Echinacez-moi
Publié le 17 Juillet 2020
Echinacez-moi que cette rondeur de l’aube
à la surface de la terre
se terre en son œuf non accompli ;
Chardonnez-moi quand le bourdon par la chair,
étourdi
se laisse divaguer dans une volupté
certaine mais
non
dénuée de piquants ;
Coucourdez-moi comme cette jaune apparence
Cette carnation évidente du gratin promis
Quand la sécheresse glisse sur le cou équarris de l’été
Pour y glisser un cil d’espérance ;
Bignoniacez-moi à coups de trompettes par l’orangé
annoncées
Comme un glas inversé les clochettes de l’amour tintant
Pour la révélation de la nature en l’homme ;
Bégoniacez-moi car le rouge me va comme le poing
Au milieu d’une figure qui a outrepassé ses droits ;
Lauriez-moi et rayez-moi cette gloire éternelle du laurier
Car le laurier est rose et sa raie au milieu ne l’invite pas à tromper le monde
Au-delà du temps où son parfum dit avec surprise :
« Je suis capable de ça ! » ;
Zinniez-moi car cet orange me va comme un fruit accompli et le rire
Qui égaie le soir le gosier des chauves-souris
C’est comme un miel d’autrefois ;
Étonnez-moi avec ce promontoire à abeilles, bourdons et autres pollinisatrices
Venez mes complices vous vautrer dans ce champ tout trouvé
Cette délicate pelote d’aiguilles toute transpercée d’étamines !
Vous n’aimez pas ?
Trop cultivées, trop surfaites, trop proprettes ?
Je vous comprends mais comprenez qu’en ces temps plus que troublés
Les surfaites sont une petite compensation
En attendant les grands jours d’été prochains
Où la vivace tendra son gros cœur jaune
Et puis sa main.
Carole Radureau (12/07/2020)