La mère qui a été trop généreuse
Publié le 28 Septembre 2022
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La mère qui a été trop généreuse.
Evidemment, elle a trop donné.
Elle s’en est rendu compte, tout soudain
Seulement
C’était peut-être trop tard.
Elle avait passé un contrat
Avec ses enfants,
Les tout premiers :
Ils devaient être reconnaissants,
Ne pas tout gaspiller,
Ne jamais oublier les offrandes
Régulières
Pour remercier.
Les conditions furent transmises
Quelques générations
Puis,
Oubliées.
Certains n’ont pas oublié les promesses tenues
Par les ancêtres
Ce sont les peuples connectés à la terre
Qui vivent d’elle
Savent bien dépendre d’elle
Ils l’aiment cette mère pour ce qu’elle leur donne
Jamais ils n’iront plus loin
Que ce qu’elle peut offrir.
Et d’autres se sont autorisés
Le droit de tout prendre
Et bien plus encore
Bien plus que cela
Car ils n’en ont jamais assez.
C’est une grande faim destructrice
Qui touche les enfants de cette mère.
Parfois,
Elle
Se
Dit
Qu’elle a les a mal élevés.
Pourtant, elle n’est en rien responsable
Jugeons-nous les gens qui ont la fleur sur le cœur
Et
Le cœur sur la main
Comme nous jugerions des malfaisants ?
Cette mauvaise graine a poussé.
Elle avait de la capacité.
Peut-être a-t-elle été dépassée
Peut-être que ceux qui avaient le respect
La tradition
Se sont-ils trouvés minoritaires,
Démunis
Ne pouvant plus combattre
Faire valoir la parole de la mère sacrée
Pour remettre les pendules à l’heure.
Ce fut l’apogée.
La grande débauche.
La grande pollution.
Un seul slogan un seul nom pour cette triste famille :
Toujours plus.
Ils ne réalisent pas même devant le fait accompli.
Ils sont portés par un mental égocentrique et destructeur.
Ils s’en prennent au corps des femmes
A la liberté des femmes, du moins quand elles en ont.
Ils s’en prennent à celles qui donnent la vie.
Comme leur mère, la terre.
Le féminicide et l’écocide.
La femme diabolisée car elle a des cycles
Qui permettent à ceux qui détruisent ensuite
De naître
La femme qui comme sa mère à un vagin
D’où sortent les êtres qui la démembrent ensuite
Qui la violent qui la souillent qui la maudissent.
La mère et ses filles sont intimement liées.
Le cordon,
Certaines
Ne l’ont jamais coupé.
Ce sont des guerrières qui de l’Amazonie
A l’ensemble du monde
Portent haute la bannière de leur mère.
Non, ici, elle n’est pas oubliée.
Chaque violence chaque griffure, chaque bavure,
Chaque souillure, chaque mépris
C’est une violence qui se ressent dans le corps collectif
Porté par le corps de la mère.
Il y a une inconscience collective,
Certes,
Nous n’avons pas le temps d’attendre
Son éveil.
Le sourire de la mère est le plus beau des réveils.
La résilience de la nature est la plus belle des sœurs.
L’innocence des animaux
L’innocence des tout petits humains
Est la cerise qui fait aimer le fruit de la vie.
Je ne sais pas comment faire pour que changent les choses.
J’ai toujours eu espoir que les mots,
Que la poésie
Soient des porteurs d’espoir,
Bien au-delà des espaces géographiques
Bien au-delà du temps
Bien au-delà des croyances et des idéologies
Bien au-delà des tabous et des goûts qui n’ont pas lieu d’être.
J’avais aimé fabriquer un collier de perles-pierres
Pour un monde meilleur.
La minéralité est la force de la terre
Concentrée dans un coquillage de tendresse.
La fleur et l’arbre,
L’oiseau et l’eau,
La lune et les étoiles,
L’amour pour notre univers
Me semblent de la poésie à l’état de nature
Que les poètes
Sans cesse,
Doivent sublimer.
Mais parfois la vie et les évènements me coûtent.
Ma parole est sèche et ma muse endormie.
Il n’est que de petits troubadours du Vivarais
Pour les ramener à la surface d’une Sialinette
De conquête et d’espérance.
S’égarant dans les méandres de la famille perdue
A se demander s’il faut tirer les cheveux
Ou tirer la langue à ces enfants qui ne respectent rien.
Carole Radureau (28/09/2022)