Le faisan de Colchide
Publié le 19 Mars 2024
« Merci pour ce faisan, Madre Tierra ».
Il va son chemin
Là, dans notre ligne de mire
Quelques mètres nous séparent
Il va son chemin
Joues rouges tête bleue plumes mordorées
Comme mordant le vert hésitant du sous-bois clair-semé.
Nous sommes restés coi.
Il avait été effrayé par notre intrusion
Vite,
Il avait compris que ces deux humains-là
Ils étaient inoffensifs
Son 6e sens avait parlé.
Et nous restions coi
Admirant ce spectacle comme un véritable spectacle
De ceux où jamais il ne faut payer
Car spectacle de la vie
Gratuit sans façon libre de droit
Juste un privilège
Privilège que tant transforment en saccage
Car tuer est leur unique mot d’ordre
« J’ai vu un faisan, il aurait fait un bon repas » disent-ils
Alors qu’ici nous remercions la Terre-Mère
Pas pour un repas possible
Nous ne sommes pas des indigènes en autosubsistance apparemment
Nous remercions pour le bonheur de la vie
Nous remercions pour la poésie de l’oiseau
Qui va son chemin
Tranquillement
Lui, le maître des bois
Qui a subi, pauvret
Une énième intrusion
Et qui,
Digne,
Ne s’en est nullement offusqué.
Carole Radureau (19/03/2024)