Soutien à Georges Ibrahim Abdallah
Publié le 2 Janvier 2014
Les ministres et les juges ont gravés des rayures
Dans l’oubli des cachots et ses rêves d’Antigue
Sur un cèdre courbé aux blanches tavelures
Qui chantonne le temps, les cerises et les figues
Dans les silences de Sabra et Chatila
Il est des murs à la mémoire ensanglantée
Des rues où soudain la terreur résonna
Où le fantôme d’Oradour sembla déambuler
Il n’est de résistant que celui qui se dresse
Repousse la barbarie dans une colère de larmes
Il n’est de sentiment pire que la détresse
De rempart plus terrible que de prendre les armes
Et c’est suivant le lieu, l’époque et les vainqueurs
Que vos cendres reposent tranquilles au panthéon
Et c’est suivant le vœu des grands inquisiteurs
Que vos os croupissent au fond d’une prison
La justice est un mot aux allures de mensonge
Quand l’oncle d’Amérique intime ses vassaux
Le pantin de Beauvau la souffrance prolonge
Jetant le droit des hommes au fond du caniveau
Hobo Lullaby
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Elle brûle toujours
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La flamme avait vécu.
Née d’une étincelle de pyrite
Elle en avait le germe minéral
difficile à éteindre.
Un jour, elle avait débordé
le feu de camp
cerclé de silex éduqués
puis s’en était allée
diffusant son ardent incendie
sur les terres
par les chiens gardés.
Elle se propageait
tel un feu de broussailles
alimenté par la bise populaire.
Elle avait trop brillé.
Trop brûlé pour certains.
Capturée,
on la plongea
dans une cage de pierre.
Sa lueur y serait moins prospère
et dans l’ombre trente années
elle brilla
juste pour les initiés.
La servitude des puissants
de crainte de se brûler,
de périr dans les flammes de l’enfer,
autour d’elle
avait érigé des barreaux
d’un fer ignifugé.
Rien n’y faisait.
Ni l’aigle volontaire
formé en bataillon,
ni la colère solidaire
ancrée ferme et bon,
ni les lois nécessaires
privées de leur raison.
Peut-être une allumette tête tendue
entre deux barreaux
pour y cueillir la flamme
la rendre à sa liberté
était-elle l’unique solution ?
Elle avait mérité
de se consumer enfin sur ses terres
au milieu des figuiers parfumés
et des jasmins de la patience
qui attendaient son retour
comme on attend
celui du feu prodigue.