Les cyprès sont cyprès
Publié le 11 Février 2023
Les cyprès sont cyprès
Leur âme sort du vert profond
Comme une luciole furibonde
Piquée au vif.
Le pinceau l’a pincée
Il a si bien capté le synonyme
Noir-vert de la mort
Dans lequel est habite inconsciente.
Mais les cyprès ne sont jamais trop près
Ils aiment l’éloignement que
Leur confère
Leur élégante silhouette.
Ils veulent embrasser le ciel
Toucher de la cime cette fleur
De coton, là-bas dans les nuages
Ils veulent embrasser la lune
C’est pour cela que parfois,
Ils sont tordus.
Les cyprès sont heureux d’admirer
A leurs pieds la petite prairie ondulante
Les herbes folles qui s’affolent
Sous le pinceau qui les voit
Batifolant, légèrement.
Ils aiment dans leur dos la montagnette
Qui grimpe tranquillement jusqu’au ciel
De vaguelettes.
Les cyprès sont cyprès qu’on dirait
Qu’ils dansent
Charmés par un chant serait-ce
Celui des cigales ou bien
Celui du peintre ?
Mais ce peintre n’est pas très gai
On dit qu’il aurait présagé la mort
En peignant ce tableau
Qui n’a rien de mortifère, non, ce
Tableau qui danse dans toute sa surface
Comme dansent en Provence les composantes
Comme se dressent majestueux les cyprès
Sentinelles qui viennent couper
Un paysage, certes
Au couteau,
A leur plus grand avantage.
Je suis allée en Provence
J’ai aimé les cyprès les voir cyprès
Je ne pouvais m’en passer
Les voir, torturés tombant de gauche
Tombant de droite
Naviguant, serviles, au gré du vent
Cette apparence chien fou me plut
Je les aimais passionnément.
Il ne manquait que la rondeur
Que le sens tournicotant que prit ici
La peinture pour désigner l’effet du vent
Le vent est un dessinateur de paysage
Le vent est un grand ordonnateur.
Les cyprès sont cyprès
Qu’on sait bien qui ils sont
A les voir cyprès qu’on ne songe, non,
A la mort sinon à la vie car le cyprès
C’est la vie qui vibre de ces milles
Petites lucioles de la conscience.
Carole Radureau (11/02/2023)
Inspirée par le tableau de Van Gogh, Les cyprès 1889