7. On m’a laissé le temps

Publié le 7 Décembre 2021

……le langage des arbres…..

 

On m’a laissé le temps

Le temps de grandir

Il en aura fallu des années

Pour atteindre 37 mètres 50

Il en aura fallu des jours

Pour ériger mon pourtour

Fabriquer de la bonne matière

Dans laquelle on peut prélever directement

Sur pied

Des planches entières.

 

Mes frères les indiens de moi, savent tout faire

Nous sommes considérés comme arbres sacrés

Sans nous finis les canoës

Les totems

Les bancs sculptés et ornés

Tout un mode de vie

Sans nous le monde autochtone de la côte Pacifique nord-ouest

Aurait une autre allure

C’est un peu comme si nous entrions dans les communautés.

 

Moi on m’a laissé sur pied

Un grand pied

D’une pointure introuvable

J’en arrive à envoyer, tels des ponts

Mes racines aériennes

Que n’inventerai-je pas pour que l’on m’admire

Je suis le doyen, le très ancêtre

Qui ne sait plus qu’elle année l’a vu naître :

Oh ! C’est si loin, si loin

J’en ai vu passer des histoires et des ères

Des révolutions des guerres des belles paroles en l’air

Puis maintenant le risque encouru par la forêt

Mais des gens sont là

A veiller sur nos tours de taille

Certains promeneurs posent la main sur nos troncs

Comme pour y puiser un pouls,

Une énergie

Ne l’avez-vous jamais fait ?

Il y a un cœur qui bat dans nos artères de bois

Tout n’est pas figé

On peut se laisser connecter à l’humain

Il faut pour cela qu’il soit bien droit

Droit comme un cèdre.

Rouge comme un cèdre.

Fidèle comme un cèdre.

Aimable comme un cèdre.

 

Carole Radureau (07/12/2021)

 

Cèdre rouge (thuya plicata)  dit Kalaloch redcedar dans le Parc National Olympique, état de Washington EU

 

Par rachel_thecat — The Kalaloch Cedar, CC BY-SA 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=31880201

Par rachel_thecat — The Kalaloch Cedar, CC BY-SA 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=31880201

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A
Serge a fait un si joli commentaire que je ne saurais mieux faire, juste un compliment pour ton poème, au rythme du temps nécessaire...
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C
Je me laisse guider par la parole des arbres, c'est vraiment facile, sauf que ça c'est une forme d'anthropomorphisme qui ne sert que les intérêts de la poésie.
H
Si les arbres sont des livres ouverts, alors les forets sont des bibliothèques !
Répondre
C
Tu as raison et c'est marrant parce que en Amérique du sud, ils disent que les anciens qui meurent, mourant avec leur savoir, ce sont des bibliothèques qui sont perdues. La sagesse a le point commun de trouver l'arbre, de trouver la personne qui convient pour la porter et la transmettre. En attendant, cette idée de forêt-bibliothèque, ça pourrait ouvrir des portes à l'imaginaire poétique : des portes ouvertes pour y gagner du plomb dans la tête.