Corruption de l'aube

Publié le 28 Janvier 2022

site toca do arapuá do gongo (Brésil) source

 

 

L’air frais de la petite aube

Tout ragaillardi

Tout anobli par le grand trait

Tiré par la nuit sur la corruption

Ce matin a faibli

Sans doute est-ce ainsi chaque matin ?

Je n’en sais rien

Car je ne me risque pas à ouvrir les fenêtres

Quand il gèle.

 

Le bruit de l’humain à tout envahi.

 

Ce bruit exécrable.

Ce bruit insupportable.

Ce bruit dont on ne sait d’où il vient,

Où il va, dont on sait juste

Qu’il est.

 

J’ai adopté une grotte préhistorique

Fort ancienne

Enfouie probablement encore sous terre

Ou sous mer

Non encore découverte

Pour tympan.

 

C’est une caisse de résonance

Qui ne dit pas à moitié

L’énorme possibilité de la corruption

De l’homme

Sur dame nature.

 

C’est comme entendre avec des oreilles d’autrefois

Quand le bruit de la mère qui se réveille

Etait froid, vif et tranchant

Comme le chant d’un oiseau qui a faim.

 

C’est comme entendre avec des tympans renouvelés

Comme un miracle

Comme un renouveau

Alors que ce monde-là dans lequel je survis

Me les saccage à l’envie

Me les corrompt comme il corrompt tout ce qu’il touche.

 

La mère-nature dans les mains de l’homme

Est un puits saccagé

Dans lequel l’on jette

Tous les détritus

Autour duquel on entasse tous les ossements dont on ne veut plus

C’est une décharge à ciel ouvert.

 

Pour chance l’air du petit matin frais se dit :

Il n’y a bien qu’à la mère-aube où je suis encore pur

Profitez de moi si vous vous levez tôt

Sinon, pleurez

Cherchez dans vos mouchoirs

Cherchez dans vos masques fabriqués avec des produits chimiques

Un air pur

Une goutte, que dis-je une perle infinitésimale de cette pureté

Pour vivre.

 

Je sais et j’ai compris que je vivais accrochée à ma bouteille d’oxygène

Avec ses petites roulettes pour que je le tire, mon air

Partout

Avec moi

Je sais et j’ai compris que je ne vivais uniquement parce que cachée dans une grotte

A l’abri de ce qui fait le propre de l’homme moderne

Vendu comme une vérité, une nécessité, un besoin essentiel, une avancée : la civilisation.

Mais vous : savez-vous que c’est votre cas aussi

Même si vous songez ne pas être concernés ?

 

Il y a une urgence qui me dit de rester avec mes tympans

Bien enfouie dans ma caverne préhistorique

Non encore découverte

Et d’y dessiner les monstres que l’homme a créés.

 

Carole Radureau (28/01/2022)

 

Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Terre-mère, #Agate mousse

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A
Terrible, ce poème...
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