J’ai enfumé le monde
Publié le 26 Avril 2022
J’ai enfumé le monde avec le pollen de mes mots
La nuée de graines de pissenlit
J’en ai fait une mare à idées jaunes
J’ai volatilisé le suc en poudre éphémère des nuages
En ait saupoudré l’essentiel de la mémoire
Je ne veux pas de cette image de croqueuse de terre
Qui colle à ma peau de blanche, d’occidentale
Ça fait un bail que j’ai épousé la terre-mère
Je l’a ressens depuis ma naissance
Même si l’on a détourné d’elle
Mes yeux, mes
Mains ne l’ont jamais quittée
J’ai disséminé le monde avec l’argile verte pas encore mûre
J’ai inséminé le monde avec de l’or pur en quatre vers
N’est-elle pas belle la poésie de la terre ?
J’ai bricolé le monde avec deux pierres précieuses
Allez ! ils ne les achèteront pas
Je les ai offertes en offrande à la terre
Ne viennent-elles pas de son utérus ?
J’ai enfumé la planète avec des poésies trop mignonnes
Qui ne disaient pas assez fort ce que je pensais tout bas :
Elle est coincée ma glotte de poète par la bulle blanche de
La perplexité
L’habitude de ne pas vouloir choquer
Le conformisme qui ressort sous les bras comme une suée
Que l’on ne veut pas admettre.
J’ai enrêvé le monde avec des mots qui se voulaient
Velours de pierre
Marne de tendresse
Silex d’agonie
J’ai fustigé le monde en lui disant de rester calme
Pendant que je le tiens
Pour lui administrer deux cuillerées d’anar poésie :
Ça pique par moment
Ce n’est pas toujours frais
Mais ça vient toujours du cœur
N’est-ce pas là, l’essentiel ?
Carole Radureau (26/04/2022)