La faute à pas d’chance (110 ans de la naissance de mon grand-père Pierre Kerhervé)

Publié le 7 Février 2020

La faute à pas d’chance

Cela me revenait ce matin

Comme pour défier le mal de tête

Etre à fond dans le moment présent.

 

J’écris un poème les oiseaux n’attendent pas :

La date du jour le 7 février :

Je compte 2020 – 1910 = 110 :

110 ans de ta naissance

Cela doit sembler si loin.

 

Pourtant si proches sont les souvenirs

Non pas de ceux qui font mal à traîner comme des boulets

Alors que….

Non, les bonnes choses, les bons mots

Les odeurs de crêpes et de beignets aux pommes

Les coups de gueule pendant le journal

Les leçons de vie.

 

Parce que la faute à pas d’chance c’était un mot-clé

Une façon de dire aux petits-enfants : ce n’est rien

Tu t’en remettras

Sans dramatiser pour eux ni pour lui-même

Car lui, la faute à pas d’chance il l’a bien connue.

 

Pourtant tant de choses faites

Une vie construite sur les ruines, la désolation de l’enfance

Une vie humble, droite et digne

Comme on en fait peu

Une vie dédiée aux autres.

 

Comment avais-tu fait pour avoir tant d’idéaux

Sans repères, sans mère, sans frères et sœurs

Sans racines ?

 

Comment avais-tu élaboré des règles de vie

Des règles simples et naturelles pas dans les normes d’aujourd’hui

On était en plein boom de la révolution industrielle

Après les guerres ce qui importait c’était que chacun mange à sa faim

Et puis les militants politiques étaient progressistes

Ils ne savaient pas que 50 ans après le progrès nous tuerait à petit feu.

 

Bien campé sur des idées humanistes, progressistes, de justice et d’égalité

Toute une vie à militer pour les ouvriers

La faute à pas d’chance avait mis ses douleurs dans sa poche

Et non son mouchoir

Pour avancer contre le vent, contre les peines, contre les peurs

Avec sa volonté de bien faire.

 

Je prends le positif je prends le nécessaire

Je garde en moi tout ce que j’ai appris

Quand il faut se dépouiller de l’essentiel

Avoir eu des habitudes de simplicité aide

Quand il faut avancer même si le chemin rétrécit

Avoir eu des exemples comme les miens aide.

 

Je me dis que 110 ans certains les vivent.

Je me dis comme ça doit être interminable.

Le temps n’est pas un problème quand on sait ce que l’on sait

Ta lumière vit dans l’un ou dans l’autre elle brille et je le sais

Quand on a aimé avec la pureté de son cœur

La lumière de nos êtres aimés accompagne nos pas

Pas un instant sans qu’une main ne se tende dans la tempête

Qu’un mot-clé ne surgisse dans le vent

Cela je le sais cela je le sens

Et toi qu’en dis-tu à présent ?

 

Carole Radureau (07/02/2020)

 

 

 

