Publié le 16 Octobre 2018

Les messages des arbres
Les messages des arbres

Almanito m'a proposé une série de photos au sujet d'une expo qui a cours en ce moment dans sa ville d'Ajaccio au sujet de la photographie et dont le thème choisi est l'arbre.

Il s'agit d'une exposition photographique en plein air dont c'est la 1ère édition, qui aura lieu du 16 octobre au 16 novembre 2018.

Les clichés grand format sont montrés sous un angle artistique sublimant la nature, avec un angle plus journalistique pour dénoncer la destruction des forêts, ou pour montrer la richesse des essences et du rôle socio-culturel de l'arbre ou bien encore pour rendre hommage aux combattants du feu.

Les photos déployées dans l'espace public de la ville, entre parcours et expositions en plein air investissent les grilles de l'hôtel de Région, de la préfecture, la place du Diamant etc....

Nous en avons donc un bel aperçu grâce à notre reporter corse que je remercie une fois encore pour sa participation et sa sollicitation.

Voici donc les photos prises sur la place du Diamant dont nous dit Alma que c'est un endroit très convivial, entouré de buvettes, manège, pétanque et que l'expo est au centre d'un lieu de vie.

Ce thème est bien entendu inclus dans le dossier sur la voix des arbres, un dossier créatif et informatif qui a vocation à durer dans le temps.

N'hésitez pas à me solliciter vous aussi pour mettre en lumière, certes à ma façon des expos ou des thématiques autour de l'arbre.

Caro

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Les messages des arbres

Arbres qui semblez patiner
Vos ailes de cygne givrées comme des voiles de sel :
Froid au désir de fondre.

Les messages des arbres

Arbre cheveux au vent comme une indéfrisable d’être du temps.

Les messages des arbres

Arbre plumeau époussetant les viscosités d’une vie humaine bien poussiéreuse.

Les messages des arbres

Arbres fantômes à la bouche de mystère au sang frais sans mentir.

Les messages des arbres

Arbres qui semblent surgir des jupes de la fougère après une tétée de lait vert et d’avenir.

Les messages des arbres

Arbres ployant sous le poids du soupir sous la lourde promesse de l’huile première pression.

Les messages des arbres

Arbre aux morts il en connaît chaque fibre par l’entremise de ses racines
il en connait chaque vœu les accompagnants sur le chemin de la paix.

Les messages des arbres

Arbre admiratif de l’eau qui fuse comme une promesse.

Les messages des arbres

Autoroute d’arbres
Cachette adorée
Sur leurs écorces des mots doux incrustés.

Les messages des arbres

Arbres moutonnants comme pour copier la toison ardente comme pour imiter le foisonnement fécond des nuages.

Les messages des arbres Les messages des arbres
Les messages des arbres Les messages des arbres

Combattants du feu, par vous
La lance mord aux chevilles la furie
La citadelle s'effondre la lame faiblit
La fumée est un sein dégonflé
Fuitant vers les ténèbres .

Carole Radureau - Les messages des arbres (16/10/2018)

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Bosques petrificados

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Publié le 14 Octobre 2018

L’aigle amoureux du liège (Arburacellu)

Si le liège dans sa grande poésie
Cartographiait ses veines impatientes
Les ailes lui pousseraient comme
Ailes de l’absent
Et le fruit béni de son écorce
Tomberait de lui-même.

Lui, Acellu,
Aigle impérial qui jamais n’oblitéra ce nom-coup de couteau
Il avait développé un amour infini
En creusant dans les rides de papier brûlé
Les anfractuosités
Les nerfs souples et tendres
Les grottes comme des aires
L’écorce qui cède son jus de vie
Après d’ardents combats.

Il s’en était épris et de passion première
Si fort il aimait son chêne-liège
Qu’il l’étreignait tel un duvet nécessaire.

Une fusion naquit dans ce terroir aux légendes
Chantantes belles foisonnantes surréalistes
Acellu chaque jour épousait forme d’arbre
Se plaisait à immobiliser ses ailes
A laisser en lui circuler une encre de chlorophylle.

Se fondre
A l’aimé telle une copie éternelle
Une communion tellurique :
L’animal le végétal
Ne manquait
Qu’une pierre pour clôturer le vœu.

