ATTENTION !!
Publié le 25 Juillet 2022
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Alors que l’on rêvait d’or
L’hiver pour réchauffer la demeure de l’œil
La toiture de l’être
On rêve aujourd’hui de la verte prairie
De l’onde printanière sur le champ ébauché
L’on rêve de la clarté d’une rivière curieuse
Qui laisse chahuter les truites
Sur ses bancs.
Alors que l’on voudrait d’un trait
Reverdir
Le paysage détruit
Par un soleil trop fécond
Alors que l’on voudrait
Etre acteur
Aux pylônes des multinationales
S’enchaîner puis crier avec nos yeux
L’on se sent
Bien impuissant et l’on
Sème la litanie perpétuelle
L’on se sent écologue, je me sens
Moi, indigène
J’aimerais être née dans un cœur de manioc
Sous terre avoir poussé
Puisant des forces puisant de la vie
Pour la rendre après coup
A grand coup de racines.
Voilà, c’est qu’il nous faut subir
Subir ça rime avec cuire
Le zinnia pleure mais il n’a
Bientôt
Plus de larmes et le cosmos
Est prêt à rejoindre son père
La pelouse ne sait plus qu’un jour
Elle portait un nom
Les oiseaux se taisent
La sieste pour eux est longue
Pourtant la vie,
Encore,
Semble vouloir
Continuer son ru
Sur le lit où commencent à sécher les cailloux.
Ne plus entendre le ruissellement
Ne plus entendre un jour le chant des oiseaux
Pour certains tous les bruits d’une jungle
Seulement les bruits de la civilisation
Borborygmes nauséeux.
Nous avons tout détruit !!
C’est vrai, ce n’était pas un complot !
Depuis notre naissance, nous autres des sixties
La terre a pris cher nous en sommes les témoins
Il n’aura fallu, quoi, qu’une cinquantaine d’années
De ce fameux progrès
De cette aventure humaine
Pour échanger un air pur, une forêt encore vierge
Contre une clim et la 5 G :
Ondes : vade retro satanas !!
Nous ne sommes pas du tout gagnants.
Ni les espèces entraînées avec nous
Dans le chaos du moribond.
Alors, comme une envie de s’enchaîner*
Puis de crier mais à quoi cela sert-il ?
Aujourd’hui dimanche mon ciel
Subit un quadrillage en règle plus confus qu’en semaine
Comme quoi certains économisent quand d’autres s’enchaînent
A leur luxe, calme et volupté.
Quoi, cela ne change jamais ?
Exact.
Je ne peux m’en contenter.
J’écris avec des mots de chaînes
Avec des mots qui crient leur horreur de ce qu’ils entrevoient
J’écris pour que ne meurent pas les oiseaux
Que ne meurent pas les petits enfants
Pour que ne s’assèchent pas les cours d’eau
Qu’il existe encore fruits, arbres et fleurs
Puis un air vivifiant (et je n’ose parler des glaciers !).
Cela fait longtemps que l’on dit : ATTENTION !
A quoi bon !
Le temps presse
Ils tergiversent
Le temps passe
Le climat outrepasse
C’est ainsi qu’ils veulent que nous survivions.
Cette vie mérite-t-elle d’être vécue ?
Je crois bien que non.
Il faudra faire avec
Ou sans.
C’est l’heure de la révolution
La plus belle la plus forte la plus digne
La véritable révolution pour la Terre Mère
Notre mère !
Comment ne pas se battre pour sa mère ?
Là, n’est-il pas la dignité combattante du juste ?
Je ne vois pas beaucoup de candidats......
Moi-même je ne suis pas en état
Je suis en réparation, qu’importe
Si un jour je puis redémarrer j’irais dans la rue
M’enchaîner à un tronc d’arbre
J’hurlerais au loup
Ce sera sans doute la dernière fois
La matraque la balle en caoutchouc le fumigène
Me feront taire à jamais
Mais je n’aurais pas crié à genou
J’aurais crié la tête fière
J’aurais crié en cœur avec la sève de l’arbre
J’aurais crié un poème
Ce sera le dernier
Le plus beau
Le plus sincère
Le poème pour la santé
Et pour la vie.
Carole Radureau (24/07/2022)
*ces actions isolées d’enchaînements d’alerte ne sont pas à mépriser pour autant elles me font de la peine car il me semble qu’une grande partie de notre jeunesse a perdu la culture révolutionnaire qui mène les luttes dans la masse et dans la rue.