Ma grand-mère aimait bien rimer
Publié le 9 Mars 2020
Ma grand-mère était gaie, souriante
Parfois joyeuse
Elle aimait siffler
Et puis sautiller dans l’allée de la serre
Elle avait cette apparente insouciance
Comme un masque devant ses proches
Un visage qui ne révélait jamais rien de soucieux
Comme savaient le faire nos anciens
Cette force qu’ils avaient de faire cela
Que nous, nous n’avons pas.
Ma grand-mère aimait bien rimer
Non, ne cherchez pas
Je n’ai été bercée par aucun poème
Lu, écrit ou chanté
En dehors des récitations d’Emile Verhaeren
Pourtant,
Ma grand-mère nous habituait
De temps à autres
Ecoutant les chansons à la radio
D’en finir les rimes
Comme un défi
Comme une gaieté dans son cœur
Ce cœur qui n’avait jamais pris le temps
De penser à lui
A elle, ma grand-mère
Ce cœur qui ne lui avait jamais tendu une perche
Ou un cahier dans un petit coin de la pièce
Pour y coucher des rimes et des vers
A elle.
Parce qu’elle en avait forcément
Tout le monde en a
Suffit de bien chercher
Suffit de se lancer
Suffit de faire confiance à la muse qui dans le stylo
Dort souvent comme une paresseuse.
On écoutait à la radio les chansons à la mode (à 2 balles il faut le dire)
Et d’un seul coup
Comme un petit pinson joyeux
Ma grand-mère rimait.
Et elle était heureuse
Contente d’elle
Et nous les enfants, on riait
Et on admirait.
Carole Radureau (09/03/2020)