9. Le tapis de la forêt secrète. Pablo Neruda
Publié le 9 Décembre 2021
……le langage des arbres…
…..l’écho du poète….
(…) Plus loin, chaque arbre s’est séparé de ses semblables……Ils se dressent sur le tapis de la forêt secrète, et chaque feuillage, linéaire, frisé, branchu, lancéolé, a un style différent, comme coupé par des ciseaux aux mouvements infinis…(…)
Pablo Neruda, La forêt chilienne in J’avoue que j’ai vécu
Je ne me suis pas égaré
Tout doucement, j’ai suivi
Le paramètre de l’ombre
La trace subtile de la fougère
La géométrie sacrée de la pierre.
La mousse m’a tout appris
Le lichen est mon fils
A travers lui se tissent les fils de la trame forestière.
Il n’y a pas de mystère.
Il n’y pas de mystère.
Si ce n’est celui des chuchoteurs de la nuit
Si ce n’est celui des chatouilleurs sous les bras
Si ce n’est celui qui raconte des légendes
Tout bas
Dans la canopée
Et ça fait un petit chuuutttt que personne ne reconnaît
Ou plutôt que chaque créature du bois reconnaît.
C’est vrai qu’il y a de la magie :
Regardez-nous !
Ne sommes-nous pas, nous,
Composantes de ce bois
Des créatures célestes
Prêtes à foncer dans la canopée du ciel
Enfourchant la licorne de l’inconnu ?
Il y a en quelque sorte
Un tissu fin et grossier, une trame particulière
Qui écrit pour les initiés
Un conte dans lequel s’inscrit en grosses lettres
La liberté
Quelle belle liberté que celle de découvrir le cheminement
D’une horde de gendarmes sur le tronc d’un boulot
Ou le travail du bousier ce grand nettoyeur des sous-bois ?
La fougère notre mère n’oublie jamais de répandre en ses spores
L’onde efficace qui encense les esprits
Se glisse en catimini dans l’âme du promeneur
Qui est comme une résine collée à nos propres basques
Avec sa magie sa chimie sa témérité sa fugacité sa vérité
La fougère est notre pionnière
Et la mousse notre pinsonne primaire et amoureuse
Le lichen est notre fil conducteur
L’humus notre terreau premier
Dans lequel se livrent aux orgies
Tous les organismes vivants !
Ah ! quelle belle histoire que la nôtre !
Pourquoi y voient-ils tant de légendes
Pourquoi les faisons-nous tant rêver
S’il n’y avait pas en tout ceci
Une part de vérité ?
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Carole Radureau (09/12/2021)