forêt d'Huelgoat.

La poésie contribue à la diversité créative, en interrogeant à nouveau notre usage des mots et des choses, nos modes de perception et notre compréhension du monde. À travers ses associations, ses métaphores et sa propre grammaire, la langue poétique peut être une autre facette du dialogue entre les cultures. Elle cultive la diversité dans le dialogue, la libre circulation des idées par le mot, la créativité et l'innovation. La Journée mondiale de la poésie est une invitation à réfléchir sur la puissance du langage et le plein épanouissement des capacités créatrices de chacun. (pris sur le site de l'Unesco)

A comme arbre

L’arbre mais qu’est l’arbre ?
Si ce n’est un frère un fils un père
Un aïeul
Un aimé
Qui du haut de sa canopée
Veille sur nos vies.

B comme bois

Bois chauds ou froids
Bois aux abois
Bois qui ne souhaitez que croître
Ne pas croire au prétexte du frimas
Bois précieux
Bois communs
Bois tout simplement
Qui a besoin de temps
Pour former son squelette.

C comme champignon

Celui qui pousse sans un cri
Qui ne dit pas son nom
Qui se cache et ne rêve
Qu’être découvert
Celui qui crie quand la poêlée soudain le mord
Un qui n’a jamais tord
Sa force cachée
C’est son pied tendre sa tendre destinée.

D comme duramen

Le duramen c’est ce bois de coeur
Cette partie cachée du bois
Son intimité
Remonter jusqu’à lui :
Veut dire abattage
Abattage quand du tendre corsage
Surgit le téton rosé du bois.

E comme écorce

Mille écorces sur le bois
Mille dessins
Mille sensations
Mille autoroutes à insectes et frissons
Ecorce comme une qui se laisse apprivoiser parfois
Qui veut qu’on l’emmène
Qui veut être appréciée.

F comme frondaison

Telle la fronde le concert de vie prend naissance dans les bosquets
Telle la fronde la frondaison s’épanouit dans le silence
Fruit interdit.

G comme garde forestier

Le beau métier
Garder la forêt la protéger s’en préoccuper
Comme son enfant
La bercer la câliner lui chanter des chansons
La caresser du regard
Connaître chacun de ses recoins
Se faire fort pour elle
Se faire autorité
Les intrus les chasser les malveillants les débouter
Le beau métier : garder la forêt, une œuvre de bienfaisance.

H comme hibou

Dans le bois au frais sous-bois
Le hibou sans un bruit
Lève ses aigrettes
Attentif
Fils de la nuit
Chaque filon est son filon
Chaque rongeur est provision
Dans le bois au frais sous-bois
Le hibou est le roi.

I comme ilex

Mais qui s’y frotte s’y pique
Ce délicat érigé en armure
Avec son fruit des bois
Rouge comme le sang
Protégé par tant de piquants.

J comme jacinthe des bois

Au printemps un tapis bleu
Du bleu de la porcelaine
Au printemps le sous-bois joyeux
Bleuit et puis t’appelle :
Viens le regarder le humer le ressentir
C’est un bleu et non un blues
Un qui fait du bien au cœur qui fait du bien aux yeux.

L comme lichen

Quand ça frisotte sur le tronc
Ça tremblote aux tisons
Le lichen est un fils joyeux
Qui n’a pas froid aux yeux
Tout support lui est bon
Il tape l’incruste
Déguise le tronc
En fait une garde-robe pour ses costumes de gala.

M comme mousse

La mousse est la sœur du lichen
Elle ce qu’elle aime c’est la fraîcheur du sol
Quand sous son sein repose la tourbe
Elle ce qu’elle aime c’est embrasser tout embrasser
Se lover recouvrir aimer à s’y méprendre
Quand on pose sa main sur sa robe
La douceur du bois infuse nos doigts
Et l’âme de la forêt transpire tout-à-coup.

N comme noisetier

Arbre à écureuil son arbre fétiche
De ses noisettes il est riche
Partout il les enterre mais surtout il les perd
Et le sous-bois verdi
De nouveaux noisetiers
L’écureuil est le jardinier de la forêt.

P comme poule des bois

Lui il a profité de l’osmose des racines
Pour hisser ses têtes de chou-fleur :
Laissez-le faire
Il devient colonie
Le vieux bois est son hôte
Mais vous pouvez toujours en faire une omelette.

R comme racine

Un réseau comme celui-ci
Il n’a pas été cartographié
C’est une mine d’or mais ça ne les intéresse pas
Pourtant tous ces discours
Tous ces poèmes
Toutes ces relations
Toutes ces fusions
Enlacées entrelacées bien ficelées
Un réseau de tendres mots.

S comme sève

Si tu m’y autorises poésie
J’écrirais à l’encre de sève des sous-bois
Des mots doux des mots joyeux des mots forts et heureux
C’est une sève de pin une sève de noisetier une sève d’aulne
Une qui colle aux doigts aux dents aux rêves aux folies
Comme pour dire : ne me touchez pas si vous n’aimez pas la vie !

T comme tronc

Mais qui c’est le patron par ici !
Tous ces patrons qui lèvent le ton
Qui crient des mots aux nuages aux étoiles aux pléiades
Des patrons forts et bons
Justes et sages
Qui ne s’en laissent pas conter
Qui laissent leurs veines aux insectes
Qui parfois se font couper la base
Parce que le cou est trop haut
Des patrons qui crient qui alertent qui murmurent qui halètent
Des qui aimeraient qu’on s’en soucie un peu
Ils portent sur leurs troncs des embranchements célestes
Ils élèvent plus qu’il ne faut une bonbonne d’oxygène.

