Le nuage qui voulait admirer les fleurs
Publié le 26 Septembre 2020
Il était fatigué d’habiller le ciel
D’aller et venir
Lentement et sûrement
D’un côté à l’autre de cet infini.
Le ciel, mais
Il était sans cesse le même
Peu de vagues
Peu de variété ci ce n’est
Le trafic créatif des nuages, le grand chambardement de masse.
Lui, son rêve
C’était de descendre le long du tronc de l’arbre-monde-échelle
Pour poser son pied de rien du tout
Sur cette terre là, en bas
Avec ses couleurs, ses parfums, ses aventures, sa vie en mouvement
Lui, il voulait admirer les fleurs.
De son strapontin
Il voyait bien des taches vives
Comme des smarties libérés et curieux
Sur un fond vert, très vert
Dans de petites parcelles délimitées.
Il savait que c’étaient des fleurs les smarties
On l’avait enseigné, il était instruit
Mais jamais au grand jamais
Il n’était descendu si bas pour admirer
Les fleurs.
Il désirait plus que tout
Se jucher sur l’une d’elles
Se déguiser en invisible
En sucre éphémère, en abeille,
En lutin, en barbapapa
Pour faire la bise au zinnia.
Le zinnia lui parlait depuis son au-delà
Le narguait, le snobait, le draguait, oui
Lui, le nuage débonnaire sentimentalement mal dégrossi
Il n’en pouvait plus
Son histoire d’amour lui pesait
Il voulait l’accomplir.
Un matin je me levais faisant mon tour de jardin
Un spectacle étrange en mon âme
Me mit au diapason
Le zinnia celui couleur d’amarante
Au sommet de son cœur développé
Sa petite colline enserrée d’une couronne d’étoiles d’or
Avait un soupçon de nuage
Rivé, enlacé, comme posé délicatement :
Mouchoir au cœur/
Sucre au-delà du rêve/
Amour en robe d’autrefois/
Fécondité terre et air :
Message du poème :
Fruit de demain.
Carole Radureau (26/09/2020)