5. L’arbre rouge

Publié le 5 Décembre 2021

……Le langage des arbres….

 

Je me suis tortillé

Tout ce que j’ai pu

Pour voir sur la toile

Le rouge de ma demeure :

Il n’y pas de passion sans feu.

 

Je suis telle une coiffure de Méduse

Bien échevelé

Je ne connais, depuis ma naissance (mon éclosion)

Ni brosse ni peigne

Elle est nature ma coiffure et mes mèches

Volent au vent de la renaissance.

 

J’avais envie de passer à la postérité

Qu’on me croque sur la toile

Que l’on n’oublie de le faire avec les grandes dents de la mer dévoreuse

Que l’on me fête

Que l’on m’admire

Que l’on ait envie de danser autour de mon tronc

Rouge

Comme le sang de la forêt qui a trop coulé

Qui coule de nos jours

Encore plus frais

Encore plus vrai

Même que nos cris restent sourds

Que les promeneurs ne savent pas

Qu’ils marchent sur des ruisseaux de sangs

De sangs mêlés entremêlés si bien mêlés

Que ça les sauve malgré eux

Leurs veines s’associent sous cette terre-mère aimée

(Notre mère il ne faut pas l’oublier)

Ils se mêlent pour renouveler la vie

La vie de la forêt

La vie des songes dans les yeux des lucioles

Que l’oiseau ne perde jamais, non, jamais

La branche qui le protège

Le feuillage qui le cache

La canopée qui lui permet de voir au-delà :

Ça les arbres, c’est à nous de le fournir

Personne, non, personne

Ne nous enlèvera cette joie

Cette tâche noble

Cette utile occupation.

 

Alors, fêtez-nous en nous admirant sur le papier

Dans les musées

Quand, sur pieds

Nous ne sommes bientôt plus.

 

Je veux rougir le mur de ma pensée critique

Je veux vous envoyer mes paroles sous ma toison débraillée :

Qu’elle rugisse ma voix rouge !

Qu’ils flambent mes mots !

Je serais celui par qui le scandale poétique arrive

Car je crierais de gros mots de marchande de poissons

Comme pour la vendre chère la morue de ma forêt défunte.

 

Carole Radureau (05/12/2021)

 

L’arbre rouge de Piet Mondrian, 1908/1910

Par Piet Mondrian — Source inconnue, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=37629457

Par Piet Mondrian — Source inconnue, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=37629457

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A
Hou, ce poème est aussi fougueux et échevelé que ce bel arbre. Une flamme l'anime, c'est celle de l'inspiration.
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C
C'est vrai, tu as deviné, je ne sais pas si c'est la chevelure ou la couleur, toujours est-il que je me suis laissée porter.