Publié le 4 Décembre 2017
Ris que tu ris
S’endort la planète
Au son du chant des morts
Au son des corps qui tombent
Qui chutent qui percutent
Et qui vibrent
De n’avoir pas su
Vivre
Ris que tu ris
S’éteignent les espèces
Que si elles avaient su
Elles ne seraient pas venues
Sur une terre où l’indigne
A vendu sa mère et son insigne
Pour du beurre noir et gluant
Pour des semences trafiquées
Pour du gaz non hilarant
Du lithium encore dormant
Ris que tu ris
Plus ça va mal plus ça s’accélère
On décompte d’un côté
On pille de l’autre côté
On éventre on étripe on calcule on stipule
Pendant que d’une main
Recueillie dans sa coupe de cristal vieilli
Le dernier petit corps
Aux archives et encore
Qui s’en soucie : ris que tu ris
Que tu te moques que tu t’en moques
Moi je pleure quand tu ris quand tu avances
Maudit mais ravi sur les chemins de la terre-mère
Avec ta croix ton bistouri ta pelleteuse ton bulldozer
Moi je pleure quand l’eau demeure
Une lettre morte
Quand la soif la faim la guerre
Poussent tant de jolies vies
Hors des frontières
Pour en faire de la chair
Oui de la chair
Vendue à toutes les offres possibles
Destinées aux hommes qui savent acheter la chair
Oui de la chair
On peut tout en faire
De toutes les chairs
C’est un bien de consommation
Oh combien négociable
Moi je pleure quand l’étau se resserre
Quand tout le monde
Joue son rôle d’autruche
Tourne la tête
Regarde son nombril
Croit que ça va changer
Parce qu’on nous dit que ça va changer
Ris que tu ris
De ce que je dis
Pleure que je pleure
Quand la terre-mère s’endort
Un chiffon de chloroforme sous son nez de mère
Aimée aimante confiante
Une piqûre de formol
Dans sa veine aux mille efforts
Si tu veux, ton rire sonore et douleur
Range-le dans le tiroir de la certitude
Pour une fois dans ta vie : pleure
Pleure pour une cause juste pour une raison valable
Pleure parce que ce qui est le plus beau meurt
Et mort qu’en faire sa matière à négocier
Papier mâché
On veut que cela cesse
Que les consciences pleurent et pressent le pas
Pour un avenir meilleur
Un monde où la cascade de pleurs a lavé la misère
Un monde où la chute d’eaux limoneuses à cloué leurs ambitions
Dans la boue généreuse
Un monde où le rire cristallin de la rivière
A réveillé le chant des nouveaux oiseaux
Le printemps s’éveillera de source sûre
Avec une jonquille en sucre candi et une mûre
Très mûre aussi joyeuse que des joues d’enfants
Rosies par un air pur
Celui du renouveau.
Carole Radureau (04/12/2017)