Poème pour Ishi le dernier des Yahi

Publié le 21 Août 2020

Par Auteur inconnu — Online Archive of California, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=8986654

 

Ishi c’est le nom qu’ils t’ont donné

Tes amis blancs à la fin de ta vie

Car comme tous les indiens tu ne voulais pas dire ton nom.

 

Ishi le dernier indien « sauvage » d’Amérique du nord

Une histoire très triste

L’histoire d’une fin

La fin d’un peuple, la fin d’un monde :

Le premier monde.

 

Ta vie à l’état de nature composée de fuites et de peur

Survivant des massacres de la main des civils

Des milices, des propriétaires terriens

Toi et tes proches (5 en tout et pour tout)

Vous avez dû vivre cachés sur votre territoire rétréci

Pillé

Où la moindre petite cache pouvait être observée par les intrus

Pendant 30 ans.

 

Champion de la vie sauvage

Ishi comme un témoignage vivant

Rejoint un jour n’en pouvant plus de la solitude

Le monde des blancs

Il n’a plus de choix

Il doit se rendre avec la peur au ventre à ce peuple

Qui a détruit le sien :

S’en remettre à lui.

 

Et là, Ishi devient centre d’intérêt

Ce n’est plus le même intérêt qui poussa ces mêmes gens à détruire son peuple jusqu’au dernier

La peur avait changé de camp

On se presse on veut tout savoir de lui

On l’enferme tout d’abord dans la prison

Pour le « protéger »

C’est ensuite tout naturellement qu’il finit au musée

Car ceux qui veulent s’occuper de lui sont forcément

Anthropologues, chercheurs, savants (donnons-leur un cierge).

 

Ishi au musée de son vivant

Ishi dont la maison qu’il aimera de son vivant

Est un musée

Au milieu des ossements des objets coutumiers des traces du passé

Pillées par les colons

Seules traces de ces vies qui peuplèrent la région (nous sommes à San Francisco, Californie dans les années 1910)

C’est un clin d’œil du destin cynique et cruel qui pourtant

Ne déplut pas à Ishi car dans cette vie-là

De courte durée

On prit soin de lui.

 

Et c’est tout naturellement qu’il se plia à toutes les expériences

Ishi le sauvage si bien élevé, si prévenant, si à cheval sur les règles

Etait un exemple et chacun le respectait

Il a donné de lui et de son peuple perdu tout ce qu’il pouvait donner

Y compris les derniers vestiges de sa langue unique

Une langue dans laquelle des versions féminines et masculines existaient

Ishi s’est plié à tout cela

Non pas qu’il avait en lui une culture du devoir de mémoire

Non, Ishi jamais n’avait été à l’école

Il avait compris instinctivement qu’il se devait de laisser ce témoignage

Unique témoignage d’un peuple fort et fier

Guerrier et téméraire

Dernier peuple combatif californien.

 

Il fut heureux ces 5 années-là

Il s’adapta pour le mieux à sa nouvelle vie

Seulement ces nouveaux amis dont l’un était docteur

Ne surent pas évaluer les risques qu’ils lui firent courir en l’exposant

Aux foules, aux gens, aux sorties dans la ville

Ishi n’avait jamais eu de maladies de sa vie

Il était extrêmement sain et le choc bactériologique des premiers contacts

Ne me semble pas être inconnu des savants de cette époque-là

Ishi a vite contracté la tuberculose

Sa vie en a été vite réduite

On peut penser : quel gâchis !

C’est ainsi que l’on doit penser

Ceci est encore une conséquence d’une autre forme de colonialisme.

 

On peut penser aussi que ses derniers amis n’ont pas eu le courage de respecter sa culture

Ses choix culturels à propos de la mort

Les Yahi sous-groupe des Yana incinèrent les morts

Les mettent ensuite sous un cairn dans un coin du chaparral

Ça les blancs ont su le faire à leur façon

Mais le corps en entier n’a pas été consumé

La science dans sa grande humanité s’est permis de garder son crâne :

Qui sait si l’âme d’Ishi n’erre pas encore dans ce musée de San Francisco ?

 

Il était fort

Il était doué

Il était doux et rougissait

Il n’avait connu pour toute vie que l’errance

Il lui fut interdit d’aimer (plus de femmes dans sa tribu)

D’être père

De vieillir comme un indien sur sa terre dans sa coutume

Entouré des siens

Il ne se plaignait pas

Il était humble comme le sont les peuples originaires

Un indien Sioux l’ayant un jour rencontré, observé rapidement mais finement

De lui

Avait dit :

« C’est un indien de grande lignée »

Son sourire reste à jamais pour ceux qui l’on découvert, l’on lu, le lisent encore

Apprennent son existence

Son sourire et son message universel

Qui échappe à toutes ces traces matérielles

Peu importe la barrière de la langue, peu importe l’histoire, ce qu’il en reste

C’est cette sensation de grande vibration énergétique

Au-delà du temps dans la nature sauvage

Ishi tu es, tu vis, tu transmets, tu nous enseignes, tu nous éclaires de ta présence.

 

Carole Radureau (21/08/2020)

 

Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Ishi

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