Ainsi naquit l’aigle-liège
Certains diront que la main de l’homme y a glissé son pli
Un qui pourtant est un fruit chaud et mûr
Une canopée a épousé des serres
Des yeux perçants ont fermé leurs paupières sur
Un regard tendre.

La vie unit toujours ceux qui s’aiment
Elle les unit parfois si étroitement
Que le cœur en soupire d’aise
Le cœur aime que l’on serre sa moitié
A en épouser les contours.

Carole Radureau (13/10/2018)

L'arburacellu ? 


C'est un chêne-liège. Una suara  dont la circonférence du tronc à la base est de 4 m, sa hauteur est d'environ 15 m et son âge estimé entre 200 et 250 ans. La hauteur du rapace  - d'où le nom d'arburacellu  - 2,60 m et son envergure d'aile à aile 4,50 m 

Son écorce crevassée lui fait d'exceptionnelles protubérances qui lui donnent cette forme originale et unique, un air de rapace protecteur avec ses ailes déployées   
A priori ce chêne liège à survécu après avoir été frappé par la foudre, son cœur étant brûlé, il a très certainement, par l'aura qu'il dégage, protégé depuis deux siècles des troupeaux de chèvres, moutons et bovins et continue à l'heure actuelle.  
Geais des chênes, grives musiciennes, mésanges et autres petits passereaux l'habitent, quand on s'approche tout doucement on entend un gazouillis permanent, pourtant d'autres chênes se trouvent à proximité mais tous nichent dans celui-là… 

Si vous souhaitez donner cette année votre vote à l'arburacellu : 

 

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #L'arbre qui fait parler de lui

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Publié le 13 Octobre 2018

Ce blog de poésie a été créé pour partager des textes, des expressions différentes des amig@s et amigos de passage

J'aimerais que cet appel de l'arbre vous inspire, qu'il vous mette en tête quelque chose comme :

"Tiens, si je voulais exprimer mon malaise du devenir des arbres, comment pourrais-je utiliser mon art, mon talent, mon expression pour ce faire ?"

J'avais adoré à une époque de ma vie travailler avec les enfants de maternelle sur des activités manuelles et l'une de celles qui m'avait marquée était celle que j'avais adapté pour eux de peintures d'arbres inspirées par les tableaux des peintres (style pointillisme avec des cotons tiges et de la peinture).

L'arbre est un thème qui peut recouvrir toute forme d'expression.

Avec les mots, ce qui est très beau c'est que l'on peut, comme je le souhaite se faire les porte-paroles des arbres du monde. Un peu comme si l'on transcrivait leurs messages déposés dans nos pensées la nuit quand la lune, complice, se fait entremetteuse.

Voilà, si ça vous dit, ce blog attend avec impatience vos expressions. Sinon, militez au quotidien car l'avenir de la planète ou ce qu'il en reste est sans doute encore un peu entre nos mains.

Caro

Shihuahuaco : AVANT

Ecoutez ma parole
Je suis la voix des arbres
Du cercle polaire où nul ne nous parle
A l’Océanie aux lèvres de manioc
Une chorale verte onduleuse
S’élève au vent mauvais.

C’est une voix pure
Mélodieuse
Unie et concentrée
Qui crie clair
Qui veut aussi chanter
Clamer
Réciter
Rimer dessiner sculpter se hisser
Comme une seule
Au-delà des océans des nuages des volcans
Au-delà de l’horizon du fer du béton des prisons.

Ecoutez mon message
Érudits druides peuples originaires qui savez écouter
Vous aussi
Citadins citoyens du monde à la corde sensiblement arbre
Surtout écoutez vous autres
Décideurs
Pilleurs
Pollueurs
Accapareurs de terre
Décapitant nos cimes si longuement élaborées
Arrachant aux scalpels nos racines-utérus
Pas un gramme de nos chairs qui ne volent en fumée
En bois de chauffage en meubles rares ou communs
En instruments de musique en objets bourgeois ou non
Qui ne crie Ya Basta !
Qui ne hurle Ya Basta !
Qui ne gémisse imitant la plainte de l’égoïne
Pour terminer en bruine fine en particule
Un petit son plaintif
Répercuté par le charango
La charnière d’une porte
Un cri de cageot qui geint son dernier mot
Avant
Le bûcher.

