L’opale messagère
Publié le 8 Juillet 2019
L’eau dévalait la pente de la cordillère
De toutes ses jambes
Larmes fuyant
Larmes s’évadant
Confuses
Et
Pressées
Dans tous les sens
Sur les sillons arides
Du visage triste de la quebrada.
De gros rouleaux de pierres
Sanglots
Etouffés
Cherchaient leur place
Dans la confusion de la gorge
Secrète.
Ils étaient lourds
Ils étaient vieux
Ils étaient comme étouffés par un poids
Millénaire
Comme une touffeur
Ecrasante.
Ils roulaient
Roulaient
Dans la gorge
Ne sachant que faire de leurs tonneaux
Ne sachant que faire d’autre
Que de fuir
De ne jamais revenir.
L’eau était pure
Et claire
L’eau lavait sur son passage
Toutes les impuretés
Tout le passé
Faisant place nette.
C’était une chute
Qui s’était échappée
De son écrin
Comme pour rejoindre quelqu’un
Comme pour se réunir.
D’un coup le soleil avait sourit
De toute ses dents
Lumière qui fuse comme un éclat
De diamant
Suivant chaque ridule
L’irriguant de lumière
Eclaboussant les demis soleils
Autour des yeux.
C’était une douce lueur
Jaune comme un poussin
Une première éclaboussure de jour
Encore frais.
Les larmes de la cordillère
Dans leur écrin de lumière
La buvaient à la paille de leur rime
Comme une vie nouvelle
Comme une évidence.
Le poisson d’argent du jour
Glissait dans cette évidence
Entre le liquide et l’aride
Entre le minéral et le solaire
Anguille à l’eau
Soumise
Et au soleil
Reconnaissante.
Carole Radureau (08/07/2019)
Par Andy Heidinger — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=73444855