Vent dans les branches d’albizia, vent en moi
Publié le 15 Mars 2019
Albizia secoué comme un prunier
Chaque jour
Secoué
Balancé, saccadé, parole hachurée
Palmier aux frondes raccourcies par la bise
Palmier joyeux aux vertes feuilles / tendres salades de printemps
Pin noir d’Autriche
Géant ébranché par le sécateur humain
Pin qui se tord
Gémissant dans son poids/ ses innombrables aiguilles lourdes en soit
Poids prise au vent
Là-haut sur son faite la maison des tourterelles a froid
Prise au vent par les fenêtres de la canopée
Vent en moi qui frise le froid derrière la fenêtre
Tempête dans mon bénitier laïque
L’eau bénite est un fruit défendu
Trop froid
Aucune rédemption
Vent en moi qui compte et rime et versatiles en moi
Comme un flot
Tordu, rictus déshumanisé, tempête dans le monde réchauffé
Mais froid par-dedans
Le printemps pose ses ailes de pollen sur un feuillage aéré
Trop aéré / réchauffement climatique / signe des temps
Le printemps développe ses premiers soupçons
Accroché aux bras amaigris des nuages
Vent en corsage dégrafé
Je compte mes printemps
Plus de 50 à oublier de vivre
Maintenant le présent est là je vois le vent ici et maintenant
Je ne le sens pas je le respire à moitié
Derrière mes verres dégivrés de printemps
J’ai mis plus de 50 ans à vivre
Je ne savais pas ce qu’était vivre
Ce vent que l’on a mis dans ma tête
Ce vent-de-vivre trompeur et fugace ce vent-du-temps passé et avenir
Ce faux-vent libéré de présent
J’ai mis plus de 50 ans à vivre
Et je vis ici et maintenant en dedans
Dans mon intérieur
Avec le vaisseau de la vie qui tangue derrière la fenêtre
Mais je vis intensément
Avec ce que je sais
Avec ce que j’ai appris
Avec mon acceptation de ce qu’est ma vie (mes conditions de vie)
Jours venteux
Attendent jours meilleurs
A la température meilleure
Car le vent peut-être chaleureux / réchauffement climatique / vent du présent
Et je vis
Pour beaucoup ce n’est qu’une demi-vie
C’est ma vie intense secouée par l’intensité de ce que je vis
Sans chercher où mène le pas posé
Il mène quelque part mais c’est sans importance
Sans savoir d’où vient le pas que je pose
Il vient de quelque part mais c’est sans importance
Le pas posé c’est la force de la proposition
C’est la force pure comme le vent pur qui se dit : « je souffle » et après ?
Le pas posé c’est le début d’un tout
Une forteresse
Un phare
Une éolienne à l’ancienne
Une toupie
Un pas de deux
Mais non un précipice
La vie ici maintenant me dit :
Le précipice c’est le passé
Le précipice c’est le futur
Le vent souffle et l’albizia se plie sous sa caresse virile
Le vent s’emballe et le palmier est un fruit défendu par l’aurore des moineaux
Le vent souffle et le pin aux tourterelles n’est qu’un phare à demi-mot
Le vent souffle et l’air est en moi comme un mot d’aujourd’hui
Un mot nouveau.
Carole Radureau (15/03/2019)