Rédigé par caro et hobo

Publié dans #La pierre d'hier

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H
Tes mots me font penser que l'amour est plus pur que l'eau de roche quand il est réciproque ...<br /> des mots clés il en est des faciles<br /> mais il en est un que ton Pierre devait tenir au chaud dans le creux de sa main :<br /> <br /> .LUTTER<br /> <br /> Lutter, puisque la vie est une âpre mêlée<br /> <br /> Où l’on se bat sans fin contre plus fort que soi,<br /> <br /> Et marcher le front haut sous la voûte étoilée<br /> <br /> Sans se décourager des coups que l’on reçoit.<br /> <br /> Lutter de tout son cœur et de toute son âme,<br /> <br /> Sur tous les points du globe, et par tous les moyens,<br /> <br /> Contre la renaissance et le retour de flamme<br /> <br /> De ce qui reste en nous de préjugés anciens.<br /> <br /> Lutter contre la peur, contre la maladie,<br /> <br /> Contre la profondeur de l’égoïsme humain,<br /> <br /> Contre la pauvreté d’un peuple qui mendie,<br /> <br /> Contre le désespoir, la misère et la faim.<br /> <br /> Lutter contre le joug des maîtres de la terre<br /> <br /> Masquant leur dictature en tapageurs discours ;<br /> <br /> Contre les trublions, les criminels de guerre,<br /> <br /> Aigles noirs de haut vol et répugnants vautours…<br /> <br /> Lutter contre les fous qui jouent à pigeon vole<br /> <br /> En jetant vers le ciel d’affreux engins de mort…<br /> <br /> Et, sans cesse assoiffés de gloire et d’auréoles,<br /> <br /> Enchaînant l’avenir au culte du veau d’or.<br /> <br /> Lutter pour le succès des causes généreuses,<br /> <br /> Pour l’idéal de paix dont on a la fierté,<br /> <br /> Pour le destin meilleur des plèbes douloureuses,<br /> <br /> Pour le bonheur du monde et pour la liberté.<br /> <br /> Lutter jusqu’à la fin du rève ou du poème<br /> <br /> Qui soutient notre cœur et l’enflamme en secret…<br /> <br /> Et quant on n’est plus rien que l’ombre de soi même,<br /> <br /> Sourire à la jeunesse et partir sans regret ! <br /> <br /> Eugène Bizeau<br /> <br /> Alors luttons, avec des mots volcans ou des mots solitude<br /> mais aussi des mots liberté et des mots sourire<br /> comme le font tes oiseaux et tes petits peuples<br /> comme le faisait ton Pierre<br /> et comme tu le fera
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C
Tu as raison Serge ce poème-là lui va comme un gant, il résume toute une vie comme il résume toute une vie de chaque militant qui n'envisage cette vie que dans cet objectif. Tu vois, quand on a perdu la rue, quand on a perdu les relations sociales, quand on a perdu tout ce qui semble essentiel à chaque être vivant, et que l'on veut malgré tout continuer à sa façon de dénoncer, d'informer, de défendre aussi, il faut s'adapter et les mots, la poésie, la langue, l'internet sont des forces utiles pour des gens comme moi. Non pas que je désespère qu'un jour je pourrais comme je le souhaitais distribuer mes poèmes en tracts dans les manifs, ou bien tout simplement je pourrais à nouveau sortir et avoir parfois des discussions engagées mais en attendant, sans me prendre la tête, j'écris et je partage. Tu peux me croire que lorsque même ceci chavire, je panique un peu mais je dois l'accepter pour ensuite rebondir quand ça va mieux. Je suis si heureuse d'avoir été dotée de mots..... bisous Serge et merci pour ton commentaire.
A
La faute à pas d'chance, je connais aussi, c'était la phrase de mon grand-père et de ma mère, une façon de faire entrer dans la tête des gamins que parfois il faut admettre les choses sans rouspéter.<br /> Un bel hommage fort et émouvant que tu rends à ton grand-père, quel dommage qu'il ne soit plus là pour voir ce qu'écrit sa petite-fille, il en serait très fier, autant que tu l'es de lui.
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C
C'était sans doute une expression qui était tendance à leur époque, souvent on croit que c'est local ou familial et ensuite en connaissant le monde on se rend compte que nous sommes nombreux à avoir des souvenirs en commun. Je ne sais pas s'il aurait apprécié la petite-fille poète mais pour les engagements que j'ai développés en suivant les siens et en les adaptant à mes idéaux propres et à l'époque, je pense que cela lui aurait plu. Je réalise que nous n'avons jamais pu parler de tout ceci ensemble puisque j'ai commencé à militer après son décès et que j'ai basé ce militantisme sur le devoir de mémoire. Je pense que nous aurions eu des points d'achoppement parce que mon grand-père était formé à l'école du parti à la mode stalinienne et que moi, je dois avoir un peu trop de noir dans mon engagement pour accepter ce que lui a accepté, mais je ne juge pas. Je respecte ce que chacun fait avec ses possibilités et la tendance du moment pour faire avancer les choses pour plus d'humanisme, plus de liberté, plus de justice, plus d'égalité et pour moi plus de reconnaissance de tout ce que je viens de dire pour la terre-mère et les peuples originaires, pour les espèces et pour tout ce qui vit (y compris les volcans, les montagnes, l'eau et les pierres).