Droguiste
Publié le 14 Novembre 2020
Tu vois dans la nature
Tout ce qu’il y a, c’est à toi
Mais sache t’en servir !!
Il ne suffit pas de cueillir, de collecter
Il faut savoir entreprendre, interroger, écouter et
Comprendre
Car ce qu’il y a derrière l’offre
C’est une richesse.
Il faut savoir la lire la nature
Il faut savoir l’entendre la sève
Il faut savoir s’en rappeler des vertus
Car leur connaissance
Au-delà des siècles et des transmissions (orales)
Elles coutèrent des vies.
Ce n’est pas tombé comme ça dans l’escarcelle
Du savoir
Ce n’est pas un petit aperçu, non
C’est une grande œuvre, l’œuvre de la vie
Mettant à disposition
Sa pharmacie, sa pharmacopée
La grande pharmacie de la terre-mère.
Et je suis convaincue
En accord avec moi et moi
Que sur cette terre-mère il existe toutes les réponses aux questions
Que sur cette terre-mère il existe tous les remèdes à tous les maux
Suffit de savoir trouver mais avant toute chose
Suffit de savoir parler et discuter
Entendre, communiquer et comprendre
Se serrer la main, se partager le pouls
Se donner quelques brins de cœur et d’âme
Un respect et puis tout à coup
L’étincelle est là !
C’est une étincelle non nouvelle
C’est une énergie
Elle est arrivée là non par magie :
Par connexion.
C’est ainsi que certains êtres savent et d’autres non.
C’est ainsi que je le dis et pourtant je n’en sais rien :
Pas obligés de me croire
Pas obligés de me suivre
D’autres sont là ont leurs remèdes.
Moi, droguiste, c’était ma vocation.
Connaître les drogues, leurs pouvoirs, parler avec toutes les plantes
Entendre leurs complaintes
Relever leurs conseils
Ensuite fabriquer, effeuiller, concentrer, expérimenter
Dans sa petite fabrique de drogues
Toujours savoir trouver le bon remède
Ce n’est pas soigner, c’est poétiser
En une infusion remettre tout en question
En une fusion connaître l’algèbre de la terre
La petite culotte d’argent des étoiles
Les filaments terreux des astres
La cornemuse des océans.
Le millepertuis un jour m’a dit
Prends- de moi ma chair ferme
C’est un miracle qui s’ensuit
Quand ton mental se tait.
La bourrache un jour m’a fait comprendre
Sans elle qui pique qui peut surprendre
Pas d’hiver tranquille
La toux peut s’installer.
La pimprenelle un matin m’a fait un croche-pied
C’était à l’orée du bois
Elle voulait venir chez moi
Dans ma pharmacopée, souvenir d’autrefois.
Le tilleul m’a fait les yeux doux
Il voulait grandir voulait recouvrir
De tous ses atouts
Nos vies.
L’hysope, l’arquebuse et la sauge
Ont hissé haut leurs drapeaux aromatiques
C’est pour que dansent les abeilles
Que le sirop soit doux en novembre.
La fougère est ma préférée pourtant
Je n’oserais pas l’entreprendre
C’est qu’elle a le cœur tendre, ma mie
La félicité à bout de bras.
Je ne pouvais plus attendre
Mes tempes battent la chamade des simples
Je ne sais pas soigner mais convaincre peut-être
De leurs vertus.
Mes amies sont sincères
J’en suis convaincue
Jamais elles ne tirent dans le dos
Ni ne jurent malgré elles, à tout propos
D’être et d’avoir le bon remède.
Carole Radureau (14/11/2020)
(Photo de Serge)