Aigle
Publié le 27 Novembre 2019
Aigle
Oiseau amer, aigle froid,
épée des cordillères,
immobile en ton éternité,
dans les années indifférentes,
dans la pierre de l'agonie.
Aigle à plumes dures,
je connais ton langage noir,
la menace de tes cyclones
ta transparence sanguinaire,
tes griffes tachées de mort
et je sais que tu reviens vaincu
à tes montagnes de pierre et de neige,
au grand silence des Andes,
à la tour des épines.
La rose a continué à fleurir,
la source a recommencé
sa conversation de cristal :
les nouveaux nids ont été peuplés
par ordre du printemps,
le lièvre s'est répandu dans la mousse
pour mettre bas au crépuscule :
s'est terminée la clarté
de la lune, des étoiles,
comme les rivières d'un estuaire
et il n'y a que toi, dévoilé,
tu n'es ni né ni épanoui :
tu étais seul avec la nuit.
Pablo Neruda (Arte de pájaros) traduction carolita