U comme urtica dioica

Qu’est-ce qu’elle aime l’ombre
Les petites clairières justes éclairées par le rai obligeant
Elle aime aussi la communauté
Les discussions urticantes entre filles de la forêt.

V comme vieux bois

Le vieux bois jonche le sous-bois
Il attend la putréfaction
Il a atteint un stade d’évolution qu’on lui nie
Il est utile à la vie
Si on lui laisse le temps
Il retourne à la couche où l’attend son destin
Le vieux bois est un cadeau qui souffre de discrimination.

F comme fougères (bonus)

Les filles les plus précoces
Les plus tardives
Les plus véloces
Les plus bavardes
Les plus cachottières
Mais non des fières des timides plutôt
Des filles comme il faut
Ce sont les féminines des sous-bois
Les amoureuses qui se cachent pour aimer
Les patientes qui attendent des années
Les langoureuses qui ébauchent des plans sur la comète (la tourbe tiède)
Les sérieuses qui ne s’autorisent que des clins d’yeux
Les passionnées qui n’aiment jamais à moitié
Les fascinantes qui sous leur talon ont des crampons-aigle
Les studieuses qui apprennent à compter aux punaises
Les intelligentes qui ont tout lu Freud
Les rougissantes qui se lovent dans les creux
Les sincères qui refusent des compromis d’opérette
Les guerrières
Celles qui érigent autour des patrons (les arbres) des barbelés invisibles
Qui envoient des piques, des tiques et des tac dans les mollets
Qui sont expertes en croc-en-jambe
Qui doucement déchirent le dessus du pied avec mille spores- sparadrap
Les guerrières les audacieuses les militantes les combattantes
Fougères nos sœurs, gardiennes de la forêt.


Carole Radureau (20/03/2019)

Par Claude Monet — repro from artbook, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=9961074

Par Claude Monet — repro from artbook, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=9961074

Par Paul Sérusier — http://www.sothebys.com/en/auctions/ecatalogue/2016/impressionist-modern-art-day-sale-l16004/lot.183.html, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=74365622

Par Paul Sérusier — http://www.sothebys.com/en/auctions/ecatalogue/2016/impressionist-modern-art-day-sale-l16004/lot.183.html, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=74365622

Par Paul Cézanne — Travail personnel, user:Rlbberlin, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=748655

Par Paul Cézanne — Travail personnel, user:Rlbberlin, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=748655

Forêt de Marly de Pissarro

Forêt de Marly de Pissarro

Par Auguste Renoir — Les paysages de Renoir, 1865-1883, catalogue de l'exposition. The National gallery, Londres, 21 février-20 mai 2007, Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa, 8 juin-9 septembre 2007, Philadelphia museum of art, Philadelphie, 4 octobre 2007-6 janvier 2008, Milan : 5 Continents Editions srl, 2007, p. 89. ISBN 9788874393732, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=14677449

Par Auguste Renoir — Les paysages de Renoir, 1865-1883, catalogue de l'exposition. The National gallery, Londres, 21 février-20 mai 2007, Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa, 8 juin-9 septembre 2007, Philadelphia museum of art, Philadelphie, 4 octobre 2007-6 janvier 2008, Milan : 5 Continents Editions srl, 2007, p. 89. ISBN 9788874393732, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=14677449

Par Paul Cézanne — The Yorck Project (2002) 10.000 Meisterwerke der Malerei (DVD-ROM), distributed by DIRECTMEDIA Publishing GmbH. ISBN : 3936122202., Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=149047

Par Paul Cézanne — The Yorck Project (2002) 10.000 Meisterwerke der Malerei (DVD-ROM), distributed by DIRECTMEDIA Publishing GmbH. ISBN : 3936122202., Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=149047

Sérusier à Huelgoat

Sérusier à Huelgoat

Le peintre Monet dans la forêt de Fontainebleau de Sisley

Le peintre Monet dans la forêt de Fontainebleau de Sisley

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Forêt vivante

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Publié le 20 Mars 2019

Sourire de printemps

Sourire de printemps
Dents jaunes
Bouche grande ouverte
Comme un bâillement pour expulser
Le froid de l’hiver
Comme une porte ouverte
A l’arc-en-ciel de la vie.

Sourire de printemps
Hop-là à cheval sur le dos cambré du cirrus
Oublié par l’aurore
Suivre le sourire là où il va
Avec ses rayons jaunes comme les dents
Avec ses éclaboussements de miel
Une pierre de soufre natif
Comme un au-revoir
A gémi dans la naissance printanière.

Sourire de printemps
Hop-là c’est le rose qui s’épanouit
Oublié le ciel gris
Qui nie tout contraste
Qui fait du rose un pâle rose défraîchi
Vieux papier peint déjà sorti, un de fin de saison.

Sourire de printemps
Narines grandes ouvertes
Comme une invitation à la respiration
Comme une presque renaissance
Encore un petit effort
Que le thermomètre s’installe à l’étage
Adéquat
Là où l’air froid n’a plus de chapitre
Là où l’air peut entrer dans la grande caverne de la vie
Sans causer de dégât
Sans occulter quoi que ce soit.

Carole Radureau (20/03/2019)

floraison rose avec ciel gris

floraison rose avec ciel gris

floraison rose avec ciel bleu

floraison rose avec ciel bleu

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Primavera

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