Chemins de traverse
Publié le 14 Juillet 2014
J'ai déserté les grandes routes, quitté les chemins trop usés
J'ai vomi toutes les vraisemblances qui n'effleurent pas la vérité
J'ai pris une sente en pente douce imitant le plaisant ruisseau
Où de vieux arbres aux larges doigts désignaient une pluie d'oiseaux
Si l'horizon n'est pas boussole, la mer n'est pas immensité
Mais il est vain et on se désole de ne jamais rien y trouver
Par la bonté d'un rossignol, j'ai obéi à mes souliers
Et suivi cette pente folle qui mène vers la réalité
Indifférent de ces boutasses où stagne le peuple des tritons
J'ai mis mon cœur sur les audaces d'un acacia un peu fripon
Je traverse les nuits en roulotte, guidé par le tût d'un crapaud
Et je peints au cri des hulottes un ciel où brille mille falots
La senteur des fougères suspend mon âme au clair de lune
La pluie dessine des ravines laissant son trident à Neptune
La nature guide mes errances, m'offrant son objectivité
Quand c'est la route qui avance, elle mène vers la liberté
La destinée de tous les hommes ne sera pas celle des moutons
S'ils piétinent les obédiences et la loi du qu'en-dira-t-on
Le visage des fleurs
Dans le jardin de mon cœur
Des belles sourient à la lune
Sans souci sans fard ni pleur
Elles n’ont jamais d’amertume
Une rose aux cent pétales
Me dit bonjour comment vas-tu
Sais-tu qu’aujourd’hui est d’opale
Le soleil qui croque sa part de vertu ?
Dans la lande par le vent balayée
La bruyère rosit de toute son ardeur
Elle a soif de territoire gagné
Sur l’ajonc au visage de terreur
La digitale rigole de toutes ses clochettes
On ne voit que sa silhouette élancée
Dans la lande percée du cri des mouettes
Elle est belle sous les rayons courbée
Le genêt ardéchois d’un clignement d’yeux
Me dit : dépêches-toi la montagne est belle
Mais ma floraison ne dure que si peu
Viens vite humer mon parfum-naturel
La lavande des plateaux a une bouille de contrebande
Elle sait que ses fleurettes attirent les abeilles
Et cent pour cent de son offrande
Est faite en ourlant ses étamines-de-miel
Ma pierre d’opale en son visage de clair de lune
Telle une fleur me parle de mise au vert
Je la crois car en son croissant blanc- de- plume
La raison s’accroche tel un écueil sur la mer
Le visage des fleurs jamais n’est triste
Il égaie mes pensées souvent sombres
Le visage de la pierre ne se trompe pas de piste
Quand elle me fait trébucher dans l’ombre
Arrête-toi me disent-elles
Prends le temps de respirer de flâner
Range ta jupe aux couleurs de rebelle
Et écris le poème des fleurs de l’amitié.