Les cousines
Publié le 8 Mai 2022
......fragments de Vivarais.....
Ma cousine, la sauvageonne
Qui sait ériger son vœu
Au-delà des temps de conquête
Dis-moi, l’air est-il plus sain chez toi
Dans ta contrée de mystère
Là où pousse le cri du tonnerre
Comme un chant d’oiseau ?
Je suis, moi, celle qui se contente du jardin
Certes c’est un très beau jardin
Où chacun et chacune sait y trouver sa place
Certes je pousse à l’ombre de rosiers fondateurs
De ceux qui puisent leur encre dans les prémices de la roseraie
De ceux qui puisent leurs pensées dans les vers du poète (Pierre de Ronsard)
Je ne suis pas à plaindre, moi, la citadine
D’ailleurs on ne se croirait pas en ville à vrai dire
Ici, l’illusion de vie sauvage fait loi
Et l’on sent bien un air de vivacité au sortir de la vie trépidante
Du bitume et de l’essence
J’aimerais te rendre visite cousine du Vivarais
Nous pourrions échanger nos techniques de pousse
Comment tu fais pour étirer ton bras vers les étoiles des Pléiades
Quel angle tu donnes à ton coude
Comment fais-tu pour ranger un à un tes spores
Dans le dénivelé de ton aurore
Afin que la vie se dissémine
Comme elle sait le faire ?
Je voyagerais dans ma tête de fougère
Comme l’humaine de mon territoire m’a appris à le faire
Je m’imaginerais conservant
M’implantant une saison au bord de la Sialinette
Devisant avec toi, ma cousine des affaires du monde.
Je me sens des airs de vagabonde et t’envoie
Quelques spores inédites de saison
Encore chauds
Prends soin de toi, cousine et de tes sœurs fougères
Prends soin de l’atmosphère et des murmures de l’eau
Il n’y a pas de mystère en nous
Juste de la sincérité
C’est ce que ressentent les gens qui nous aiment
Jamais la fougère ne triche
Jamais la fougère ne ment
Jamais la fougère ne compose
Elle vit, voilà tout
Elle vit, par-dessus tout
Elle survit aussi, malgré tout
S’adaptant sans un bruit
Mais observant
Tout.
Carole Radureau (08/05/2022)
Inspirée par cette photo de Serge