Les oiseaux de Neruda
Publié le 23 Septembre 2019

Prince des airs el señor Condor
Déploie sa majestueuse voilure
Au-delà de la cordillère et du temps
Son vol puissant est une ode à la vie
Dont la neige couronne
Le repas de sang.


Un autre vol de multitude celui
De la colonie de tricahues
Eclat bleu
Eclat vert
Entre la selva et l’océan
Le plumage de l’oiseau est un portulan
Précieux
Irrigué par la chanson du vent.

La jolie loïca perchée sur la clôture
Avec sa rougeur confuse son petit lait
De grenadine
Elle est une citadine en habit de campagne
Un fruit posé
Délicat
Sur le penchant de la vie.

Sur le salar
Soleil couchant
Quand se reflète la silhouette
Du géant
Volcan
L’onde dessine de petites mares d’argent
Dans lesquelles
S’admirent
Les roses flamants.
Le flamant du Chili, c’est le plus joli
Il est moins tranché
Plus subtil en vérité
Son rose est délicat
Sa figure paisible
Il est une fleur du sel
Une rose saupoudrée.
Dans sa petite tenue du dimanche
La diuca revient du marché
Le rose aux joues
La tête remplie de recettes nouvelles.
Oiseau de la douceur quand la rigueur
Dessine sur le monde son hâle hostile
La diuca est une petite poésie du Chili.

Dans son petit nid
Dé à coudre
Le picaflor domine le monde
Tout chez lui est miniature
Sauf sa culture
Sa science
Est plus grande que le monde
Sa beauté est la perfection-même
Et son profil
Un cadeau.

Le choucao est le roi des bois
Son auréole rougeoyante est aux abois
Quand un collègue se pointe sur son territoire
Il défend bec et ongle sa parcelle
Il envoie de petites étincelles
Colériques et profondes
Comme la tranchée écarlate de sa livrée.
Le poète est un conteur de vie
Qui écrit et décrit en son âme
Son sentiment
Il est un transmetteur de sensations
Un enjoliveur de formules poétiques adaptées
Au ressenti profond du battement de la mère
Quand elle envoie à ses enfants
Tant de beautés.
Il sait regarder
Il sait sentir et ressentir
Il est toujours connecté
Il a le sens du moment présent.
Dans ses mots son autant de lueurs fugaces
Et éternelles pourtant
De ce dessin du monde
Croqué
Avec passion.
Le poète est un révélateur
Un qui montre du doigt
Avec des mots fleuris
Ou des mots très forts
La vérité.
Lire le poète
C’est s’éveiller à la vie
S’ouvrir comme une fleur toute neuve
Sur un jour nouveau
Essentiel
Unique.
Carole Radureau (23/09/2019)