Ode au faucon prisonnier

Par Keller Jo — U.S. Fish and Wildlife Service, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=363485

Je t’ai rencontré un jour
Dans ta prison
Mon cœur s’est serré
Comme un mouchoir que l’on presse
Dans sa poche
Pour y imprimer sa chair.

Entrée en contact avec toi
Expérience unique
Tes serres autour de mon bras
Comme une immensité soudain
M’enserrant dans son humanité.

La terre était ronde et ton œil
Aussi
La révélant à elle-même
Me révélant à moi-même
Tes ailes s’ouvrirent
Jamais une envergure aviaire aussi grande
Etait parvenue jusqu’à moi.

Je repense à toi, faucon
Ton sort était peu enviable
Ta liberté depuis longtemps
Certainement
Tronquée
Tu vivais mais pourquoi vivre
Enfermé
Sans jamais aspirer l’air par tes pores
Sensibles
Par tes ailes
Enflammées.

Il est des prisons qui unissent
Je me sens proche des prisonniers
Qu’ils soient sur deux jambes
Sur deux serres
Peu importe la prison
Elle donne une vérité
Qui se partage au-delà de ses murs.

Carole Radureau (29/05/2019)

Comments

[almanito]

Très poignant, on y croit au point qu'on se demande si c'est vrai, si tu as réellement fait cette rencontre tant tes impressions sont fortes et émouvantes!

[caro]

Oui c'est une rencontre réelle, un souvenir si l'on veut....pas très gai. Cela remonte à il y a très longtemps, un copain de mon oncle avait récupéré un faucon d'une fac il me semble, c'était un animal qui avait dû servir à des expériences , du moins à des démonstrations avec un but d'enseignement si je me souviens bien. Lui l'avait pris mais il ne pouvait pas le relâcher, je ne sais plus pourquoi, aussi l'enfermait-il dans un cabanon. Je ne t'explique pas la tristesse de ce lieu. Il m'y a emmenée, m'a posé le faucon sur le bras et cette sensation de puissance mais aussi de désespoir est restée en moi depuis. L'oiseau a ouvert ses ailes et je n'avais jamais vu quelque chose d'aussi grand, évidemment c'est relatif, je n'avais pas d'expérience des rapaces et dans cet espace contigu cela devait paraître plus grand. Voilà ce que je voulais en dire.