La mémoire des châtaigniers

Publié le 11 Novembre 2020

 

La vie d’un arbre vaut-elle la vie d’un homme

Vaut-elle la vie d’un arbre, hein ?

Je suis l’arbre qui dessine le monde

Le monde nouveau

Celui où la vie de l’arbre

Vaut la vie de l’homme.

 

Eh oui autrefois ne valait guère

Non plus la vie de l’homme

Moi qui vous parle du haut de mes 500 balais

Et quelques poussières mal placées

J’en ai vu des ans et des nuées

Des mauvais temps et des disettes

Des risettes et des espérances

Pour l’homme mais aussi

Pour l’arbre.

 

On pense à nous quand nous sommes sur le point de tous disparaître

Peu importe notre tour de taille

Rien ne les arrête, les hommes, les mauvais hommes

Ceux qui ne pensent que destruction

Des robots mangeurs d’arbres ils ont pu créer

Imaginez, cela, arbres, vieux arbres de nos contrées

Juste fiers

Chaque année

De rendre au sol des kilos de châtaignes veloutées

L’homme, le grand homme avec sa machine mangeuse de forêt

Avec ses satellites et tous ses espions

Même pas foutu

Sur une planète de trouver un remède pour un petit virus

 

Je vous dis ça de ma hauteur

Je ne suis pas scientifique

Sceptique tout au plus face aux grandes salades des hommes

C’est qu’ici pour me détrôner il en faudra plus d’une

De machine mangeuse d’arbres

J’ai su me déboubler, devenir ville, canopée

Passage secret et de mon tronc creux

Se vivent mille vies toutes utiles à cette terre

 

Ici dorment les souvenirs de mes confrères

Des souches de mémoire dont les hommes aiment parfois

Trouver des images des ressemblances des symboles

C’est qu’ils ont besoin les hommes, les sympathiques,

Les sympathisants de notre peuple

De trouver des réponses aux questions existentielles qu’ils se posent

Evidemment

On ne pourrait être optimistes

C’est que les cycles se succèdent et peu de ceux-là sont positifs

C’est à n’y rien comprendre pour celui qui n’a pas étudié la pleine conscience

Moi l’arbre, très vieux et très sage

Je connais la pleine conscience et la méditation

C’est ce qui me tient en vie de tout là-haut je regarde le monde

Comme il ne va pas mais je n’en fait pas un problème, non

Je suis un arbre pragmatique, un qui vit chaque instant comme le dernier

Sait en profiter

 

Je lâche mes fruits sur un papier de velours et le buvard de leur chute

Tinte en mes veines comme une cumbia sans précédent

Je rumine une à une des petites piques de la bogue

En songeant aux tangos voluptueux et rêvés des argentins

Et m’endort au son des claquettes, des castagnettes et des vibrations

Du flamenco

 

Je suis l’arbre pragmatique qui se pose sans cesse la question :

La vie d’un arbre vaut-elle la vie d’un homme

Vaut-elle la vie d’un arbre, hein ?

 

Carole Radureau (11/11/2020)

Merci Serge pour le lien vers la chaîne, je crois que j'ai trouvé le châtaignier

 

Rédigé par caro et hobo

Publié dans #L'arbre qui fait parler de lui

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A
Il fut un temps où la vie d'un arbre nourricier n'avait pas de prix, mais de nos jours avec l'abondance de tout, obtenue si facilement...
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C
Je crois que le monde civilisé a perdu la base de toute vie. La consommation est la règle et tout se consomme, même la décence et la qualité de vie. On fait des choix non réfléchis, on a perdu le sens du sacré, dans le sens de l'appartenance à un grand tout, chacun au même niveau et s'il est vrai que pour que certains puissent vivre, d'autres doivent mourir, il est vrai aussi et cet essentiel-là n'existe pas dans nos sociétés, que celui qui doit mourir mérite respect et reconnaissance. On s'en bat les steaks comme qui dirait mes anciens collègues de tout ceci. Arbre, plante, eau, animal, air.....tout ceci qui mérite un merci et que l'on souille et détruit comme ça, sans sourciller.