Vous
Qui tremblez quand l’arbre chancelle
Vous
Qui frémissez quand la forêt s’effondre
Avec
Sa vie
Avec son âme
Avec son espérance et son éternité
Ecrivez nos messages
Dessinez nos souffrances
Dressez de mots des couronnes évidentes
Qui allumeront sur la toile sur les murs
Des souffrances interminables
Des souffrances qui commencent
Qui pourtant semblent se terminer faute de cris
A crier.

Que votre talent soit notre lutrin
Pour y déposer
Délicatement le cri de fiel qui rêvait de miel
Des frères arbres
Des frères qui s’élevaient sans s’en faire
Ayant besoin de temps pour ce faire
Que l’on a arraché sans une larme
A la terre-mère la nourricière.

Carole Radureau (04/10/2018)

Shihuahuaco : APRES

Shihuahuaco : APRES

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #L'arbre qui fait parler de lui

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Publié le 11 Octobre 2018

C'est ce dernier poème qui clôture la série de poèmes consacrés au parc national de Talampaya en Argentine. Il sera celui qui sert de valise à la série, le porte-document.

Ainsi se termine le cycle de poèmes écrits durant l'été, poèmes pour voyager ou pour honorer des régions ou des sommets qui me plaisent, poèmes particuliers pour moi, même s'ils ne reflètent pas la nature habituelle de ma poésie, ils sont chers à mes yeux car ils refléteront toujours une atmosphère particulière de mon vécu, de la situation présente qui a modifié et altéré mes conditions de vie jusqu'à maintenant. Ils sont chers à mes yeux ainsi que la série sur les fées des fleurs car, même si j'y ai retenu mon encre de cœur qui coule habituellement plus facilement dans mes autres poèmes, j'y ai mis la retenue nécessaire à celle qui se protège et qui, à travers cela protège ceux qu'elle aime.

Je m'excuse de confier ceci, ici, mais il me semble juste de faire ce petit point pour mes lecteurs si fidèles, que je remercie encore, pour cette patience qu'ils ont à me suivre et à me lire. Cela ne doit pas être évident. La sincérité et le poème assumé ont toujours été mes leitmotivs dès que j'ai pris la plume, ces derniers temps je n'assume plus beaucoup.

Aussi vais-je me donner le temps de la réflexion.

Merci encore @mig@s et @migos.

caro

Par Jorge Gobbi from Buenos Aires, Argentina — Petroglifos en TalampayaUploaded by man77, CC BY 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=19217104

Par Jorge Gobbi from Buenos Aires, Argentina — Petroglifos en TalampayaUploaded by man77, CC BY 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=19217104


Son histoire n’est pas dans les livres
Son visage est toujours lumineux
Son aura a dépassé l’ère du temps
Il se balade éternellement
La pierre est son aimant
Sa force c’est sa joie de vivre
En lui les hommes ont mis leur cœur
Il brille de son rouge éclat
De génération en génération
Le petit chaperon rouge chuchote avec émoi
L’histoire de la vallée
Un témoignage tellurique
Pur
Inaltérable.

Carole Radureau (11/10/2018)

Pétroglyphes du parc national de Talampaya, Argentine

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #La pierre rouge des dinosaures

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Publié le 11 Octobre 2018

…..poésie de Talampaya……


Venez
Ecrivez sur mes murs
Là-haut la pierre invite
A l’expression.

Sur mes parois vous
Trouverez
L’ardoise propice
L’ocre précieux
Le sang frais de la pierre
Qui veut être pilée.

Il n’y a pas de limite
A la découverte des dessins
Représentatifs
D’un monde
Particulier
Il y a le temps
Pour la sauvegarde des œuvres
Il y a l’œil avisé
Pour déterminer ce qui fut.

Dans le contrebas
Les dinosaures ont vécu
Dans cette vallée minérale
Ici, ils ont procréé.

Il n’y a pas de limite
A la diffusion de la vérité
Lisant les pétroglyphes
Nous décrirons sans y toucher
La joie la peine la peur l’inquiétude
Le temps qui passe.

Les œuvres gravées dans la pierre
Sont d’éternelles marques de l’histoire
Que seuls les vandales irritent
De leurs yeux sales
De leurs mains avides
De leur mépris avéré.

