Publié le 14 Novembre 2018

Dérouler les mots sous tes pas
Des mots jaunes d’automne qui
Comme les feuilles du tilleul
Laissent sur le sol un message fortuné
Qui ne se lasse jamais de dire, d’épandre
Chaque année sa saison trop chaude trop vive
En un tapis doux et lumineux
Rempli de mots au sang d’été.

Dérouler les mots sous tes pas
Des mots que tu ne connais pas
Qui te font peur aussi parfois
Comme l’inconnu
De nouveaux sens à donner à une vie
Des réponses qui blessent car évidentes
Des réponses qui viennent mettre un point à une vie
De questions.

Dérouler les mots comme une écolière
Qui les aligne comme on lui dit de le faire
En s’appliquant
En se freinant
En calculant pour qu’ils entrent dans l’interligne
Des mots qui ne veulent rien dire
Des mots qui n’ont pas encore trouvé la ligne du cœur
Une ligne à haute tension si puissante
Que son encre quand elle coule
Traverse buvard et cahier.

Dérouler sous tes pas des notices, des tonnes de recettes
Des listes d’emplettes qui tournent toutes vers le cœur cet organe intrépide
Des anecdotes des citations des bouts rimés des acrostiches
Tout ce qui de mon encre pense couler dans le sens de la rivière
Vers une cible parfois dure à toucher.

Dérouler un codex
Avec ses dessins qui se passent de mots
Dérouler un rouleau de scotch à rimes
Pour que les mots collent comme du sirop d’érable
A l’âme et à la vie
Dérouler un parchemin en papier d’amate
Ecrit à la plume de sisal comme pour entériner le texte
Et son flux et son esprit et son message
Codé.

Sous tes pas,
Mais que vit intensément le flot passionné de mots
La marmite est intermittente et en elle
Ces petits mots bouillonnent font des bulles
Eclatent parfois en jurons
Vite réprimés par la lumière
Ces petites rimes en formation
Se colmatent et fusionnent
Un caillou vient pour faire trébucher le sens
Faire dévier l’imaginaire
Réécrire le sens
Comme à l’école où tout est conformiste.

Dérouler sous tes pas des mots de ce que je suis
De ce que j’étais et ne suis plus
De ce que je ne sais pas devenir
Des mots de ce que j’aimerais partager
Des rimes de ce que tu sais et que je sais
Des forces pures des sensations des bouleversements
Des interrogations mais si peu
Dérouler à toute vitesse des onomatopées
Des cris figés
Des moûts trop jeunes pour être tirés
Comme quatre épingles d’un chignon.

Enfin dérouler des non- dits
Des trop -dits
Des incompris des indélicats des furtifs
Des naïfs
Des inconséquents des imprudents des foufous
Des mots qui sont des paroles sincères qui parfois
Touchent
Parfois
Ne touchent pas
Comme si la parole contenue dans les mots faisait
Flop…
Flop…
Une année de flops
Une année de silence de l’écho quand le tambour du cœur
Bat trop fort
Qu’aucun son n’en sort
Comme une mort lente.

Dérouler sous tes pas des mots chauds et tendres
Des mots qui ne peuvent pas attendre
Boule dans la gorge, nuits sans lune
Lumière sans vie profonde
Il y a dans une vie d’avant-après
Un ruisseau qui chante une poésie apprise au cœur de l’écho
Il y a dans une montagne une pierre de repos
Juste creusée pour y recevoir des fesses de berger
Il y a comme un air frais qui sent le pain chaud du matin
Le fromage de chèvre maison
Et l’oignon du pardon.
Il y a comme une histoire qui s’est perdue dans la brume
D’un inconnu mouvementé
Un regard tourné
Un évitement inconscient.

Dérouler sous tes pas des paroles vraies non des espoirs
Des vérités non des créations
Des histoires de vie forgée au fer du présent
Des moments-clé des sourires d’enfant.

Il y a comme un torrent qui surgit de nulle part
Une forêt qui se crée en silence
Il y a comme un aigle qui ne crie pas au hasard
Un message d’espérance.
Il y a comme une fougère qui s’endort prend des forces
Un automne somptueux riche en couleurs en lumière
Il y a comme une feuille de route qui s’amorce
Avec des rayons de soleil une poésie de pierre à dérouler
Sur le long chemin de la vie.

Carole Radureau (14/11/2018)


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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Quartz rose étoilé

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Publié le 7 Novembre 2018

La terre a couché sous nos pas
Une terre familière
Une tourbe aux abois des grands froids.

L’eau est un régal assorti d’ombles pieux
Qui glissent comme un mirage
Sur l’onde aux grands yeux.

L’oreille est aux aguets et ce bruit - ce murmure-
Jaillissant sous un ciel d’iris frais
C’est une chanson aux notes claires-obscures.

L’automne est un havre qui jaillit tel un geai
Bleu - rouge et or habillé de tons chauds fraîchement nés
De par sa volonté d’argent.

Il est le roi des saisons celui qui offre la réserve
La confiture - la cueillette - le son et le couvert
Tout sous le sieur automne est coloré et joyeux
Tout est encore à prendre tout est généreux.

