La fougère-Eternité
Publié le 31 Mai 2022
Je suis la fougère-Eternité
Aquí (ici) je me suis installée
Je viens de Palenque
La cité Maya dont les gens ont disparu
Pour réapparaître plus loin
En ordre dispersé
Fougère au lait de jade
Patiemment sculpté
Je vibre d’un sang de lumière
Je l’ai puisé dans l’éphémère
Puis je l’ai transformé
En Eternité
C’est ainsi que je voyage
A travers des autoroutes de nuages
Jamais embouteillées
Au-delà des étoiles
Sans cesse bousculées
La fibre tellurique me tient
Au cœur et à l’âme
J’ai un sentiment-jaguar qui rugit dans la lumière
Des yeux d’or en parure de velours
Chaud comme une tortilla
Selon le mois je peux roussir
Comme roussissent les roussettes
Avec leurs yeux myopes leurs ailes
Galopantes sur des ondes invisibles
Aquí je me suis implantée
Quel sera mon avenir
Seul le connaît le jardinier et encore le sait-il lui-même ?
Fière d’être remarquée
Dans cette nature pas trop hostile
Loin de ma selva la de allá (celle de là-bas) où la liane est reine
Le serpent sert de balustrade aux rêves
Je me suis fait toute petite pour voyager incognito
J’ai de l’ambition plein des spores
Des vertiges d’élucubration
Des velléités en roses de Péten
Des synapses plein les doigts
Mon idéal c’est de disséminer mes gênes mayas
Comme un sang d’or reconquit
Le maïs et son règne
Coule dans mes veines bien dégrossies
Je suis la conquérante
La de allá y de aquí ahora (celle de là-bas et d’ici maintenant)
Applaudissez-moi je ne suis que robe
D’insomnie
Doigts de fées jaunis par trop d’espérance.
Carole Radureau (31/05/2022)