Carole Radureau (10/09/2018)

Pétroglyphes du parc national Talampaya, Argentine

Par Andarin2 — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=7688860

Par Andarin2 — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=7688860

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #La pierre rouge des dinosaures

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Publié le 10 Octobre 2018

….poésie de Talampaya….

Fan de Che Guevara
Tortue
Va
Comme une qui trimbale sa carapace de pierre
Son sang minéral
Rouge feu.

Coiffée
Bien coiffée
Elle ne craint ni le soleil
Ni la critique
Bon sang a fait d’elle une révolutionnaire
Une révolutionnaire dans le désert
Pour que les choses bougent
Enfin.

Elle a un rêve inavoué
Un qui s’écrit parfois en fumée
Sous sa jolie coiffure
Son béret de velours
Elle aimerait fumer
Telle son idole
Un habano des plus précieux.

Une révolutionnaire sans habano
Seul le désert et son suc affairé
Occupé à sécher sans faiblir
Sans barguigner
Peut comprendre cela
Tortuga au béret évocateur
Sais-tu comme le tourisme grâce à toi
Fait des choux gras ?

Carole Radureau (29/08/2018)

La tortue de Talampaya, Argentine

Par Mauricio V. Genta — Travail personnel, CC0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=17485574

Par Mauricio V. Genta — Travail personnel, CC0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=17485574

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #La pierre rouge des dinosaures

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Publié le 9 Octobre 2018

La participation de Dominique que je remercie de tout coeur.

 

Il y avait là-bas très loin dans le temps, une belle chênaie qui prospérait tant et si bien depuis la nuit des temps, que les hommes de la côte commencèrent à s’y intéresser après qu’ils eurent écumé la plupart des  bois alentours ne laissant après leurs passages, que des arbres malades, trop jeunes, trop chétifs, définitivement handicapés ou encore ceux dont la forme ne correspondait pas à l’usage qu’ils voulaient en  faire.  Pour pouvoir continuer à travailler et garder l’exceptionnelle réputation de leur savoir-faire, les hommes de la côte devaient à tout prix trouver les plus belles essences possible, des bois forts et sains, et c’est chaque fois plus loin de chez eux qu’ils devaient prospecter.

Vint le jour funeste où ils pénétrèrent cette forêt pas comme les autres, armés de gabarits et de machettes afin de choisir parmi les plus beaux arbres, ceux qu’ils comptaient utiliser pour leur art !

A leur approche il se fit un grand silence dans la forêt lointaine. A peine entendait-on comme un murmure le cri du coucou têtu, mais ce n’était pas à eux qu’il s’adressait… le hibou discret  n’y répondit pas. Tous les animaux qui peuplaient les lieux s’étaient figés, qui dans son terrier, qui dans son nid. Dans l’expectative les grands arbres retenaient leur souffle, les plus jeunes, curieux, surveillaient discrètement de leur feuillage les humains émerveillés de ce qu’ils découvraient : des chênes plus beaux et plus forts les uns que les autres ! Les hommes s’arrêtèrent dans une petite clairière pour  décider entre eux lesquels de ces chênes géants ils allaient marquer, en vue de la venue prochaine des bûcherons qui n’auraient alors plus qu’à suivre les instructions de ces charpentiers. Le travail du découpage exact des troncs et des branches, dans les formes qui leurs étaient nécessaires pour la fabrication des goélettes qu’on leur commandait de tous les royaumes environnants, allait se faire sans tarder.

Entendant cela, la forêt toute entière frémit d’effroi, on allait découper ses vénérables arbres dont la plupart étaient plusieurs fois centenaires ? Les plus jeunes se demandaient de quel droit, et pourquoi on pouvait bien découper des arbres qui étaient naturellement  de véritables sculptures ! Alors que chaque arbre s’inquiétait de son sort, il y en avait un qui se réjouissait discrètement du sien. Mais serait-il seulement choisi pour être transformé en pièce de voilier et fuir l’ennui ?   C’était là toute son angoisse … Cet arbre-là s’était toujours fortement ennuyé les pieds enracinés dans la terre depuis toujours.  Il rêvait parfois qu’il volait en regardant les oiseaux à qui il demandait quel effet cela faisait de s’élever parmi les nuages. Et les oiseaux lui rapportaient ce qu’ils voyaient depuis si haut. L’arbre était époustouflé de ce que lui racontaient ses amis. Oh, comme il aurait aimé leur ressembler plutôt que d’être prisonnier  du sol parmi ses congénères qui lui faisaient de l’ombre ! Et quand il sentit que des hommes s’intéressaient à lui alors qu’ils lui tailladaient l’écorce, il ne put réprimer malgré la douleur, un soupir de satisfaction. Il allait enfin quitter sa forêt séculaire et ennuyeuse, pour un avenir tout en surprises !

