Je suis mort ! Dit l’arbre
Publié le 27 Octobre 2021
Je suis mort !
Et peut-être, vous ne me croirez pas.
Loin d’être couché
Sur le sol
Comme tout être mort
Ma nature à moi
Me conseille de rester debout
Face à l’adversité
Et voici mes bois
Fiers comme des andouillers
Qui propagent leur soie
Au-delà des frontières
Et l’on n'entend presque mon cri de rut
Rebondir sur des troncs
Pas très vivants, non plus,
Pas très vaillants, non plus,
Impermanence des choses
Je suis mort !
Et nul doute, vous pleurerez, l’apprenant
C’est que je n’y vais pas de main morte
Aussi crûment, l’annonçant
Ma vie était ce qu’elle fut
Et j’y croyais
Jusqu’à la fin
Seulement, moi, l’arbre, la fin
Je ne la savais pas possible
Aussi
Je ne m’en souciais pas
Pourtant ça me fait tout drôle
Ne plus sentir la fourmi dans mon tronc
Ne plus être admiré et choisi pour ma force
Par les oiseaux
Mon ego prend l’air
A présent je ne suis choisi
Qu’en perchoir
Comme un truc que l’on achète pour mettre dans une cage
Pour que la perruche se prenne pour une acrobate de cirque
Ça me fait bizarre
Le calme a envahi mon bois
Nul picotement arrive jusqu’à mes bois
Je ne suis même plus antenne
Je me laisse peu à peu envahir
Ah ! comme j’ai hâte qu’on me recouvre
De vert, vert comme je t’aime vert
Vert ramage, vert plumage, vert comme la vie
Vers qui je me tournais et qui m’a fui
Mais pourquoi donc ?
Mais pourquoi donc ?
Sortez de terre mes petits rejets
Que les larmes qui semblent encore vivantes
Dans l’extrémité de mes cernes
Ne jaillissent
Que d’écrire de vous écrire ainsi
Je me suis mis le bourdon
Je suis mort !
Disais-je
Vive moi !!
Carole Radureau (27/10/2021)
Inspirée par cette photo de Serge