L’apprenti d’automne a péri sous une pluie brune et sombre
Lui qui galopait -
Cavalier rouge apprenti de l’automne ensemençant le monde
La terre est féconde si la bise chaude de l’automne prépare
Comme un nid douillet son utérus de mère
La terre est une mère qui jamais n’oublie
Ses enfants.

Marchant nus pieds sur ce sentier de fleur et de lumière
La fleur de la terre
Tu cueilles par ton sourire innocent et sincère
La vie est une coupe de raisin - de copihue - et de rêve
Dans laquelle l’enfant innocent trempera ses lèvres
A jamais.

La terre est une mère qui crie avec ses yeux
Qui orne d’ornières torves ses chemins désertés
Elle rit de tout ne sait que faire d’un brouillard lourd et brun
Planant sur ses cheveux.

Si la fleur jaillit saisis-là
Fait avec sa joie un poème aux grands yeux
Si l’apprenti espère en la récolte de fruits mûrs et soyeux
C’est qu’encore naîtront sur cette terre des bontés à cueillir car
Si la lune est ronde le fruit saura l’imiter.

Carole Radureau (07/11/2018)

L’apprenti de l’automne est une allusion au poème de Pablo Neruda, Ode à l’automne (Odes élémentaires)

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Terre-mère

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Publié le 4 Novembre 2018

La poésie-châtaigne

La poésie est une châtaigne
Qui crie au plus profond de la nuit
Qu’elle aime vivre et sans elle
Que serait le pain
Que seraient les vers libres de la vie ?

Comme une robe
Glisse sur sa peau
Une soie lumineuse et joyeuse
Si douce et si généreuse :
Un déshabillé à respecter.

Si le manteau qui protège son cœur aimant
Hérissé de piquants
Barricades contre la faim et l’agonie
Ouvre sa porte
La belle poésie- châtaigne dans un bâillement
Surgit et c’est la joie et c’est la rime et c’est la muse
En cascade
Pure.

La poésie est un fruit rond marron
Couleur des yeux de la forêt
Qui songe avec ravissement
Au crissement des bogues
Sous les pas.

La poésie est la fille de l’arbre-père
De l’arbre de vie
Qui a laissé choir
Sans émoi
Ses enfants
Bien protégés.

Une grande famille de force vive
De vitamines, habillée
De grande valeur
De morale pure
Héritée sans se soucier
Des mots-piquants
Des mots-duvet
Des mots-soie
Fusant tels des rires
De la couchette accueillante du sous-bois.

Carole Radureau (03/11/2018)

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Obsidienne acajou

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Publié le 4 Novembre 2018

Un regard rêveur
Tourné vers le lointain d’une Asie
Aux contours indéfinis
Un regard noble celui
D’un futur
Grand mâle
Digne fils de son nom.

Ce regard qui m’interpelle
Ce regard que je prends pour celui d’une lionne (une belle lionne)
Accrocheur triste et puissant
J’y retourne et le scrute l’immortalise
Encore et encore
Comme un qui m’appelle et me dit :
Parle-de-moi
Ma tristesse apparente est une robe de dignité
Mon cœur est au loin
Au pays de mes ancêtres
Pourtant
Ici je vis bien
Chacun passe m’admire et me flashe
Mais aucun ne sait lire dans l’ambre claire
De mes yeux un désir de braise et de feu.

Carole Radureau (01/11/2018)

Lion d’Asie
Panthera leo persica
Continent : Asie
Portées : 2 à 4 BB
Repas : cervidés
Menacé : Oui, En danger

au parc des félins de Nesle

au parc des félins de Nesle

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Oeil de faucon

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Publié le 1 Novembre 2018

Carnet d’automne d’une fougère

Le jaune est une nécessité que rien
N’altère en vérité
Et dans la cime
Et dans le son
Il naît
Poussin poussé par le cri ardent
De l’automne.

L’arbre revêt sa tenue de camouflage
Sa non prise au vent et au froid
La fougère a laissé mourir une à une ses jupes
Estivales
Et chacune de ses franges a nourri à son tour
Le sous-bois.

L’automne sonne le glas de la chaleur
Met un point à la menace de canicule
Il chante une musique apprise au chœur du bois
Comme une complainte aux notes de la nuit.

Aujourd’hui se pare de la mémoire et en chacun de nos êtres
Chers
Disparus
Une fleur de toussaint revêt sa tête à ligules mordorées
Il est l’heure d’y penser
A ceux qui nous ont bercé de leurs rires et de leurs rêves
Il est temps d’allumer les veilleuses
De se remémorer.

Une fougère qui sait que ses bras retenant la nuit
S’enrouleront dans son cœur grandissant
Une qui se rend compte du froid murmurant
Dans son nid de tourbe dans sa caverne au confort cumulé
Dort et rêve écrit et vit en demi teinte
Un œil frais et présent tourné vers le tambour ardent du cœur
Son regard vert attentif
Au réveil
O combien sublimé du printemps.

Carole Radureau (01/11/2018)

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Coeur de malachite

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