Pendant ce temps les arbres autour de lui qui n’avaient pas fait l’objet d’un intérêt quelconque auprès des charpentiers de la mer, se lamentaient de voir certains des leurs, ainsi mutilés d’une partie de leur tronc et de leurs plus belles branches, pour devenir de simples…ossements de bateau ! Et qu’adviendrait-il de leur si beau feuillage, si leurs profondes blessures ne leur permettaient plus d’avoir la force nécessaire pour puiser de la vie dans le sol ?

L’arbre qui rêvait d’aventure, fut emmené vers la côte débité en larges morceaux et accompagné de beaucoup de ses congénères dans le même état lamentable. Il ne ressemblait plus du tout à un arbre, on lui avait ôté sa belle écorce, et sa chair à vif lui faisait mal, mais qui s’en souciait maintenant ? Il se retenait de songer à sa forêt et préférait imaginer son avenir même s’il s’avérait  maintenant incertain.

Les mois passèrent et la nouvelle goélette dont la membrure, la coque, l’étrave ainsi qu’une grande partie du pont étaient faits à partir des arbres de cette grande  forêt, fut enfin mise à l’eau sous les “hourra” joyeux de la foule toujours prête à fêter un départ comme un retour. 

Une fois libéré de ses entraves, le fin et magnifique voilier s’échappa du port en fendant les flots pour filer droit devant lui, poussé par un alizée léger qui gonflait ses belles voiles auriques, et les focs ne tardèrent pas à accélérer encore sa course vers l’horizon, d’où... elle ne revint jamais, emportant avec elle ses marins à tout jamais.

Mais ce qui revenait comme un écho sourd aux consciences des hommes qui détruisaient les beaux chênes dans leur forêt,  c’était le chant lugubre qui s’élevait de la terre jusqu’au-dessus de la canopée des grands arbres blessés, et se répandait  certains soirs d’été, dans le ciel en feu, formant les reflets brumeux d’une armada de goélettes qui traversaient le ciel se fondant dans l’horizon, qui alors s’assombrissait. Et la nuit tombait. Alors les hommes baissaient les yeux comme pour une prière, attendant le jour nouveau pour recommencer leur sinistre besogne.

La légende elle,  raconte  qu’une fois hors de portée de vue du port où elle vit le jour, la première goélette issue de la chênaie se transforma subitement. Des branches poussèrent de façon anarchique depuis le mât de misaine déchirant la voilure et s’étirant tout autour de la coque, ainsi que sur le pont. Les planches retrouvaient leurs formes originales et se mirent à feuillir si rapidement que les marins paniqués, préférèrent se jeter dans les estomacs vides des requins, plutôt que de finir entre les griffes du diable. Croyaient-ils…

Ainsi vogue depuis des siècles au gré du vent et des courants marins, une chênaie flottante et invisible aux yeux des hommes. Seuls les animaux marins viennent se prélasser sur les rives de cette île étrange, et les oiseaux de passage  y nichent, racontant à l’un des chênes plus curieux que les autres, ce qu’ils voient de la terre et des hommes…

Rien qui donne envie de s’en rapprocher.

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Bosques petrificados

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Publié le 9 Octobre 2018

L’arbre de vie des oiseaux

…..AE, les Arbres Essentiels……

 

Maintenant que je suis grand

Que mon feuillage est conséquent

Maintenant que l’ombre porte

Son fruit

Que mes fruits mûrissent

Gousses doucement entrouvertes

Laissant échapper le fruit

De leurs entrailles

Maintenant que le vent

N’est plus

Un problème

Maintenant que le gel non plus

Ne me fait plus souffrir

Je profite

Enchanté heureux et fier.

