Nourrir son imaginaire

Publié le 15 Mai 2022

Par Fev — Travail personnel, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=6190052

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Entretenir la verve verte de la créativité

remplir de blanches    de croches    de dièses

la portée éphémère d’un mental sur Univers

nourrir son imaginaire de règles de beauté

combler le vide du vent

l’oiseau est une villégiature    le soleil

une

canopée

un petit cheval Yakoute s’endort

dans la fureur neigeuse des ans

et

dans son rêve

furtif

la froide tempête terrestre est une parodie

chercher le lien là où il n’est plus

c'est-à-dire dans la fibre rompue

du jonc

qui s’est laissé corrompre et tordre et plier

en un panier

détricoter le nerf noueux du nuage

égaré dans le cosmos perverti des ondes

en trop vouloir alors que l’essentiel

est en soi-même et on le savait bien

chercher à combler un vide qui ne l’est pas

ici

tout est trop rempli     même

les silences

la musique est en soie, électrique

parfois comme un nerf que l’on tire d’une dent

arrachée

trop en vouloir     la chair et le fruit –

le goût de la vie

trop parfumé l’air se corrompt car le soleil l’exerce

il y a trop de senteurs   ne pensez que c’est bien

l’excès de chaque chose est un abus de pouvoir

qui

comme tout abus a bu la lie avant le rêve

sans jamais savoir freiner

bave écoulée de bajoues trop nourries par l’espérance

du temps

tout doit être mesuré

tempère la tempérance

évide l’évidence

fusionne l’ion et la fusée de l’éphémère

comme un cheval Yakoute de chimère

qui fournit le lait   la croupe  et l’agonie de son aura

avec tout ceci qui s’égare

nourrir son imaginaire

des vides en faire

des baobabs de mystère     des ceibas

de contemplation

sauter de la linea sibérienne

à la canopée amazonienne en un vol de toucan

laisser tomber le fruit corrompu

qu’il s’égrène tranquillement

sur cette couche fine    le sol n’est pas capricieux

il ne demandait pas mieux que de rêver

de continuer  à faire pousser des étages forestiers

des géants

alimentant une vie de la plus infime à la plus évoluée

tout un univers de sons, de senteurs calmés par la puissance

de la hauteur

de la ceiba et du nuage profond

le nuage est ici-même une forêt qui se sent menacée

si elles ne retombent plus les gouttelettes

de son collier démultiplié

à l’autre bout de la planète

étouffe l’aurore    étouffe la peine

s’endort

l’imaginaire

dans la cacophonie refoulée.

 

Carole Radureau (15/05/2022)

Par Унаров Максим Владимирович — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=31214414

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Agate mousse

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H
un mot me vient : osmose !
Répondre
C
Oui, c'est sans doute de l'osmose quand on connecte son vécu à la terre et à l'espace pour dire sans avoir trop l'air de dire, ce qui reste comme un gramme de souffrance en suspens.
C
J'aime beaucoup cette ambiance feutrée .
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C
C'est parce qu'à travers les mots, je dis sans trop dire mon vécu et ce poème-là m'a donné un peu plus de mal que d'habitude.
A
Belles images et un poème qui nous emmène loin, tu as le don de nous faire rêver :)
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C
Surtout, ça saute souvent d'un point du globe à l'autre parce que je suis spécialiste du grand écart. J'ai toujours aimé alterner les styles y compris dans mes lectures, dans les articles que je rédige. Cela ne doit pas être facile à suivre, de la Sibérie à l'Amazonie, pourtant, que de points communs j'y trouve.