Chanie Wenjack ou la dernière fugue

Publié le 4 Novembre 2017

Petite vie sans lendemain
Ta mort aura réveillé les brumes
Eclairé un chemin parsemé d’aiguilles
Des lames de rasoir en guise de lèvres
Pour crier à la nuit
Pour révéler l’horreur

Chanie Wenjack
La clé des champs était rouillée
Quand dans le froid
Quand dans la faim
La mort dans sa terrible sentence
T’as pris sur le bord du chemin

Tu voyais s’éloigner Cecilia Jeffrey
Le pensionnat dans lequel
Avec tes camarades tu vivais
Enfermé et soumis aux diktats dominants
Tu voyais s’approcher
Lueur d’espoir promesse de liberté
Marten Falls, la réserve, la famille, le clan :
Anishinaabe fils de l’Ontario
Cueilli par la vie, fauché par la mort
Dans sa 12e année

Petite vie, étoile éphémère
Comme pour allumer le ciel
De ta fulgurance
Ton périple, ton ultime fugue révéla
Au monde
La terrible condition
Celle des pensionnats autochtones :
On pouvait tout vous faire
Coquelicots originaires
Fleurs ensanglantées aux rives du passé
On pouvait vous faire subir
Les vices les plus cachés
Cachés comme vous l’étiez
Innocents, oubliés, exilés, sans avenir

Les rouges sanglots fugueurs
Les lendemains sans peur
Les réconciliations et puis les pardons
N’effaceront jamais la peine la souillure
La crainte et l’abandon
Peuples fiers peuples libres
Enchaînés décimés broyés par la colonisation
Criez encore criez toujours
Survivez soyez renaissez
Afin que votre passé soit un solide fleuron
Fleuron de l’avenir fertilisant les territoires
Pérennisant toujours les terres originaires
Fleuron qui érige bien plus haut que les nuages
Les fleurs sacrées de la reconnaissance.

Carole Radureau (04/11/2017)

Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Lance-pierre

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article