 

Arbre de vie des oiseaux !

Je le suis devenu par hasard

Au départ arbre de la mémoire

Les mésanges avaient déposé de leur petit bec

Une nuée de pensée et d’écriture

Ayant fait germer la muse

Celle qui se dote d’une plume contre l’oubli

J’étais alors l’arbre des fusillés

Ceux de Châteaubriant

Chaque année la mémoire me les ramène

Comme des larmes

Qui jamais

Ne sèchent.

 

Mon feuillage délicatement découpé

A l'aide de ciseaux cranteurs

Mes fleurs délicatement parfumées

Fleur d’oranger/jasmin/gardénia

Petit plumeau pour remaquiller le museau

Des oiseaux

Mes branches délicatement fragiles

Qui pourtant ne cèdent leur part aux ondes

Mes branches vigoureusement

Continuellement

Quotidiennement

Secouées

Par mes petits hôtes à plumes :

Chez moi c’est le Maxim’s des passereaux

Chez moi c’est la faim ? Je ne connais pas !

Chez moi c’est l’oasis au cœur de la tourmente

Chez moi c’est :

Entrez sans frapper.

 

Carole Radureau (09/10/2018)

 

 

azoulette

azoulette

les casques rouges

les casques rouges

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Rédigé par caro et hobo

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Publié le 8 Octobre 2018

 

Dans l’écorce ridée de désir

L’enfant devient nuage

Et la force un soupir

 

 

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Bosques petrificados

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Publié le 8 Octobre 2018

AE (Arbres Essentiels) : Le père

Interminable fuite de temps
Vers un infini qui connaît des limites
Longue cicatrice
En son cœur
En son âme
Développée
Sang-sève : sang-entier
Le père
Du haut de sa canopée
Veille surveille engendre sème
Sa sève de futur
Son sang d’agonie.

Ombre propice à la rêverie
Ombre futile fille des muses et des elfes
Ombre sage parfois délurée
Qui sombre dans la châtaigneraie.

Inépuisable source de farine et de joie
Liesse des cochons
Fils des sous-bois
Fruit béni non par les rois
Mais
Par la faim qui du fond de l’abîme-estomac
Crie ses mille mercis à petite voix.

Chlorophylle de l’aiguille et du fil
Eprise
Couturière habile et prospère
Fille du mystère et du dentelé
Mère de plumetis fleuris
Dans la gaze et dans la tendresse
Naissent les plus belles promesses
Fille ou garçon
Sans façon
Le fruit sera toujours un fruit
D’abondance.

Irritabilité de celui qui frémit
Face au danger
De celui qui grandit
Et parfois
Chancelle
De celui qui étend ses bras comme pour envelopper
Un terroir
Comme pour ne pas céder aux limites
Inquiétude de père
Responsable
De tant d’enfants
Un érudit un humble un riche de sa vieille promesse
Un qui dicte conte raconte surgit dans la vie telle une fleur
Sur un trottoir défoncé
Sur une plage déserte
Dans une prison froide et crue.

Guerrier qui par la force de l’amour
De la conviction
Du devoir à accomplir
Lève ses enfants face à l’ennemi :
Poings de châtaigniers levés
Tels des points d’exclamation
Une forêt de points qui s’expriment :
Par la farine
Par le doute
Par le fruit desséché
Par la terre qui s’érode
Par la feuille qui décline
Par le suc qui s’épuise
Par la fleur qui avorte
Par l’hôte sans table ni lit
Par le bois qui gémit
Par le ciel assombri
Par la pluie qui n’y croit goutte
Par la sève appauvrie
Par la maladie qui vient tel un point au bout d’une phrase trop durement touchée
Par la faune qui déserte
Ventre vide
Apeurée
Par le frôlement discret d’une main sur une écorce
Vibrante de fièvre
Par le regard indiscret sur une agonie
Par le regard tendre qui veut figer ce qui reste encore
Par le message profond d’un sang neuf à transcrire
A crier à rimer à danser à pleurer à gémir à diffuser.

Au nom du châtaignier
Père de la farine et des sens
La vie a perdu le sien
Quand l’ombre ne tient plus
Sa promesse.

Carole Radureau (08/10/2018)

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