Le chemin
Publié le 3 Septembre 2021
……campagne magnanvilloise…….
« L’homme moderne a trouvé tout façonnés les chemins de ses champs. Mais il administre sans clairvoyance ce legs d’un passé inconnu. Il ne s’est jamais rendu compte de l’antiquité de ces fidèles voie qui le conduisent et le ramènent quotidiennement des foyers où il repose vers les tâches où il peine. »
Gaston Roupnel, Histoire de la campagne française
La poésie, elle
Suspecte le chemin d’avoir
A dire
De multiples choses :
Souvenirs de l’histoire, pas pressés, pas empressés,
Pas qui jurent
Pas qui fuient
Pas qui reviennent la queue entre les pattes
Et sur lui se sont écrites des épopées
Que la poésie n’ignore pas
Le chemin c’est la jolie entrée
Vers le début des rêves
C’est l’aventure avec un grand V
Le début d’un tout
Il emmène, avec le vent
La force tellurique cachée en chaque être
Pour le mener
Comme un rapace
Sur l’aire du repos tant attendu
Le chemin mènerait-il
Vers une sorte de paix
Que les hommes
Inconsciemment
Recherchent empruntant pas à pas
Des chemins
Parfois défendus ?
Le chemin est un complice
Il déroule sous nos pieds son histoire
Comme un serpent amical
Sur lequel aiment danser nos pas de deux
Nous frôlons plus que nous enfonçons nos pieds
Dans sa fibre de chemin confondu
Suivant les ornières ces vilaines blessures
Déposées, creusées, implantées, imposées
A sa chair par les engins mécaniques
Le marcheur est partagé comme le chemin
3 voies s’offrent à lui
L’ornière gauche
L’ornière droite
La bande du milieu qui semble plus sincère
Mais sur laquelle bien souvent l’herbe a repris le dessus
C’est celle-ci que je préfère
Parfois elle se rétrécit et oblige le chemineau
A plonger ses pas dans l’ornière
Mais cette ornière nous blesse nous inflige
La force avec laquelle fut assénée au fil du temps
Son creusement comme une empreinte, un sillon
Qui veut déterminer les lieux
Indiquer sa marque de propriétaire du chemin :
Quoi ? Le chemin ne serait que pour ceux qui l’empruntent avec la force de la modernité ?
Le tracteur la moissonneuse le quad la moto le 4X4
Polluant vrombissant poussiérant la campagne
Comme autant de vilaines bêtes affairées à mettre leur sceau
Sur quelque chose qui ne leur appartient pas
Le chemin se révolte
Il jette parfois en plein milieu le caillou qui fait déraper
Inonde ses ornières pour sur les roues
Eclabousser les jantes salir les bottes maculer
Qu’importe !
Nous retrouverons tous ceux-ci à la laverie
Une autre forme de pollution existe
Pour ceux qui ont le culte de la propreté
L’eau ne coûte rien pour lessiver des jantes
Le chemin, lui n’en a cure
Il a pris la poésie à bras le corps
Pour lui dire à l’oreille tout ceci
Que voici
En petite nature campagnarde
Avec des rêves de nature enfuie
Enfouie
Mais pas sous le chemin :
Lui il sait préserver son domaine
La preuve sur ses bas côtés
Toujours, demeure un herbier.
Carole Radureau (03/09/2021)