Circonstance de la poésie
Publié le 12 Août 2022
Je ne veux pas être celle
Qui va chanter la fin de tout
Ma poésie n’est pas faite pour cela
Et elle a déjà joué
Un peu trop à mon goût
L’oiseau de mauvais augure.
Pourtant j’ai mal à l’herbe sèche
J’ai mal à l’air qui assèche l’âme
Comme un fil chaud passé sur le vif de nos vies
J’ai mal à ce que j’entrevois
Le soleil m’ébaubit et parfois me trahit l’affection que je lui porte.
Il est dur de réaliser que l’on a les pieds dedans
Il est dur de constater que chacun ne pense qu’à soi-même
Que l’on n’a aucun pouvoir
Pour changer les choses
Y compris autour de soit.
Cet été du chaos est triste : non !
Rien à chanter !
Sinon à pleurer pour irriguer de larmes
Les quelques plantes survivantes.
C’est comme voir le désert soudain
La grande désertification
Alors qu’au-dessus de nos têtes
L’air du matin plus frais est irrespirable entaché
Seraient-ce ces nuées d’avions ce grand boulevard du ciel sur nos toits
Qui polluent nos airs raréfiés
De leur kérosène vacancier/outrancier ?
Heureusement les nuits d’août sont plus fraîches
On peut en étant noctambule en profiter
Je m’étonne en voyant des étoiles
Dans le ciel de grisaille et d’ozone permanente
Non encore évacuée par la nuit qui régénère
Si c’est cela qu’à ma poésie
Réserve le tournant de ces espérances : à quoi bon ?
Je me sens et elle avec moi
Solidaire
De la terre qui se craquèle comme un puzzle inédit
Solidaire
De la feuille qui se transforme en papier crépon toute enroulée de douleur sur elle-même
Solidaire
De l’oiseau qui se tait trop dans le silence de l’attente
Solidaire
De l’eau qui disparaît comme la ressource sacrée
A laquelle on a crié Gare ! sans être pour autant entendus.
Carole Radureau (12/08/2022)