Et si la pierre était taillée ?
Publié le 4 Janvier 2015
Je pose mes mains sur les sentiers du désir
Caressant les aspérités profondes
Je viens cueillir les fruits
Dans les entrailles minérales
Comme un lynx bleu, j’apprends
Au rythme patient de la boucharde, j’apprends
L’art du trait fait naitre le mascara
Les promesses ouvrent leurs paupières
Comme un lynx bleu, j’apprends
Avec la rigueur du ciseau, j’apprends
La géométrie de l’équilibre exhale
Une sérénade d’acacia
Comme un lynx bleu, j’écoute
Au chant de la gradine, j’écoute
L’indicible rêve des améthystes
Et le doux souffle des pierres
Comme un lynx bleu,
J’apprends les secrets du silence et du temps
Hobo- Lullaby
Dans l’air résonnent et tintent
Les sons de cloche des marteaux
Qui tapent en cœur en duo
Sur le bloc de pierre dégagée.
Dans la forêt de bois feuillus
Dans la futaie bien à l’affût
Les hommes ont entrepris le liais
Taillant son grain fin plein et régulier.
D’une main, la pointerolle
Fixe la grosse masse un peu folle
Et de l’autre la massette s’applique
Dans un geste digne du lac des cygnes.
Pour rendre le trait bien précis
La gouge se fait une amie
Et sculpte sculpte le portrait choisi
Le plus beau ou bien le plus laid.
Car pour être gargouille
Point de mode à suivre
Une bonne pierre dure résistante à l’eau
Quelques traits grossiers
Tirés au cordeau
Et voilà le travail
Que les monstres les diables entraînent
Avec eux et leurs vents mauvais.
La gargouille tend sa bouille
Elle veut se vendre et non s’offrir
Dans la cour ou sur la façade
Ses jours elle va finir.
J’ai sculpté la tronche de travers
D’un président au pouvoir surfait
Nul doute qu’il fera fuir les corbeaux
Puis les mauvaises ondes s’il le faut.
J’ai sculpté la plus belle des offrandes
Dans la pierre qui est loin d’être tendre
Mais moi la tendresse j’en ai plus qu’il ne faut
Alors qu’une gargouille…….
Carole Radureau (20/12/2014)