Au journal des bonnes nouvelles
Publié le 29 Novembre 2020
Au journal des bonnes nouvelles
Je dirais : Tout va bien !
Que ne vont-ils pas trouver
Pour nous coller un cafard d’enfer ?
Un cafard tout troué dans lequel prennent l’air
Sales et polluées les infos délavées
Tronquées, démentes, fausses parfois,
Désespérantes, sempiternellement dégoûtantes.
C’est qu’ils tiennent leur boutique avec le marché de la merde
La fabrique à dépression
Chaque jour ton pain quotidien
Je sens parfois qu’ils sont inquiets
Certain jour il n’y aurait presque pas de petite misère à se mettre sous la dent
En faire un drame
Que ça pleure dans les chaumières.
Que ne vont-ils pas trouver dans les poubelles de la vie
Au milieu des miasmes des détritus des relents de désinfectants
Pour irriguer nos oreilles chastes du bon pain quotidien de satisfaction des egos ?
Comme tout va mal !
Que s’en est réjouissant pour notre fond de commerce
Car soyez-en sûr le bonheur ne fait jamais recette
Il ne vaut pas une sucette ni un sucre d’orge
Mieux vaut ne pas l’évoquer.
Un gros titre qui fait tilt
C’est un numéro de gagné
Et puis le contenu c’est du vomi dégobillé la veille
Peu importe, ça marche
Ils y reviennent, ils y reviennent !!
Moi je vois le ciel bleu dans la tempête
Je vois la gorge rouge qui s’égaie sur la poitrine de Georges
Je vois la vie qui s’affaire sans demander son reste
Dans son petit quotidien et tout va bien
Je ne sais pas comment eux font pour déchiffrer tant de sensas misères misérablement misérables
Je crois que la beauté n’est accessible qu’à certains yeux
Ceux qui ont encore leur vision d’enfant
Un coussin péteur sous chaque fesse
Car pour voir le bonheur
Il faut savoir le voir
Avant tout savoir qu’il existe.
Au milieu de la tempête,
Dans le grand chambardement
Je vois Georges avec son écharpe rouge
Qui porte au bout de son bec le bonheur
De vivre, oui, de vivre car vivre c’est beau
L’oublier c’est déjà un peu mourir
Et mourir, les autres, c’est leur gagne-pain.
Sur la montagne de détritus
Le journal a fait son nid qui chaque jour laisse
Echapper
Des milliers d’asticots grassouillets :
Au turbin, au turbin !!
Dans vos paniers ramenez-plein de mauvaises nouvelles
Même pas vérifiées, c’est pas grave, on fera un montage
Il faut chaque jour repeindre en noir le quotidien
Car la lumière ça fait tâche et surtout
Ça ne vend pas.
Carole Radureau (28/11/2020)